mardi 23 juillet 2013

Des webzines pour l'été



La période estivale est propice à la lecture (du moins, de mon côté), je profite de mon temps libre pour rattraper le retard pris au cours de l’année passée. Et malgré mon accès internet restreint, j’aime bien aller voir ce qui sort sur le net (n’ayant pas de librairie à portée de main).
Aujourd’hui, je vais donc faire un peu de pub pour un webzine fort sympathique et un hors série qui semble prometteur.

J’ai déjà parlé du webzine Ymaginères à travers le numéro spécial Tolkien (que je savoure petit à petit). Il s’agit dans ce numéro de mettre en avant les trois nouvelles lauréates du concours YmaginèreS/L’Atalante et des Joutes de l’Imaginaire 2013. 






Au sommaire :

"La Substitution" de Lachésis (1ère au concours), illustrée par Vianney Carvalho et Elesabeth Kalinowski

"El Diablo del Dormitorio" d'Aaron McSley (2ème), illustrée par Vianney Carvalho

"La mort du risque" de Tepthida HAY (3ème), illustrée par Chibi Dam'z

et 


"À la conquête des mers australes" de Mike Barisan (1ère), illustrée par Erwan Seure-Le Bihan et Pascal Vitte


"Que le spectacle commence !" de Solenne Pourbaix (2ème), illustrée par Reya


"Planète de mes rêves" d'Eva Simonin (3ème), illustrée par Karin Waeles



L’autre webzine est le numéro deux de Nouveau Monde.



Petite présentation de l’éditeur : Terres dévastées, apocalypse, assassins, chevaliers, loups-garous, magiciens, bateaux volants, stations orbitales, Templiers, voyage dans le temps, mousquetaires...

SF, Fantasy, Fantastique et Horreur sont au rendez-vous !


Au sommaire les nouvelles de :

Adeline Neetesonne
Virginie "Kali" Gros
Alizée Villemin
Pascal Bléval aka Scalp
Romain Billot
Philippe H. Besancenet
Jérémy Semet
Vianney Carvalho
Patrick Cialf
Nikø

Nouvelles qui sont illustrées par Vianney Carvalho, Chane et Virginie "Kali" Gros.

De quoi voyager loin sur les sentiers de l’imaginaire !

Bref, jetez-vous dessus si vous cherchez des nouvelles pour l’été, à déguster d’une traite ou bien par petites bouchées.

jeudi 18 juillet 2013

Au service des insectes - Cindy Van Wilder

Deuxième parution de la collection E-Courts des éditions Voy’el, Au service des insectes est une nouvelle qui permet de voyager dans un monde étrange qui mélange habilement catastrophe, servitude des hommes et désir réflexion sur l’entente entre les êtres. 



Pour vous donner un aperçu, voici la présentation du l’éditeur :

La peste a ravagé les cités-murailles. Jadis protégées derrière leur dôme, survolées de glorieux aéronefs, elles ne sont désormais plus que ruines où errent les survivants. Les Insectes ont envahi les territoires laissés vacants par les hommes. Leurs ruches s’élèvent fièrement à la conquête du ciel. Bess est l’une des femmes recrutées pour prendre soin de leurs larves, ce qui lui assure un minimum de confort. Mais en ces temps de dévastation, que peut encore attendre de l’avenir une humaine qui a tout perdu ?

Extrait : « Jeannie jeta un coup d’œil par l’unique fenêtre de leur refuge et grogna.

— Les voilà !

Inutile de demander de qui il s’agissait. Les Insectes respectaient l’horaire à la lettre. Bess perçut le battement d’ailes régulier, désormais familier, à travers la porte de bois. Jeannie l’ouvrit. Deux Guêpes, les plus féroces des Insectes, les attendaient. Nulle parole ne fut échangée. Imitant ses équipières, Bess se saisit d’une lampe et sortit à son tour dans la fraîcheur du petit matin. »

À la lecture de ce texte, j’ai rencontré plusieurs sentiments : 

La curiosité d’abord : on y suit le quotidien d’une femme, Bess, dont le travail, d’abord obscur, se dévoile par petites touches. Le plus intéressant ici est la tension créée entre l’atmosphère oppressante qui entoure Bess et ses collègues et le ton du personnage, à la fois curieux et résigné.

La peur ensuite : une peur sourde comme les battements d’ailes des guêpes, comme les claquements des mandibules, comme l’omniprésence des insectes. L’espèce humaine, résignée, a courbé l’échine devant ces êtres plus forts et plus dangereux qu’eux. L’aspect post-apo de la nouvelle est teinté d’un pessimisme léger mais bien présent qui donne à la situation une profondeur nouvelle, sombre, désespérée que le personnage de Marge illustre parfaitement.

