mardi 25 décembre 2012

Joyeuses fêtes

Nous vous souhaitons à tous des très joyeuses fêtes, emplies de lecture et de découvertes. Le blog est en pause pendant les vacances le temps pour nous de manger, de nous remettre de nos excès et de préparer les chroniques à venir.




Et pour se mettre un peu dans l'ambiance, un joli chant de Noël un brin... revisité.



jeudi 20 décembre 2012

Morts, dents, lames, hommage à la violence.

Anecdote : J'ai attendu durant de longs mois de pouvoir lire enfin cette anthologie. Alors, quand l'un de mes amis m'a dit que je pouvais l'avoir en avant-première pour la chroniquer, je me suis jetée dessus sans hésiter.

Titre : Morts dents lames, hommage à la violence.



 




 Anthologie dirigée par : Pénélope Labruyère-Snozzi


Auteurs :
Olivier Caruso, Rébecca Borakovsk, Mathieu Rivero, Christian Janone, Nolween Eawy, Lilian Bezard, Yves-Daniel Crouzet,Clémence Rochat, Siana,Vincent de Roche-Clairmont, Thomas Spok, Gaëlle Etienne, Christelle Lafont, Jeff Balek, Mathieu Fluxe,Guillaume Lemaître, Florence Freguin-Schneider, Christian Perrot, Pénélope Labruyère.


Éditeur : La Madolière

Nombre de pages : 225


Prix :
13 €


Présentation de l'éditeur : Morts Dents Lames est une collection de textes sanglants, dérangeants, morbides et violents. Tout ce que la littérature lissée du moment n'offre plus aux lecteurs en mal de sensations fortes.
Rangez vos couteaux et vos lames de rasoir, les auteurs de cette anthologie ont sorti les leurs pour vous découper des tranches de vies aux petits oignons. De l'inquisiteur pervers &aecute; l'anatomiste fou, du cannibale improbable au légiste pointilleux, de la fille innocente à l'adolescent complexé, la victime se cache parfois là où on ne l'attend pas.

19 nouvelles, 19 expériences de ce que la violence fait de mieux.

Mon avis :

Comme je l'écrivais à l'anthologiste il y a peu, j'ai été très étonnée à la lecture des textes présents. Je m'attendais à lire beaucoup de violence gratuite et de textes qui donnent sang et tripes justes pour les images et, heureusement, l'anthologie m'a détrompée. Cependant, tous les textes ne se valent pas et, plutôt que de faire un billet nouvelle par nouvelle, je traiterai les nouvelles par ensembles.

Seuls deux textes ne m'ont pas convaincue. Le premier, Ils, ne possède aucune réelle intrigue à mes yeux et les tortures subies par la femme m'ont semblé être là plus pour coller au thème que pour apporter quelque chose à l'histoire. La deuxième nouvelle qui ne m'a pas plu s'intitule Le thriller of Mouton Gris. Déjà, avec un titre pareil, ça partait mal pour moi et le côté grotesque de l'intrigue avec ses incohérences ne m'a pas touché. Je suppose que c'est une affaire de goût.

Viennent ensuite les textes dont je reconnais certaines qualités mais qui n'ont pas su me convaincre. Le chef-d'œuvre, part d'une bonne idée : un homme cherche à rassembler, en une musique improbable, les sons des corps torturés mais l'auteur n'exploite pas assez son idée et c'est dommage parce que ça sonne comme une envolée lyrique qui tomberait soudain à plat. C'est le problème que j'ai rencontré aussi dans les nouvelles Biocarburant et Tic-Tac : une idée intéressante mais qui ne possède pas de développement au point que je m'en suis rapidement désintéressée. À l'inverse, j'ai trouvé que L'homme à la pelle se perdait trop souvent dans des détails inutiles qui m'ont fait perdre le fil de la nouvelle au point que j'ai du en relire trois fois la fin pour bien la comprendre. C'est dommage parce que le style de l'auteur était vraiment intéressant et j'aurais aimé lire quelque chose d'un peu moins complexe. J'ai une impression assez étrange vis-à-vis d'Adelphe Ambroisie Je trouve que les scènes de tortures sont vraiment très fortes et que l'ensemble se tient bien, jusqu'à la chute. J'ai trouvé ça un peu trop facile et mon impression première s'est vue modifiée, les scènes qui m'avaient plu n'ayant plus la cohérence première. annA est un texte étrange et lancinant, parfois contemplatif, parfois éclairé de flashs sanglants bien dosés. Cependant, le style beaucoup trop poétique de la nouvelle m'a rebutée. Je suis très sensible à ce genre de chose aussi j'aime qu'un auteur qui utilise la poésie pour les besoins de son texte en connaisse les limites. Ici, il y en a clairement trop et le texte devient lourd.

Le baiser de Simon Soavi et Sous sa peau sont deux nouvelles troubles et sombres, servies par deux styles assez percutants malgré quelques ruptures qui m'ont parfois sortie de ma lecture. Quelques grammes d'humanité est une nouvelle brève, très brève, mais l'intrigue ici est appuyée par l'horreur qui est à peine dévoilée et qui prend donc plus de puissance. Je ne parlerai pas de Poupée Larsen puisque j'ai déjà dit tout le bien que j'en ai pensé dans l'article sur la nouvelle de la semaine. Je passerai donc directement aux nouvelles que j'ai le plus apprécié.

La cité comme les petits crayons rouges sont des nouvelles à la fois percutante et lancinante. Il y a un je ne sais quoi qui plane dans l'air, comme un parfum douceâtre qui donne au texte une ambiance particulière et savoureuse.

Entrez dit-il est, à l'inverse, traversé par un certain humour. Les personnages sont bien campés et j'ai aimé la subtilité de l'auteur dans le traitement du sujet et dans le choix de la chute.

Le sang des cailles mêle mysticisme égyptien et sentiments amoureux dans une nouvelle oppressante. Ici, la naïveté du personnage féminin accentue l'ambiguïté du personnage masculin dans un face-à-face malsain à souhait (et ça fait du bien de lire quelque chose d'insidieusement malsain après avoir lu une multitude de textes remplis de tripes et de sang).

Maintenant, le top 3 :

Au début, je ne pensais pas aimer Les frangins du 77. Je n'ai pas bien compris où l'auteur voulait aller et je trouvais le côté malsain un peu trop injustifié. Mais, petit à petit, cette longue nouvelle gagne en force et en cohérence. Les personnages s'approfondissent, parviennent à devenir à la fois touchants et ignobles et j'ai souri doucement à la fin, attachée malgré moi à ces deux frangins.

Pour moi, Anatomie, une histoire de l'âme, doit être lue à voix haute pour mieux s'imprégner du style de l'auteur, à la fois distant et percutant. J'aime les images qui s'en détachent, les théories, la tournure des phrases. L'histoire peut paraître un peu facile et parfois pas très cohérente mais ces petits défauts sont vite balayés par la manière dont les styles s'imbriquent pour mieux lier l'ensemble.

Si je devais n'avoir qu'un coup de cœur, ce serait Amercian Dream 2010. Ce n'est pas seulement l'intrigue qui est intéressante – histoire de deux hommes, deux amis d'enfance et de la guerre. Il y a ici tous les ingrédients pour faire une grande nouvelle. Des personnages bien campés, à peine esquissés mais cohérents, des dialogues précis, puissants, une intrigue simple mais bien ficelée, une atmosphère à mi-chemin entre celle des villes perdues au fin fond des USA et celle étouffante du campement militaire. Chaque scène est juste, chaque mot sa place, le style est incisif et sans concession. Bref, un vrai coup de cœur.

Le petit plus du livre : la présentation des auteurs. J'ai trouvé ça original et bien pensé. 

I.

dimanche 16 décembre 2012

NdS #14 L'elixir de longue vie - Balzac

L'élixir de longue vie - Honoré de Balzac


De temps en temps, un retour vers les classiques peut faire beaucoup de bien, notamment avec cette nouvelle de Balzac qui revisite le mythe de Don Juan.

Pourquoi lire cette nouvelle ?

Pour voir un Don Juan assez éloigné de notre imagination collective, pour le suivre un peu dans sa vie et dans sa mort aussi.


Une scène clé : La finale. Je n'en dit pas trop mais elle vaut le détour, entre horreur et rires.

Un personnage : Le fils de Don Juan, aussi pieux que son père était libertin.

Un petit aperçu ? : La nuit était noire. Le silencieux serviteur qui conduisait le jeune homme vers une chambre mortuaire éclairait assez mal son maître, de sorte que ma MORT, aidée par le froid, le silence, l'obscurité et par une réaction d'ivresse, put glisser quelques réflexions dans l'âme de ce dissipateur. Il interrogea sa vie et devint pensif comme un homme qui va voir juger un de ses procès.

Où trouver la nouvelle ? : Vous pouvez la télécharger pour la lire sur votre ebook à partir d'une des librairie spécialisée dans les livres sans droits d'auteurs ou bien la trouver dans votre librairie papier (le livre de poche l'édite seule à 150).

I.

Borders, anthologie dirigée par Charlotte Bousquet


Anecdote : La thématique très intéressante de cette antho et la taille, relativement courte, des nouvelles m'a tout de suite séduite. Ne me restait plus qu'à trouver le temps de lire et d'écrire ce billet (le deuxième point m'ayant demandé, comme souvent, beaucoup plus de temps que le premier).


Titre : Borders


 


Auteurs : Yael Assia – David Bry – Li-Cam – Fabien Clavel – Marie-Anne Cleden – Teptida Hay – Sophie Dabat – Franck Ferric – Don Lorenjy – Ambre Dubois

Éditeur : CDS

Nombre de pages : 105

Prix : 8 €

Couverture : Patrick Imbert

Quatrième de couverture :
Il y a toujours un choix, quelle que soit la nature de la frontière, même s'il n'est pas toujours fait par celui qui le subit. Est-ce qu'être un homme ou pas, finalement, ne résumerait pas simplement à cela ? (Hélène Ramdani)

Sirènes, manipulations génétiques, enclaves entre les mondes et les hommes… Borders, ce sont dix nouvelles sur les seuils et les passages, sur les frontières entre le même et l'autre, entre les hommes et entre les genres…

Yael Assia – David Bry – Li-Cam – Fabien Clavel – Marie-Anne Cleden – Teptida Hay – Sophie Dabat – Franck Ferric – Don Lorenjy et Ambre Dubois ont prêté leur plume à cette anthologie dont les droits sont entièrement reversés à RESF.

Oserez-vous, avec eux, la traversée des frontières ?


Mon avis : 

Cette petite anthologie est une petite merveille mêlant très justement puissance et poésie. *quelques petites fautes de mise en pages*

"Celle qui n'a pas lieu d'être", de Li-Cam, est un texte fort, en demi-teinte, à la narratrice poignante dans son mal-être. Clara est 'née sans frontière', une belle formule pour dire qu'elle a l'esprit entre deux mondes et qu'elle n'appartient ni vraiment à l'un, ni vraiment à l'autre. Cette impression de non-appartenance est rendue avec une plume précise et sensible qui dévoile ce texte, mélange d'espoir et de mélancolie. Une très belle ouverture pour cette anthologie.

Sophie Dabat nous plonge dans les brumes de Bretagne et dans ses légendes. Avec "La cave à Margot" elle entraîne le lecteur à la poursuite de fantômes, d'hommes, femmes ou enfants oubliés du monde qui n'aspirent qu'à passer de l'autre côté, même s'ils ne savent pas vraiment ce qui s'y trouve.

"Change de ciel tu changeras d'étoile" Marie-Anne Cleden est une nouvelle plus longue est posée que les autres. C'est peut-être ce qui m'a empêché de véritablement rentrer dedans. Le style très visuel est au service d'une histoire étrange, celle d'une jeune femme cherchant son frère dans la frontière entre les mondes. Une bonne nouvelle mais qui ne possède pas le côté percutant des autres.

"Ce que l'homme croit" de David Bry est au premier abord une nouvelle assez classique. Un homme demande, soir après soir à un mage de lui montrer le fantôme de son aimée. Et soir après soir, le mage s'exécute. Toute la beauté de la nouvelle repose sur sa chute, une réflexion mélancolique sur le besoin de l'homme à croire en certaines choses, même si, au fond de lui, il sait qu'il se trompe.

Laurent Gidon signe avec "Les intrusions granuleuses" la nouvelle la plus équilibrée d'un point de vu stylistique. Ici, pas de narration, juste un dialogue entre deux personnes dans un univers de science-fiction. Les paroles s'enchaînent, nous dévoilent un univers étrange où les hommes vivent dans leurs rêves. Jusqu'au couac, au grain de sable dans la machine. La maîtrise du dialogue, la manière dont les mots se suivent pour persuader l'autre, est un vrai régal.

"Et les souvenirs glissèrent vers l'océan" de Tepthida Hay parle d'amour et de sacrifices. C'est une belle nouvelle, émouvante et poignante mais peut-être un peu trop lancinante au point que je n'ai pas vraiment réussi à rentrer dans cet univers.

"Les terres du roi sombre" d'Ambre Dubois nous entraînent dans Londres au XIXe siècle, ville emplie de brumes et de mystères. Un homme qui se plaît à maltraiter les femmes qu'il courtise va rentrer sur les terres du roi sombres, il en ressortira changé pour son plus grand malheur. La thématique de la frontière est traitée d'une manière qui m'a semblé un peu plus simple que dans les autres textes et j'en ai trouvé l'intrigue et sa chute un peu fades, peut-être trop moralisatrices à mon goût.

"Eux plutôt que moi" de Franck Ferric est une pépite de justesse et de sensibilité. C'est l'histoire d'un homme qui garde une porte, symbole de la frontière entre un monde et un autre. Je ne peux en dire plus pour ne pas gâcher la "surprise" mais, quand j'ai découvert où se trouvait cet homme, je me suis pris une claque et, ensuite, j'ai continué de lire le texte avec de l'admiration dans les yeux. Il y a de la justesse, dans ce texte mais toute sa force vient du personnage, terrible et pathétique en même temps. Un régal à la lecture.

"La maison" de Yael Assia est aussi un coup de cœur. Courte, percutante, puissante dans les émotions qu'elle m'a fait ressentir, cette nouvelle est à la fois touchante et dérangeante. À travers l'histoire d'une famille à la recherche d'un foyer, Yael Assia montre que même des personnes en marge du monde peuvent avoir des désirs humains.

Après la lecture des deux dernières nouvelles, j'ai mis un peu de temps à rentrer dans "L'enclave" de Fabien Clavel. Étrange monde, étranges personnages, étrange atmosphère, je n'ai pas bien compris le décor de l'intrigue. Puis, je me suis laissée emporter (sur cet océan sombre qui s'épare l'île de départ d'un monde en périphérie où vivent les exilés) et, si le début fut ardu, la suite me montra que j'ai bien fait de persévérer dans ma lecture. Toute la puissance de Fabien Clavel est de jouer sur le côté attendu de sa chute pour la sublimé prouvant que même les fins les plus attendues peuvent être grandioses. Et je salue l'anthologiste d'avoir choisi ce texte pour clore cette anthologie.

Le petit plus : la taille réduite des textes qui en fait, pour la plupart d'entre eux, un concentré de puissance évocatrice et de sensibilité.


I.

dimanche 9 décembre 2012

NdS # 13

Poupée Larsen – Mathieu Fluxe

Dans un peu moins de deux semaines sortira l'anthologie Morts Dents Lames et les éditions de la Madolière proposent en avant première la lecture de l'une des nouvelles présentes au sommaire. Comme j'ai eu la chance de lire l'anthologie, je vous offre un petit avant goût du billet à venir très bientôt.

Pourquoi lire cette nouvelle ?

Pour le frisson et la tension qui la parcourent. Les scènes de tortures sont drôlement bien menées et trouvent un véritable écho dans l'intrigue générale qui se clôt sur une fin bien amenée.

Une scène clé : la scène des ongles, j'en ai encore des frissons alors que j'ai lu la nouvelle il y a déjà plusieurs jours.

Un personnage :
Le personnage principal, cynique et pourtant étrangement attachant.

Un petit aperçu ? : La peur de la douleur est pire que la douleur elle-même. Un jour, un type a rendu l’âme en pleine chirurgie dentaire. Il a tellement flippé que son coeur a cramé pendant l’intervention. On l’entendait hurler dans tout le service. Plus tard, l’infirmière a reconnu qu’elle avait oublié de lui préciser que l’opération se faisait sous anesthésie locale... Aujourd’hui, je tremble à mon tour à la simple idée de sentir les prémisses de la souffrance.