L’espoir aussi : parce que Bess se bat pour ne pas sombrer, parce qu’elle n’est pas tout à fait résignée, parce que sa curiosité la maintient éloignée de la détresse et de la folie.

La frustration enfin : parce que la nouvelle a soulevé des questions auxquelles j’aurais aimé avoir des réponses. L’univers décrit, les relations entre les hommes et les insectes sont présentés avec un soin particulier et une réflexion soutenue qui donne envie d’en apprendre plus, de connaître les raisons et les conséquences de certains actes, de plonger plus en profondeur dans ce monde et dans cette écriture très évocatrice. Je croise les doigts pour pouvoir lire un jour un autre texte de l’auteur se déroulant dans cet univers.


Le texte, comme les autres publications de la collection E-Courts, peut être télécharger dans toutes les librairies numériques et n'hésitez pas à passer faire un tour sur la page de la collection pour d'autres informations.

lundi 8 juillet 2013

Focus : Aude Cenga

Aude Cenga est l’une des nouvellistes qui ouvrent la collection Micro de Walrus (dont on a déjà dit beaucoup de bien ici). Ayant déjà rencontré le style de l’auteur, je me suis précipitée sur ses deux nouvelles pour aller au-delà des extraits lus çà et là. 




Les Saigneurs

Résumé de l’éditeur : À Abaddon, ce cloaque nauséabond, on rate sa vie et on se suicide pour tuer le temps. Les humains s’accommodaient de la situation jusqu’au jour où les vampires décident de révolutionner le paysage audiovisuel abadonnien. Ils produisent un nouveau genre de télé-réalité, fun et familial, où les candidats s’entretuent en direct pour gagner quelques billets. Les créatures profitent de l’engouement pour sélectionner leurs futurs membres grâce au concept phare : Deviens un vampire. Et les jurés ont leur propre conception de la perfection.


Le résumé m’a séduite et j’ai été heureuse de découvrir que l’humour noir qui le caractérise se retrouve aussi dans la nouvelle. L’idée de la télé-réalité vampirique est sympathique mais ne serait pas grand-chose sans l’angle choisi par l’auteur, sans la dérision et le cynisme de son écriture. Tout repose sur le fait que l’humanité sombre petit à petit dans la déchéance et la grisaille, plus rien ne les intéresse et même les télé-réalités les plus absurdes ou les plus horribles ne suffisent pas à maintenir leur attention. L’émission Deviens un vampire permet un sursaut d’intérêt chez les téléspectateurs et on découvre alors que les vampires profitent plus de la vie que l’humanité qui se contente de la suivre sur ses écrans.
Une nouvelle à prendre au troisième ou quatrième degré servit avec un cynisme des plus savoureux.



Anastasis


Résumé de l’éditeur : Perdu dans un blizzard terrible au milieu des montagnes américaines, Lodrick fait une sinistre rencontre qui va changer sa vie à tout jamais. De retour en France quelques semaines plus tard, ce n’est plus le même homme : tiraillé par une faim carnassière et sans limites, il semble possédé par une présence diabolique. Samia, sa compagne, ne le reconnaît plus. Pire, elle sent la peur l’envahir une fois rentrés à la maison : l’amour se change en terreur et l’appartement en tombeau. Car celui qui est revenu du désert glacé n’est plus Lodrick : c’est un ennemi, un envahisseur. Une menace sombre plus vieille que l’Humanité elle-même, et qui est bien décidée à prendre le pouvoir.


Tout comme Les Saigneurs, Anastasis, fait preuve d’un humour noir, sombre, qui filtre souvent avec l’horreur mais qui m’a tout de même fait sourire à plusieurs reprises. Ici aussi, nous sommes en présence de créatures sorties des peurs les plus enfouies des hommes mais la comparaison s’arrête là. Anastasis est un texte cruel, sans concession, violent et empli de rage. Si j’ai trouvé le début bien mené, j’ai eu l’impression, par la suite, que l’auteur a préféré mettre en avant les ambiances et les descriptions au détriment d’une intrigue un peu plus développée. Je suis ressortie de ma lecture un peu frustrée par le manque d’explications de fond mais la tête emplie d’images terrifiantes.



Pour lire les nouvelles n'hésitez pas aller voir la page de l'auteur sur le site des éditions Walrus

mardi 2 juillet 2013

Dragon de Glace - George R. R. Martin

Titre : Dragon de glace.