Où trouver la nouvelle ? :
Par ici pour la télécharger gratuitement et par ici pour précommander l'anthologie (à paraître le 21 décembre prochain (oui, pour la fin du monde)).

mardi 4 décembre 2012

Sondage sur les nouvelles numériques.

Et hop ! Amis bloggeurs, lecteurs, auteurs même, je fais suivre ici un appel lancé par les éditions Voy'[el].



En vue d'ouvrir une nouvelle collection, les éditions Voy'[el] ont besoin de vous pendant quelques toutes petites minutes.
En fait, il vous suffit de prendre moins de deux minutes (montre en main, ça m'a pris 45 secondes mais les réponses me sont venues très rapidement) pour répondre à un petit questionnaire (par ici pour les questions) qui aidera les éditions 
Voy'[el] à mieux cerner les attentes du public (et c'est chouette parce que la naissance d'une collection numérique de nouvelles, ça se fête !).

Alors, à vos clics.

lundi 3 décembre 2012

C'est lundi, vous lisez quoi ?

Et hop ! Un nouveau, 'c'est lundi, vous lisez quoi ?' pour reprendre avec les vieilles habitudes et faire un petit point lecture pour le mois de décembre.
Le 'C'est lundi, vous lisez quoi ?' est un rdv inspiré de It's Monday, What are you reading ? by One Person’s Journey Through a World of Books. C'est Mallou qui commence à développer l'idée en France, depuis reprise par Galleane (voilà pour la petite histoire).

Et donc, que lisons-nous le lundi ?


La semaine dernière, j'ai lu : 

L'anthologie Borders (enfin !). De très beaux textes sur les frontières, quel qu’elles soient, sensibles et émouvants.




Forêts secrètes de Francis Berthelot. Un recueil aussi beau que poignant avec une écriture toujours juste est sensible. Un livre que je conseille vivement.





Cette semaine, je lis : 

Utopiales 2012. Je l'ai déjà commencé et c'est une petite merveille.





 



Au programme la semaine prochaine :

La boîte à Chimères toujours de Francis Berthelot (parce que F.B c'est bon, mangez-en !).



Histoires extraordinaires de Poe (si je trouve le temps).

 


 

dimanche 2 décembre 2012

NdS#12 28 jours – Sylvain Lasjuilliarias.


28 jours – Sylvain Lasjuilliarias

En ouvrant l'anthologie Malpertuis III, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Du fantastique, certes, mais ça reste très vague. La nouvelle de Sylvain Lasjuilliarias est une petite douceur savoureuse à lire malgré la dureté du thème et elle permet d'entrer doucement dans l'anthologie avec une plume légère sur un sujet grave.


Pourquoi la lire ?

Pour le côté très prenant de l'intrigue. Le cycle au centre de la nouvelle est à la fois attendu et original et la manière dont il est traité, tout en subtilité, permet de se laisser emporter par le récit et de ne pas le lâcher avant le point final.

Une scène clé : celle du 29 février 10h38, lorsque tout s'écroule et tout renaît.

Un personnage : Le narrateur, émouvant et sans concessions.

Un petit aperçu ? : 


Jeudi 25 février 02h23 Réveille-toi, c'est le moment.
Je m'ébroue et me redresse dans le lit, haletant comme un poisson hors de l'eau. Les yeux à moitié collés, je me lève et j'effectue le rituel. Un verre d'eau citronnée sur la table de nuit, des suppositoires d'analgésiques, des serviettes, une bassine vide à côté du lit. Je t'accorde un dernier regarde, tu te tords de douleur sur les couvertures. Tu sues, tes mèches noires sont collées contre tes tempes. Je ferme la porte sans un mot et me couche sur le canapé. Des bouchons dans les oreilles, un livre. Le sommeil va mettre un peu de temps à revenir.

Où trouver la nouvelle ? : En faisant un tour par ici, les éditions Malpertuis expliquent mieux que moi comment se procurer leurs ouvrages.

dimanche 25 novembre 2012

Nouveauté de la semaine

Parce qu'on parle aussi des livres à paraître (et pas de livres à paillettes, ne confondons pas tout), un billet rapide pour présenter la nouvelle anthologie des éditions du Petit Caveau, dirigée par  : 



Au sommaire, douze auteurs se sont attaqués au mythe pour lui offrir un petit ravalement de façade et nous sortir des sentiers battus et des clichés.
Voici ce qu'en dit l'éditeur :


Il est grand, il est beau, il est fort. Sa beauté fait rêver, son regard ténébreux envoûte chaque femme qui le croise. Il dicte ses propres lois, règne dans l’ombre sur le monde. Il fascine autant qu’il effraie ; on redoute de croiser sa route par une nuit sans lune. Le vampire … STOP.
On rembobine et on recommence. Des vampires à cette image, c’est ennuyant, n’est-ce pas ? Ils ne sont pas tous des héros, des créatures dotées d’une puissance sans limite, ils ont aussi des peurs, des tics, des phobies, des faiblesses. Ces vampires malgré eux, ces antihéros, on les oublie bien trop souvent.
Alors aujourd’hui, douze auteurs ont décidé de les mettre sous les feux de la rampe !

 Si vous êtes intéressés, les souscriptions pour l'anthologie sont lancées, n'hésitez pas !

mardi 20 novembre 2012

Quartier Bleu - François Darnaudet

Anecdote : Parler de la collection 'novella SF', pour le mois de la novella, sans parler d'un de leur texte serait, à mon avis criminel (d'autant plus que la collection donne, à la novella, un angle intéressant : comment ancrer une intrigue dans un univers étranger au lecteur sans trop devoir le développer ?). Quartier bleu, en est un parfait exemple et permet au lecteur de saisir toute la subtilité de la novella qui sait en dévoiler assez sans jamais trop en dire. 


 

 Titre : Quartier bleu

Auteur : François Darnaudet

Éditeur : Éditions du Rocher (collection : novella SF)

Nombre de pages : 123

Prix : 12,90 €

Couverture : Thierry Dubreil

Quatrième de couverture : En 2044, le cimetière du Père-Lachaise est devenu un ghetto africain, le Quartier bleu où les plus belles blacks de la ville racolent, à moitié nues, au milieu des tombes et des mausolées dans une lumière d'halogènes bleutés. La police y est assurée par un corps d'élite ultra-violent, les kamis, des auxiliaires maoris recrutés par un ancien ministre gaulliste.
Mais depuis quelques temps, des cadres supérieurs se font exploser en compagnie des prostituées. Le détective Frantz Keller, un ancien copse parisien, est chargé par une veuve pulpeuse d'enquêter sur l'un de ces suicides. Pour Keller, il est temps de pénétrer les mystères et les envoûtements du Quartier bleu…

Mon avis : Pas spécialement friande de SF, je me suis mise à lire cette novella comme il m'arrive souvent de le faire avec la SF, un peu par hasard. Et, comme souvent, ça m'a permis de faire une jolie découverte.

La quatrième de couverture résume parfaitement l'intrigue : une enquête policière digne d'un roman noir, le tout dans un univers de SF bien campé avec des clins d'œil amusants à notre époque (les noms des stations de métro sont savoureux). Le style est vif, prenant, sans concession et l'histoire qu'on suit l'est tout autant. Une SF désabusée dans un monde où règne la règle du chacun-pour-soi.

Le petit plus : l'ambiance du Quartier bleu, sexuelle, moite et terrible.


I.

lundi 19 novembre 2012

Challenge JLNN

Aujourd'hui, Lune, blogueuse amatrice de formats courts, vient lancer le challenge "Je lis des nouvelles et des novellas (où JLNN)" et, comme vous devez vous en douter, nous saluons et soutenons cette initiative.

Et voilà l'un des jolis logos :



Pour participer, rien de plus simple : d'abord, choisissez la catégorie qui vous correspond le mieux parmi celles proposées : 


* Niveau "Micro-lecteur/Micro-lectrice" ou encore "Je lis des nouvelles et des novellas mais c'est bien pour faire plaisir à Lune" : lire et chroniquer 3 nouvelles ou recueils ou novellas.
 

* Niveau "Mini-lecteur/Mini-lectrice" ou encore "Je lis des nouvelles et des novellas et je commence à trouver ça plaisant" : lire et chroniquer 6 nouvelles ou recueils ou novellas.
 