Auteur : George R. R. Martin

Éditeur : Actu SF

Nombre de pages : 191

Prix : 12 €

Couverture : Andy Brase 



Quatrième de couverture : 

“D’un blanc cristallin, ce blanc dur et froid, presque bleu, le dragon de glace était couvert de givre ; quand il se déplaçait, sa peau se craquelait telle la croûte de neige sous les bottes d’un marcheur et des paillettes de glace en tombaient. Il avait des yeux clairs, profonds, glacés. Il avait des glaçons pour dents, trois rangées de lances inégales, blanches dans la caverne bleue de sa bouche.
S’il battait des ailes, la bise se levait, la neige voltigeait, tourbillonnait, le monde se recroquevillait, frissonnait.
S’il ouvrait sa vaste gueule pour souffler, il n’en jaillissait pas le feu à la puanteur sulfureuse des dragons inférieurs.
Le dragon de glace soufflait du froid.”

Auteur du fabuleux cycle du Trône de Fer, George R. R. Martin nous prouve à travers les quatre nouvelles de ce recueil qu’il est aussi bon romancier que nouvelliste. Il sait tisser des intrigues passionnantes et des personnages puissants, aussi attirants qu’inquiétants.

Ce recueil contient notamment L’Homme en forme de poire, prix Bram Stoker et Portrait de Famille, prix Nebula.

Mon avis : 

On ne présente plus George R. R. Martin le fantastique auteur du Trône de Fer. Ayant commencé il y a peu la saga, j’ai décidé de faire une pause pour m’intéresser à ce petit recueil dont j’avais entendu beaucoup de bien. Composé de quatre nouvelles, il permet de retrouver l’auteur de fantasy grâce aux deux premières et de découvrir (si vous ne lui connaissiez pas cette casquette) l’auteur de fantastique à travers les deux autres.

Dragon de glace : la nouvelle qui donne son titre au recueil raconte l’histoire d’une petite fille née en hiver dont le caractère et la sensibilité sont liés à cette saison. La vie de celle-ci est rythmée par l’attente de son anniversaire car, si son fermier de père, son frère et sa sœur s’enthousiasment à l’arrivée de l’été, elle elle attend avec impatience l’arrivée du froid qui annonce celle du dragon de glace, créature rare et indomptable à laquelle elle s’est liée d’amitié.
De ce texte, j’ai avant tout retenu la facilité avec laquelle George R. R. Martin m’a attachée à son personnage. Une page et demie a suffi pour me donner l’envie de tout savoir sur elle, de suivre avec passion ses aventures et ses réflexions, de lire au plus vite la suite pour apprendre ce qui allait arriver. La fin de la nouvelle m’a chamboulée aux larmes par sa manière de mêler résignation et bonheur à venir. Une très jolie rencontre, loin des intrigues de Westeros mais qui montre que l’auteur est un grand écrivain en plus d’être un grand conteur.

Dans les Contrées perdues est une autre nouvelle de fantasy même si, par sa forme et le déroulement de son article, je la rapprochais plus au conte. L’histoire contée est celle d’une sorcière, Alys la Grise, qui ressemble à celles qui ont bercé mon enfance (une vieille femme qui vit dans un petit village, crainte et respectée) et qui a pour particularité de ne jamais refuser ce qu’on lui demande. Lorsque la Reine lui réclame le pouvoir de se changer en loup, Alys la Grise part dans les Contrées perdues, étendue hostile, située par delà les montagnes et peuplée de créatures qui peuplent l’imagination des hommes. L’intrigue m’a semblé moins profonde que celle de la nouvelle précédente mais les deux sont liées par l’amertume que j’ai ressentie à la fin. Si dans Dragon de Glace, elle est voilée par un sentiment de joie familial, elle est exacerbée dans ce texte par l’aspect froid d’Alys et par la conclusion que connaît le couple formé par la reine et son champion.

L’homme en forme de poire est une nouvelle fantastique assez classique mais servie par une écriture qui fait lentement monter la paranoïa et du personnage et du lecteur. Nouvelle angoissante, elle est mise en avant par cet homme, en forme de poire, qui n’a d’autre identité que celle-ci et qui passe ses journées à manger des chips et boire du coca, tout en observant les allées et venues de la jeune femme qui vient d’emménager dans le même immeuble que lui. La tension crée par ce regard et par l’inquiétude grandissante de cette femme est savoureuse et la fin, classique certes, toujours aussi efficace.

La dernière nouvelle, Portrait de famille, met en parallèle les relations entre un auteur et sa famille et un auteur et ses personnages. Relations conflictuelles, fusionnelles, désespérées, elles permettent à Martin de mettre en avant toutes les psychoses de l’être humain avec une plume sèche, dure, qui ne fait aucune concession. Ici encore, la chute nous plonge dans une réflexion amère qui m’a laissé un goût de bile dans la bouche.

Un recueil qui s’avère à la fois très divers mais qui s’attarde à mettre en avant les côtés les plus obscures de l’être humain et les conséquences, parfois dramatiques, de ses choix. À lire sans hésitation.

Le petit plus :

L’ambiance des nouvelles entre postulats classiques, dépaysement, atmosphères oppressantes et émotion.