* Niveau "Joyeux lecteur/Joyeuse lectrice" ou encore "Je lis des nouvelles et des novellas et j'aime ça" : lire et chroniquer 12 nouvelles ou recueils ou novellas. (oui j'ai mis Joyeux je n'aimais pas "midi-lecteur", ça sonnait moche, et puis mini, midi, maxi, ce sont des tailles de culottes) (commentaire de I. : bloguez, braves gens ! Bloguez ! on apprend chaque jour de nouvelles choses !).
 

* Niveau "Maxi-lecteur/Maxi-lectrice" ou encore "Je lis des nouvelles et des novellas et je ne peux plus m'arrêter" : lire et chroniquer 24 nouvelles ou recueils ou novellas.

Ensuite, inscrivez-vous en commentant cet article et faites une petite présentation du challenge sur votre propre blog. (Pour d'autres infos et précisions, n'hésitez pas à lire l'article de présentation).

Bonne lecture et bon challenge ! 


I.

dimanche 18 novembre 2012

NdS # 11

Je ne suis pas une légende ! de Catherine Dufour.

Quand je pense à Catherine Dufour c'est son roman, Blanche neige et les lance-missiles qui me vient en tête. De la fantasy burlesque à l'humour particulier que je n'arrive pas toujours à suivre. Cependant, quand j'ai vu le titre de cette nouvelle sur la plateforme numérique du Bélial, je n'ai pas pu résister et, moins d'une heure après, je terminais ma lecture le sourire aux lèvres.

Pourquoi la lire ? Pour la parodie du roman de Mastherton (si vous avez lu 'Je suis une légende') et pour l'humour noir.

Une scène clé : Quand le personnage découvre ce qui se passe dans les ascenseurs, la nuit.

Un personnage : Malo (bon, il n'y a que lui de vraiment fort mais il est très bien campé).

Un petit aperçu ? : […] il se promena nu et couvert de rouge à lèvres, décora les arbres avec des robes de mariées magnifiques, vida des seaux de peinture bleue sur le pavé puis y jeta toutes les plumes d'un magasin de literie – et on aurait dit un ciel à terre, plus vrai que vrai, d'un bleu dur et laqué, mouillé, moutonnant de duvet immaculé et de feuilles d'automne multicolores.

Où trouver la nouvelle ? : Sur la plateforme numérique du Bélial.

jeudi 15 novembre 2012

Après le tremblement de terre - Haruki Murakami

Un de mes auteurs préférés du monde entier, c’est Haruki Murakami. J’adore la douce poésie de son style, la manière poignante dont il nous plonge dans l’esprit de ses personnages, les scènes érotiques qui pimentent ses histoires. Or, il écrit aussi des nouvelles. Je vais donc pouvoir partager avec vous certains textes courts de cet écrivain. 

Titre : Après le tremblement de terre 

Auteur : Haruki Murakami 

Éditeur : 10/18 

Prix : moins cher en poche qu’en format e-pub, donc ne vous faites pas avoir comme moi… 




Pitch (qui en dit déjà beaucoup et de manière très juste) :

Dans ce recueil de nouvelles, le tremblement de terre de Kobe tient lieu à la fois de métaphore de l'époque actuelle, avec son avant-goût de fin du monde, et de symbole d'une faille intérieure présente en tout être : chaque existence ne se déroule-t-elle pas au bord d'un gouffre, celui de la mort ? L'étrange, le morbide, le burlesque, font irruption de manière imprévue dans la vie des personnages : un voyage anodin débouche sur le rendez-vous inquiétant du héros avec lui-même ; un jeune homme en perdition prend conscience de son lien au cosmos après d'étonnants détours ; des vacances en Thaïlande prennent un sens initiatique pour une femme blessée et vieillissante ; l'intervention d'une grenouille géante dans la vie d'un banal employé de banque en fait le héros de sa propre vie intérieure, un écrivain peu doué pour la vie réelle s'ouvre enfin à l'amour grâce à la petite fille pour qui il invente des histoires. Les personnages, englués dans des vies qui leur échappent, vivent comme en rêve, absents à eux-mêmes, et découvrent brutalement, grâce au tremblement de terre qui sert de catalyseur à leurs angoisses, la nécessité de vivre pleinement, dans l'instant, sans attendre. Tout l'art de Murakami réside dans sa façon de décrire par petites touches les légers dérapages de la vie, comme d'imperceptibles glissements de terrain, annonciateurs de secousses profondes préparées dans la nuit de l'inconscient. Rêve et réalité, conscient et inconscient, passé et présent se confondent dans ces portraits d'êtres fragiles, aux blessures secrètes mais toujours prêtes à se rouvrir. Ces personnages attachants, pétris à la fois de banalité et de mystère, sont parfois inquiétants comme la vie même, toujours frémissante d'on ne sait quels séismes qui peuvent nous ravager intérieurement. 


Mon avis :

Le fantastique dans les nouvelles de Murakami se glisse insidieusement dans la vie des personnages. Ils vivent des expériences uniques après lesquelles leurs existences ne seront plus jamais les mêmes. Certains partent à la dérive, d'autres retrouvent un sens au quotidien. Dans ce recueil, toutes les histoires sont reliées au tremblement de terre de Kobe en 1995, qui a traumatisé les Japonais. 

Je retiens deux bijoux parmi ces cinq textes : 

* “Crapaudin sauve Tokyo” : un crapaud géant débarque un jour chez un employé de banque. Il a besoin de lui pour sauver Tokyo, menacé de tremblement de terre par un gros ver souterrain que le séisme de Kobe a réveillé. Une histoire à la fois absurde et terrifiante, grâce à laquelle la vie d’un homme ordinaire prend tout son sens. 

Un extrait
p. 73 : « Mais bien sûr, mais bien sûr, dit Crapaudin. C’est important d’arriver à se comprendre. D’aucuns vous diront que la compréhension n’est rien que la somme des malentendus, et je trouve moi-même ce point de vue très intéressant mais malheureusement pour le moment, nous n’avons guère le temps de nous prêter à des digressions, si agréables soient-elles, et si nous pouvons parvenir à une compréhension mutuelle par le plus court chemin, cela n’en sera que mieux. Par conséquent, posez-moi toutes les questions que vous voulez. 
— Pour commencer, vous êtes une vraie grenouille, n’est-ce pas ? »
* “Galette au miel ”. Le destin d’un groupe de trois amis, une femme et deux hommes qui la convoitent. Un texte empli de beauté et de tendresse sur les occasions manquées et le moyen de les réparer. Choisir un chemin de vie n’oblige pas à renoncer aux autres. 

Ah Haruki Murakami ! Dès que je lis un autre de ses recueils, je le partage avec vous, promis ^^

M.

mercredi 14 novembre 2012

Dans ma PAL post-festival

Pour continuer sur la vague Utopiales, un petit article pour vous présenter les derniers achats. Les deux couvertures sont superbes et, pour les avoir feuilletés, les deux objets semblent remplis de plein de bonnes choses (notamment une nouvelle de Neal Gaiman magnifiquement intitulée Et pleurer, comme Alexandre).



J'ai déjà hâte de m'y mettre.
Mais en attendant, j'ai terminé la lecture de Borders, anthologie sur les frontières dirigée par Charlotte Bousquet et il y a beaucoup, beaucoup de bonnes choses dedans, j'ai hâte de vous en parler.
Bref, un 'c'est lundi, que lisez vous ?' avec deux jours de retard mais, c'est normal, tout va bien.

I.

mardi 13 novembre 2012

En attendant l'apocalypse - Frédéric Czilinder et Isabelle Marin

Titre : En attendant l'apocalypse

Auteurs : Alister, Cassandra Amand, David Baquaise, Sylvain Boïdo, Aodez S. Bora, Manon Bousquet, Cyril Carau, Frédéric Czilinder, Maëlig Duval, Marianne Gellon, Romuald Herbreteau, Inbadreams, Narja O. Naryoël, Jérôme Rigall, Louise Roullier, Nicolas Saintier et Aurélie Wellenstein.

Editeurs : Les Netscripteurs éditions et les éditions Nostradamus

Prix : 15,5 euros
Couverture par Elie Darco

Pitch :
Nombre de prophètes l'ont annoncée. Paco Rabanne était un peu en avance, mais les Mayas sont formels : l'apocalypse va advenir, et c'est pour bientôt ! Seulement, personne n'est vraiment d'accord sur ce qui nous attend. Cataclysmes, désastres écologiques, émeutes, holocauste nucléaire, invasion extraterrestre, épidémies, zombies... dans cette anthologie, rien ne vous sera épargné, pas même les réflexions du Créateur sur cet ultime chaos.
Dans ces visions apocalyptiques où l'humour côtoie le tragique, les auteurs explorent des univers d'une grande diversité : oniriques, réalistes, fantastiques, horrifiques, de science-fiction... et confrontent leur imagination aux pires éventualités !


Que faire en attendant la fin du monde annoncée pour le 21 décembre 2012 ? Suggestion d’“Un monde de nouvelles” : lire l’anthologie En attendant l’apocalypse, histoire de savoir à quoi vous préparer. Vous trouverez dedans 17 nouvelles de bonne qualité, et si j’en retiens certaines plutôt que d’autres, c’est surtout parce que certains thèmes développés m’ont plus touchée que d’autres. Mais l’anthologie en entier mérite l’attention.

Voilà les textes qui m’ont le plus parlé :

* “De la Veille au lendemain” de Maëlig Duval. On suit l’héroïne du 20 au 22 décembre 2012. Le style est enlevé, le ton drolatique et j’ai eu l’impression d’être dans la tête d’une fille ordinaire avec ses soucis et ses petites victoires du quotidien. À vrai dire, le texte m’a conquise dès la citation d’Alphonse Allais du début : « Ne nous prenons pas au sérieux, il n’y aura aucun survivant ».

* “La Fin du monde n’aura pas lieu” de Louise Roullier. À Thunder Fields, Dan est un jeune statiticien qui affronte la ferveur religieuse de ses concitoyens. Ceux-ci sont persuadés que l’Apocalypse approche sous la forme d’une comète. Ses arguments scientifiques s’opposent à l’obscurantisme de ses concitoyens. Un bon rythme et un personnage principal attachant m’ont fait passer un bon moment de lecture.

* “Le Gouffre” d’Aurélie Wellenstein. Une mercenaire doit retrouver des villageois disparus, à l’aide d’un acolyte lourdingue et d’Arthur, son fidèle bazooka. La tension du texte est entrecoupée de touches d’humour très réussies.

* “La Dame noire des Puys” d’Aodez S. Bora. Un texte qui ne lésine pas sur les effets spéciaux : éruptions volcaniques, explosion d’une étoile, dôme protecteur... Mais ce chaos finit par prendre sens pour les Clermontois, héros de l’histoire.

* “Invisible” de Manon Bousquet. Le narrateur antipathique se sent ignoré du reste du monde. J’ai eu un peu de mal à accrocher au début, mais au fur au mesure que l’angoise monte, le récit m'a séduite, jusqu’à une révélation de fin du monde plutôt originale.

* “Ciel de plomb” de Frédéric Czilinder. La Terre est ravagée par des pluies acides. Il reste peu d’espoir aux survivants qui s’accrochent pourtant à leur existence. Un texte à la fois désespéré et plein d’espoir, notamment quand il évoque les stratagèmes de survie et le renouvellement de la nature.

* “Planète bleue” de Sylvain Boïdo. Une de mes nouvelles préférées de l’anthologie, douce-amère et introspective. Les derniers hommes vont-ils réussir à faire vivre la planète où ils ont choisi de recréer la vie ? Cette question essentielle s’accompagne d’une réflexion sur l’existence même de chacun des protagonistes.

* “Hamburger Apocalypse” de Romuald Herbreteau. Dans un univers où règne la dictature de la malbouffe, les protagonistes vont devoir changer leurs habitudes radicalement. Un texte à l’humour absurde, bien enlevé.

* “L’Éternel et le Néant” de Nicolas Saintier. L’Apocalypse selon Saint Jean ne se déroule pas comme prévu : les humains n’ont pas attendu pour disparaître… Un texte fluide, grinçant, avec une philosophie religieuse toute particulière.


Bonne fin du monde !
M. 

lundi 12 novembre 2012

Utopiales et remise en route.

Le mois de novembre annonce, année après année, plusieurs petites choses. Il y a, tout d'abord, l'automne qui s'installe pour de bon. L'été indien est bien loin et l'hiver approche à grands pas.

C'est aussi, le mois du Nano (je ne m'étendrai pas trop là-dessus) et aussi de la fameuse novembrite qui touche quelques personnes. Pour ma part, c'est un mois qui, cette année, marque le début d'une période un peu plus calme dans ma vie (et donc, un retour plus actif sur ce blog que j'ai un peu délaissé depuis la mi-octobre).

Et donc, pour fêter ça et pour finir la semaine Utopiales (enfin, pas vraiment, un billet sur la dernière anthologie du salon est en préparation), parlons un peu de la cuvée 2012.


Premières Utopiales pour moi, j'ai été un peu surprise par le choix des organisateurs : pas de stands d'éditeurs (à part celui d'ActuSF) et des auteurs en dédicaces à des horaires précis. Je suis habituée à voir les auteurs derrière leur stand (où celui de leurs éditeurs), parlant entre eux ou avec des lecteurs où se levant pour aller flâner à leur tour. Du coup, ce principe m'a assez perturbée et je ne suis allée chercher aucune dédicace. Par contre, je suis repartie avec deux nouvelles acquisitions : le
Galaxie n°19 et l'anthologie du festival que je vais me hâter de lire.

À part cela, les Utos (c'est leur petit nom) ont invité, cette année, deux très grands novellistes de renommée internationale (rien que ça !)(même s'ils ne sont pas souvent connus comme tels) : Neal Gaiman et Michael Moorcock. Si vous n'avez encore pas lu de leurs nouvelles, jetez-vous sur London Bone ou encore Des choses fragiles, deux petites merveilles.


Bref, pour un premier essai ce fût une réussite et j'ai déjà hâte d'être à l'année prochaine.

 
I.

Et n'hésitez pas à passer sur le forum d'ActuSF si vous souhaitez écouter ou réécouter les conférences du festival.
 

mercredi 7 novembre 2012

Utopiales 2009 - Jérôme Vincent

Titre : Utopiales 2009

Auteurs : Stephen Baxter, Ugo Bellagamba, Pierre Bordage, Catherine Dufour, Jean-Philippe Jaworski, Walter Jon Williams, Robert Charles Wilson.

Éditeur : ActuSF

Nombre de pages : 184

Prix : 10 euros 



Quatrième de couverture :
Des mondes meilleurs ?
Réunissant quelques-unes des plus belles plumes anglo-saxones et françaises, l’anthologie officielle des Utopiales interroge d’autres possibles, des âges barbares aux confins du futur. L’Imaginaire s’y décline sous toutes ses formes et offre au lecteur curieux un aperçu de ses talents. Vous y croiserez un Elvis Presley converti au communisme, un astronome amateur flirtant avec la grande révélation ou des femmes chargées à l’adrénaline.
Partez à la découverte de mondes meilleurs... peut-être ?
À vous de juger !

Mon avis :
Une anthologie aux textes solides pour les 10 ans des Utopiales. Le thème porte sur “Des mondes meilleurs ?”, mais la plupart des textes dénoncent plutôt des situations bancales ou des dysfonctionnements de la société, sans doute pour nous laisser imaginer par nous-mêmes ce que serait un monde meilleur.

Mes deux coups de cœur dans ce volume sont :
* “Les Perséides” de Robert Charles Wilson. Une nouvelle à la fois prosaïque, poétique et philosophique (si si, c’est possible de réunir tous ces adjectifs en un texte !). Le thème central est le message des étoiles et l’impact qu’il a sur un quadragénaire tout juste divorcé.

* “Georges et la comète” de Stephen Baxter. Un informaticien se réveille transformé en singe sur une planète inconnue et dans une ambiance de fin du monde. Un étrange compagnon lui fait les honneurs du monde absurde et minuscule sur lequel il vit désormais. Un texte frais et très drôle, au rythme enlevé.

D’autres nouvelles que j'ai aimées :
* “Préface” d’Ugo Bellagamba. Un texte cynique qui place le lecteur au centre de son discours et lui rappelle comme dans notre monde, le pire répond au meilleur. 

* “Elvis le Rouge” de Walter Jon Williams. L’ascension vers la gloire d’un Elvis de gauche. Le passage de l’adolescence à l’âge adulte est un peu brusque, mais pour le reste, cette nouvelle intimiste est tout à fait convaincante.

* “Préquelle” de Jean-Philippe Jaworski. Un roi avide de pouvoir commande une épée magique à un vieux forgeron. Un récit de fantasy admirablement servi par un style ciselé.

Si vous en avez l’occasion, jetez-vous dessus sans hésiter !

M.

lundi 5 novembre 2012

Semaine des Utopiales 2012

Les Utopiales, festival de Science-fiction, se tiennent tous les ans à Nantes depuis 2000. En 2012, elles ont lieu du mercredi 7 au lundi 12 novembre. Elles réunissent des invités prestigieux (cette année Neil Gaiman, en 2010 China Mieville, par exemple) et permet d’assister à des conférences sur la SF passée et à venir. Tous les ans, les éditions ActuSF publient une anthologie dédiée au festival, aussi nous proposons-nous de consacrer cette semaine aux Utopiales, avec des chroniques sur ces anthologies. Le thème de cette année est : “Origine(s)”.

Affiche par Nicolas Fructus
Voici déjà un petit recensement des conférences et tables-rondes liées auteurs de nouvelles ou novellas (retrouvez le programme complet ici). 
Déjà, plusieurs rencontres avec des auteurs de formats courts sont prévues : 
* Jeudi 8 novembre, rencontres avec Pierre Bordage à 13 H, Norman Spinrad à 15 H et Robert Charles Wilson à 18 H. 
* Vendredi 9 novembre, rencontres avec Nancy Kress à 11 H et Laurent Genefort à 18 H, et hommage à Roland C. Wagner à 19 H. 
* Samedi 10 novembre, rencontre avec Neil Gaiman à 19 H. 
* Dimanche 11 novembre, rencontre avec Gérard Klein à 13 H 30. 

Ensuite, quelques sujets de tables rondes et conférences se rapportent directement au thème de la nouvelle, surtout le vendredi 9 novembre : “Chroniques martiennes de Ray Bardbury, une œuvre des origines” à 14 H et “Pulps !” à 16 H. 

N’hésitez pas à parcourir le programme, il y a vraiment des thèmes très intéressants pour qui aime la SF ! 

Bonnes Utopiales !

M.

dimanche 4 novembre 2012

NdS # 9

Le serpent à collerette - Francis Berthelot.


La plume de Francis Berthelot est particulière. Tantôt grave, tantôt enjouée, elle garde une poésie diffuse et montre une maîtrise parfaite de la justesse du ton et des personnages. Dans cette longue nouvelle, Francis Berthelot narre un conte étrange aux personnages tourmentés, mais toujours proches du lecteur.

Pourquoi la lire ?

Pour la plume de monsieur Berthelot, pour les cauchemars aux allures de Dali et pour la leçon d'écriture, encore.

Une scène clé : La première fois où le serpent vient dans le lit de Prunelle.

Un personnage : Prunelle, pour sa force, ses faiblesses et sa naïveté.

Un petit aperçu ? : Au pays des Forêts Secrètes se trouvait jadis, en bord de mer, une petite ville austère et gaie nommée Gurmance. Les maisons, blanchies à la chaux, avaient des colombages de couleur, des fenêtres aux carreaux minuscules, des balcons fleuris de colchiques et des toits dont les tuiles vertes luisaient au soleil. Des ruelles pavées de galets serpentaient entre le vieux port, la place des kermesses, l’hôtel du bourgmestre et la chapelle des Trépassés. Et, dans les cent boutiques qui s’y égrenaient, on vendait de la céramique, du drap, des sarcloirs, du pain bis, des ex-voto, des tranches d’espadon et des poupées de cire.

Où trouver la nouvelle ? : Sur la plateforme numérique du Bélial ou dans leur boutique en ligne ou commandez le recueil à votre libraire préféré.

samedi 3 novembre 2012

Récapitulatif du mois de la novella

Le blog est un peu en pause en ce moment à cause d'une foule de petits trucs personnels (dont un concours à passer dans cinq jours), mais, dès la semaine prochaine, on reprend du poil de la bête. En attendant, un petit récapitulatif du mois de la novella (qu'on espère reconduire avant l'année prochaine).


Alors, durant ce mois, sur le blog, quatre novellas ont été chroniquées :

Le dernier dimanche de Monsieur le chancelier Hitler
de Jean-Pierre Andrevon.
L'après-dieux de Maëlig Duval. 
L'appel de l'ombre d'Anne Rossi.
Et Le serpent d'Angoisse de Roland C. Wagner.
Et en dehors du blog, Lullaby a fait une chouette chronique sur La porte de Karime Berrouka.

En ce qui concerne le concours L'après-dieux de Maëlig Duval, deux des gagnantes ont donné leur avis sur cette novella : l'avis de Cécile est à lire par ici et celui d'Anne, par là.

dimanche 28 octobre 2012

NdS # 8

Compte-rendu de certains évènements survenus à Londres – China Mieville

Le site du Belial propose chaque mois une nouvelle à télécharger gratuitement. Celle de juin 2012 était une nouvelle de China Mieville qui venait de remporter le Grand Prix de l'Imaginaire après cinq autres grands prix internationaux en 2009 et 2010 (dont le prix Hugo) pour son roman The City & the City.


Pitch : 

L'auteur internationalement connu China Mieville ( :-D ) reçoit un colis destiné à un certain Charles Melville, habitant dans une rue dont le nom ressemble à celle du mauvais destinataire. Le narrateur ouvre le paquet et découvre une pile de vieux papiers qui rapportent les agissements d'un club enquêtant sur d'improbables "rues sauvages".


Pourquoi la lire ?
Pour percer le mystère des documents mystérieux et presque incompréhensibles en même temps que le narrateur, documents qui nous entraînent inexorablement plus loin dans la lecture jusqu'à la conclusion, magnifique. Parce que China Mieville, comme à chaque fois qu'il évoque le thème de la ville dans ses textes, le traite avec une maestria et un réalisme confondant.


Une scène clé : La scène découverte du vieux paquet.


Un personnage : Le narrateur, qui partage ses pensées avec nous au fur et à mesure de sa lecture.



Un petit aperçu ? : 

"J'ai du mal à travailler, ces temps-ci. Je fais très attention aux carrefours. Je fixe du regard les pourtours de brique (ou de ciment, ou de pierre) où les autres rues croisent celles que je parcours, en m'efforçant de me rappeler si je les ai déjà remarquées. je lève brusquement la tête en passant, pour repérer toute survenance précipitée. Je ne cesse d'apercevoir des mouvements furtifs sans découvrir autre chose, en redressant soudain la tête, qu'un arbre agité par le vent ou une fenêtre ouverte. Mon angoisse - sans doute, pour être franc, devrais-je dire "mon pressentiment" - ne me quitte jamais."

Où trouver la nouvelle ?  Dans le Bifrost 53, où elle est parue originellement à commander sur le site du Belial ou à trouver d’occasion à la librairie Scylla à Paris (par exemple).

mercredi 24 octobre 2012

Origines # 1

Voici le premier billet d’une série destinée à vous faire redécouvrir les classiques de la nouvelle SFFF. La rétrospective d'aujourd'hui est consacrée à Maupassant, lequel, vous l’apprendrez sans surprise, est un de mes auteurs préférés. J’ai relu ses contes fantastiques dans une vieille édition, mais de votre côté, n’hésitez pas à les télécharger gratuitement sur ce site, par exemple. 



Dans mon recueil, un certain nombre de textes sont à la limite du genre et personnellement, je ne les y aurais pas classées. Je me suis donc focalisée sur les nouvelles les plus fantastiques. Parmi celles-ci voici ma crème de la crème, fourrée aux incontournables : 

* Aussi bien dans “Main d’Écorché” que dans “La Main”, un membre momifié se mue en arme dangereuse. Le second texte est postérieur au premier et lui est à mon avis supérieur. L’aspect enquête est plus fouillé et l’ambiance plus angoissante que dans sa prédécesseuse (si j’ose m’exprimer de la sorte). 

* Dans “La Chevelure”, un homme se prend de passion pour une tresse blonde retrouvée à l’intérieur d’un vieux meuble. On suit la progression de sa folie à travers son journal (un artifice narratif dont Maupassant est friand). 

* Je m’en voudrais de ne pas citer le célébrissime “Horla”, précédé de deux versions, l'une intitulée “Le Horla” aussi, l’autre “Lettres d’un fou”. Chaque nouvelle gagne en tension et en immersion jusqu’au paroxysme de l’horreur dans la plus longue version. Un must read. 

* “L’Auberge” est un magnifique texte où se mêlent des descriptions somptueuses des Alpes en hiver à un huis-clos angoissant à l’intérieur d’un gîte isolé. Cette nouvelle était une découverte pour moi (et pourtant, j’en ai lu du Maupassant !) et un véritable coup de cœur. 

* Enfin, je signale à votre curiosité deux nouvelles de SF légère (des années 1880, donc) : 
> "L’Endormeuse", un texte surprenant sur l’euthanasie, encore très d’actualité ; 
> "L’Homme de Mars", où l’auteur développe des problématiques auxquelles il s’intéressait déjà dans le Horla, telles que la vie sur d’autres planètes ou l’évolution de l’espèce humaine.

D'autres nouvelles fantastiques de Maupassant vous ont-elles marqué ?

M.

dimanche 21 octobre 2012

NdS # 7

Indicible ! de Jacques Fuentealba.

Les thématiques de Pénombre, fanzine du projet Transition, m'ont toujours plu même si parfois, je trouvais que les textes n'allaient pas au bout de leurs idées. Le n°3, consacré à la foule est le premier à m'avoir offert une nouvelle pile comme je les attendais, sombre, terrible et sans espoir.

Pourquoi la lire ? Pour l'ambiance de ténèbres et d'horreur et pour les monstres que les écrivains créent parfois avec trop de réalisme.

Une scène clé : La découverte de l'Homme de Sang, du Boucher de la Pluie, des Écorchés de l'Enfer (j'aurai aimé lire une nouvelle avec chacun d'entre eux).

Un personnage : L'Homme de Sang, une idée brillante.

Un petit aperçu ? : "Comment ? Pourquoi et enfin, Qui ou Quoi ? dit-elle en désignant les cartes de gauche puis celles du milieu et de droite.

— Comment ? répéta-t-elle en retournant la première carte. Le Diable. Un pacte, un rituel ou une cérémonie païenne. De la sorcellerie… (Ses yeux s'agrandirent.) Ou de la magie noire. Vous avez joué avec le feu."


Où trouver la nouvelle ? : Faites un saut sur le site du fanzine.

jeudi 18 octobre 2012

Des nouvelles de Ta-Shima


Anecdote : Lorsqu'on m'a parlé de ce recueil, pour la première fois, je me suis dit, mouais, bof. J'ai appris qu'Adriana Lorusso avait écrit deux romans, se situant dans cet univers, publiés par Bragelonne et, en général, les romans de Bragelonne me plaisent rarement. Du coup, j'ai ouvert le livre avec un a priori plutôt négatif en me disant que, de toute manière, je n'étais pas obligée de tout lire. Et, une fois encore, le dieu des lecteurs (parce qu'il y en a un, si, si, croix de bois, croix de fer…) m'a encore montré que je pouvais faire un petit tas avec mes a priori et aller le brûler dans un coin (ça c'est la version gentille, l'autre est un peu plus douloureuse).

 

 


Titre : Des nouvelles de Ta-Shima

Auteur :
Adriana Lorusso

Éditeur : Ad Astra

Nombre de pages :
224

Prix : 13 €

Illustration :
Laurent Guillet

Quatrième de couverture : Ta-Shima, planète fascinante. Suite à sa colonisation accidentelle par les humains - les premiers d'entre eux étaient des fugitifs - et à leur cohabitation forcée avec la mortelle faune locale, Ta-Shima, au fil des âges, devient le centre d'enjeux politiques, humains, où se joue le destin de deux communautés, étroitement liées : les Asix et les Shiro. Avec, en toile de fond, l'ombre de la toute-puissante Fédération interstellaire...

Mon avis :

Des nouvelles de Ta-Shima nous entraînent sur une étrange planète, loin au-delà de notre système solaire (d'ailleurs, je me demande si la capitale de la Fédération est bien liée à notre Terre ou si je me suis totalement fourvoyée (mais là n'est pas la question)). On y verra aussi bien des autochtones, des immigrés ou des nouveaux venus qui découvrent cet univers pour la première fois et c'est avec plaisir que je me suis laissé guider par l'écriture d'Adrianna Lorusso, portée par ses images.

Je ne partage pas entièrement l'avis de l'éditeur à propos de la violence et de l'âpreté des nouvelles (le côté sans concession, par contre, je l'ai bien ressenti : l'auteur ne ménage pas ses personnages et encore moins ses lecteurs). J'ai trouvé que l'ensemble des textes oscillait entre une sourde mélancolie et une note d'espoir qui souhaite éclater ; c'est une tension très forte, perceptible à chaque nouvelle, qui offre au recueil un équilibre qui m'a beaucoup touché.

Le recueil s'ouvre avec "L'homme d'au-delà du soleil". On y suit les péripéties de N'Tari capitaine d'astronef qui perd son titre et son vaisseau suite à l'explosion d'un des moteurs de l'appareil. Obligé de retrouver sa concubine Asix (l'un des peuples de Ta-Shima) sur Ta-Shima, il doit également se soumettre à la vie de clan des Asix. À travers les péripéties qu'il rencontre, le lecteur découvre à la fois la planète et sa société. N'Tari va devoir apprendre à s'intégrer au clan de sa compagne, se comporter et vivre en Asix pour être accepté parmi eux. C'est ce dernier point qui est très fort. Adriana Lorusso introduit son univers à petites touches, sans perturber le lecteur. C'est une nouvelle qui permet de découvrir Ta-Shima mais aussi de réfléchir sur les relations entre les peuples qui y vivent et les autres, qui y viennent pour le commerce. Le message de tolérance qui coule le long de cette nouvelle se mêle à une réflexion sur l'être et le paraître qui m'a tout de suite plu.

"Mutation spontanée" est une nouvelle qui nous entraîne à l'intérieur des terres de Ta-Shima. Frey et son frère, Dic, deux jeunes Asix viennent d'être mutés dans une maison de vie pour y apporter de l'aide et subir divers tests. Cette fois, la société se dévoile de l'intérieur. Lire le quotidien de deux jeunes Asix permet une immersion un peu plus profonde. On en apprend ainsi un peu plus sur la relation entre Asix et Shiro, sur leur rôle respectif et sur leur manière de vivre (ensemble puis chacun de leur côté). Ce qui m'a plu, dans ce texte, c'est le contraste entre le paysage et le ton parfois bucolique et l'intrigue. L'atmosphère a anesthésié mon côté tatillon et je n'ai pas prêté attention à la force du fond, jusqu'à la fin qui m'a heurté de plein fouet.

Avec "Miséricorde et Pénitence", on quitte Ta-Shima pour aller s'intéresser à Neudachren, capitale de la Fédération, et à la religion qui s'y est développée sous le nom du Temple. Miséricorde est un moine, orphelin, ni meilleur ni pire que la plupart d'entre eux mais sa ressemblance avec les Asix le conduit à devenir missionnaire sur Ta-Shima. Une fois arrivé, il s'aperçoit que le Temple utilise la famine qui s'étend sur la planète pour échanger des heures de cours religieux contre de la nourriture. C'est à ce moment que le personnage de Miséricorde prend toute son ampleur et je m'y suis très rapidement attaché. Sa naïveté oblige le lecteur à s'interroger sur la mission du Temple (assez classique dans son développement) mais aussi sur le caractère des Ta-Shimoda. Avec le recul, je m'aperçois que la nouvelle marque un vrai tournant dans le récit : on commence enfin à cerner les interactions entre Asix et Shiros mais aussi entre Ta-Shimoda et citoyens de la Fédération et les nouvelles qui suivent nous entraînent doucement vers la fin, inéluctable, de la dernière nouvelle.

"Les Asix font du tourisme" est une nouvelle à l'apparence plus légère que la précédente. Un groupe d'Asix travaillant sur un astronef fait escale à Neudachren puisqu'ils n'a rien d'autre à faire (j'aime la mentalité des Asix, elle est savoureuse). À partir de là, les situations s'enchaînent, rocambolesques et loufoques. Mais toute la beauté et la force de ce texte résident dans sa fin, celle où on voit les Asix redevenir eux même en rentrant sur leur planète. Et là, la cruauté sous-jacente dévoilée légèrement dans les nouvelles précédentes explose.

Avec "L'animal de compagnie", Adriana Lorusso nous entraîne, une fois encore, sur les traces d'un Asix : Yann n'a jamais été très doué à l'école mais il a un don avec les animaux. Aussi, lorsqu'il se voit affecté à un des plus grands élevages de Ta-Shima, c'est comme un rêve qui se réalise. Mais à force de rester proche des animaux, Yann s'éloigne de ses compagnons. Cette nouvelle forme une sorte de parenthèse avec l'ensemble du recueil. "Une sorte" seulement parce que l'auteur nous entraîne encore sur les traces de la psychologie Asix et de la relation qu'a ce peuple avec Ta-Shima. La relation entre Yann et son animal de compagnie peut être vue comme une métaphore de la relation Shiro/Asix et là est toute la force de la nouvelle : elle n'est qu'un reflet de ce qui va arriver dans le texte suivant.

Comme son nom l'indique, "La fin du monde" va nous montrer la fin d'un monde mais, jusqu'à la toute fin de la nouvelle je n'ai pas bien compris de quoi il était question. Parce que l'écriture d'Adriana Lorusso est subtile et elle prouve une nouvelle fois son habileté à jouer avec sa plume. Tantôt évidente tantôt pleine de mystère, cette dernière nouvelle m'a bouleversé. Nous n'assistons pas seulement à la fin d'un monde mais aussi à la fin d'une aventure. C'est ici que se termine notre chemin aux côtés des Asix et des Shiros, c'est ici aussi qu'on s'aperçoit de la méticulosité de l'auteur et de l'éditeur, de ma manière dont ils ont tissé doucement leur toile. Ce sont des adieux que nous font les personnages et chacune des nouvelles n'a servi qu'à nous mener vers ce point.

Le petit plus : cette perfection dans le déroulement des nouvelles et dans la manière de jouer avec les émotions (et des personnages et des lecteurs). Tout cela atteste que, décidément, Ad Astra est une maison d'édition à suivre assidûment !

mardi 16 octobre 2012

Le dernier dimanche de M. le chancelier Hitler.

Anecdote : Livre trouvé au détour d'un couloir de bibliothèque (alors que j'étais en mission recherche novellas désespérément). Emprunté un jeudi, terminé le vendredi, ce texte m'a tenue en haleine non pas à cause de l'intrigue mais à cause de la tension qui se crée autour des personnages (et surtout, autour de son personnage principal).
 



Titre : Le dernier dimanche de M. le chancelier Hitler.

Auteur :
Jean-Pierre Andrevon

Éditeur : Après la lune

Nombre de pages : 120

Prix :
9 €

Couverture :
Stanislas Marçais

Quatrième de couverture :

C’est un petit bonhomme grisonnant, aux mains tremblantes, vêtu d’un costume gris étriqué. Il perd ses cheveux, ses yeux faiblissent, mais il a horreur d’être vu avec des lunettes. Il est atteint de la maladie de Parkinson et on lui soupçonne un début d’Alzheimer. Il habite un petit trois-pièces dans South Brooklyn avec sa femme Éva. Autrefois Éva Braun. En cette année 1949, cela fait quatre ans que le petit bonhomme a été accueilli aux États-Unis, où il vit sous la surveillance constante du FBI. C’est que, jusqu’en mai 1945, il était chancelier du Troisième Reich. Son nom : Adolf Hitler. Son destin ? Pas brillant : bien qu’il soit loin d’en douter, il n’a plus que deux jours à vivre.

Mon avis :

1949. Hitler à bien changé depuis qu'il a fui l'Allemagne et trouvé asile aux USA. Comme le dit la quatrième de couverture, on le retrouve diminué, malade, le regard tourné vers le passé et sa gloire d'antan. Ces quelques jours que nous passons dans sa tête sont à la fois étranges et dramatiques. Beaucoup d'avis, lu ci et là, ont parlé de la force du portrait, léché, au vitriol, brutal aussi mais jamais pathétique (parce que, qui va aller compatir devant l'homme le plus haï du monde ?). Pour ma part, ce n'est pas ce portrait qui a marqué ma lecture, c'est plutôt la force d'écriture de Jean-Pierre Andrevon, sa capacité à peindre un homme déchu, un fantôme passé qui y est rattaché.

Ce n'est pas tant Hitler que j'ai lu dans cette novella, ce n'est pas le destin d'un personnage historique, de l'emblème d'une époque sombre ; c'est celui d'un homme qui se dégrade et qui ne cesse de comparer ce qu'il a été et ce qu'il est. La force de ce texte tient en cette réflexion sur cette incapacité de l'homme à combattre la maladie quand elle le ronge et diminue son corps et son esprit. Il y a une mélancolie certaine dans l'esprit de cet homme voué à ressasser ses années de gloire enfermé dans un pays hostile, dans un corps hostile, dans un esprit qui commence à l'être tout autant et c'est ce qui m'a touché dans cette novella.

Le petit plus du livre : le cynisme et la noirceur (autour de l'être comme de la maladie).


I. 

dimanche 14 octobre 2012

NdS # 6

Raven Party - Nathalie Dau


Munie depuis peu d'un ebook, je me suis aventurée dans les contrées sombres des textes numériques en me jetant en premier sur les textes proposés gratuitement par les éditeurs (je vous épargne le côté épique de mes tentatives de payement en ligne, je ne pense pas que ce soit vraiment intéressant). Donc, pour promouvoir un auteur/recueil/anthologie, certaines maisons d'édition n'hésitent pas à offrir une nouvelle pour que le lecteur se fasse une idée de l'ensemble de l'anthologie/recueil. J'ai été très agréablement surprise de voir que "Raven Party", extrait des Contes Myalgiques II de Nathalie Dau était proposé gratuitement par Griffe d'Encre. Je remercie donc Griffe d'Encre pour cette initiative et Nathalie Dau pour cette nouvelle. Vos recueils sont à présent sur le haut de ma pile à lire.

Pourquoi lire la nouvelle ?


Pour la plume de Nathalie Dau, émouvante et précise et pour ses personnages qui le sont tout autant.

Une scène clé : Lorsque Lise rencontre Erl.

Un personnage : Erl, évidemment (entouré de mystères et de ténèbres, comment ne pas succomber).

Un petit aperçu ? : Il n'y eut plus d'angoisse, et plus de larmes ni de doute. La vie devint un rêve sombre, que la lune éclairait d'un sourire.

Où trouver la nouvelle ? : Sur le site de Griffe d'Encre.

vendredi 12 octobre 2012

L'Après-dieux - Maëlig Duval

Il y a quelques semaines, nous organisions un concours pour vous faire gagner la novella de Maëlig Duval, L’Après-dieux. Aujourd’hui, voici sa chronique.

Titre : L’Après-dieux 
Auteur : Maëlig Duval 
Éditeur : Griffe d’Encre 
Nombre de pages : 134 
Prix : 9,5 euros 


Quatrième de couverture : 
Albert Vaclau est fonctionnaire au bureau de la Reconstruction. 

Il évalue de 1 à 5 les dégâts de la guerre civile dans les villages à reconstruire. 
Il classe les organisations non gouvernementales de 1 à 9, selon leur niveau de sédition. 

Mais quand il rencontre Eva et son fils, il doit se rendre à l’évidence : aucune échelle de valeurs ne peut s’appliquer à eux. 

Mon avis : 
Ce texte nous plonge d’entrée dans une ambiance surannée, grâce aux paysages ruinés d’après-guerre civile et aux prénoms désuets des protagonistes. Albert, le personnage principal, m’a séduite d’emblée avec sa dignité empreinte de sensibilité. Le style à la fois poétique et réaliste nous entraîne dans une épopée où les mythes finissent par rejoindre la réalité. Où sont passés les dieux ? La réponse n’est pas aussi évidente que ce à quoi on s’attend, et la novella se termine sur une note douce-amère. Un premier texte très bien maîtrisé, tant dans l’atmosphère que dans la structure. 

Le petit plus : La possibilité de lire le début de la novella en ligne ici.

M.