dimanche 16 décembre 2012

Borders, anthologie dirigée par Charlotte Bousquet


Anecdote : La thématique très intéressante de cette antho et la taille, relativement courte, des nouvelles m'a tout de suite séduite. Ne me restait plus qu'à trouver le temps de lire et d'écrire ce billet (le deuxième point m'ayant demandé, comme souvent, beaucoup plus de temps que le premier).


Titre : Borders


 


Auteurs : Yael Assia – David Bry – Li-Cam – Fabien Clavel – Marie-Anne Cleden – Teptida Hay – Sophie Dabat – Franck Ferric – Don Lorenjy – Ambre Dubois

Éditeur : CDS

Nombre de pages : 105

Prix : 8 €

Couverture : Patrick Imbert

Quatrième de couverture :
Il y a toujours un choix, quelle que soit la nature de la frontière, même s'il n'est pas toujours fait par celui qui le subit. Est-ce qu'être un homme ou pas, finalement, ne résumerait pas simplement à cela ? (Hélène Ramdani)

Sirènes, manipulations génétiques, enclaves entre les mondes et les hommes… Borders, ce sont dix nouvelles sur les seuils et les passages, sur les frontières entre le même et l'autre, entre les hommes et entre les genres…

Yael Assia – David Bry – Li-Cam – Fabien Clavel – Marie-Anne Cleden – Teptida Hay – Sophie Dabat – Franck Ferric – Don Lorenjy et Ambre Dubois ont prêté leur plume à cette anthologie dont les droits sont entièrement reversés à RESF.

Oserez-vous, avec eux, la traversée des frontières ?


Mon avis : 

Cette petite anthologie est une petite merveille mêlant très justement puissance et poésie. *quelques petites fautes de mise en pages*

"Celle qui n'a pas lieu d'être", de Li-Cam, est un texte fort, en demi-teinte, à la narratrice poignante dans son mal-être. Clara est 'née sans frontière', une belle formule pour dire qu'elle a l'esprit entre deux mondes et qu'elle n'appartient ni vraiment à l'un, ni vraiment à l'autre. Cette impression de non-appartenance est rendue avec une plume précise et sensible qui dévoile ce texte, mélange d'espoir et de mélancolie. Une très belle ouverture pour cette anthologie.

Sophie Dabat nous plonge dans les brumes de Bretagne et dans ses légendes. Avec "La cave à Margot" elle entraîne le lecteur à la poursuite de fantômes, d'hommes, femmes ou enfants oubliés du monde qui n'aspirent qu'à passer de l'autre côté, même s'ils ne savent pas vraiment ce qui s'y trouve.

"Change de ciel tu changeras d'étoile" Marie-Anne Cleden est une nouvelle plus longue est posée que les autres. C'est peut-être ce qui m'a empêché de véritablement rentrer dedans. Le style très visuel est au service d'une histoire étrange, celle d'une jeune femme cherchant son frère dans la frontière entre les mondes. Une bonne nouvelle mais qui ne possède pas le côté percutant des autres.

"Ce que l'homme croit" de David Bry est au premier abord une nouvelle assez classique. Un homme demande, soir après soir à un mage de lui montrer le fantôme de son aimée. Et soir après soir, le mage s'exécute. Toute la beauté de la nouvelle repose sur sa chute, une réflexion mélancolique sur le besoin de l'homme à croire en certaines choses, même si, au fond de lui, il sait qu'il se trompe.

Laurent Gidon signe avec "Les intrusions granuleuses" la nouvelle la plus équilibrée d'un point de vu stylistique. Ici, pas de narration, juste un dialogue entre deux personnes dans un univers de science-fiction. Les paroles s'enchaînent, nous dévoilent un univers étrange où les hommes vivent dans leurs rêves. Jusqu'au couac, au grain de sable dans la machine. La maîtrise du dialogue, la manière dont les mots se suivent pour persuader l'autre, est un vrai régal.

"Et les souvenirs glissèrent vers l'océan" de Tepthida Hay parle d'amour et de sacrifices. C'est une belle nouvelle, émouvante et poignante mais peut-être un peu trop lancinante au point que je n'ai pas vraiment réussi à rentrer dans cet univers.

"Les terres du roi sombre" d'Ambre Dubois nous entraînent dans Londres au XIXe siècle, ville emplie de brumes et de mystères. Un homme qui se plaît à maltraiter les femmes qu'il courtise va rentrer sur les terres du roi sombres, il en ressortira changé pour son plus grand malheur. La thématique de la frontière est traitée d'une manière qui m'a semblé un peu plus simple que dans les autres textes et j'en ai trouvé l'intrigue et sa chute un peu fades, peut-être trop moralisatrices à mon goût.

"Eux plutôt que moi" de Franck Ferric est une pépite de justesse et de sensibilité. C'est l'histoire d'un homme qui garde une porte, symbole de la frontière entre un monde et un autre. Je ne peux en dire plus pour ne pas gâcher la "surprise" mais, quand j'ai découvert où se trouvait cet homme, je me suis pris une claque et, ensuite, j'ai continué de lire le texte avec de l'admiration dans les yeux. Il y a de la justesse, dans ce texte mais toute sa force vient du personnage, terrible et pathétique en même temps. Un régal à la lecture.

"La maison" de Yael Assia est aussi un coup de cœur. Courte, percutante, puissante dans les émotions qu'elle m'a fait ressentir, cette nouvelle est à la fois touchante et dérangeante. À travers l'histoire d'une famille à la recherche d'un foyer, Yael Assia montre que même des personnes en marge du monde peuvent avoir des désirs humains.

Après la lecture des deux dernières nouvelles, j'ai mis un peu de temps à rentrer dans "L'enclave" de Fabien Clavel. Étrange monde, étranges personnages, étrange atmosphère, je n'ai pas bien compris le décor de l'intrigue. Puis, je me suis laissée emporter (sur cet océan sombre qui s'épare l'île de départ d'un monde en périphérie où vivent les exilés) et, si le début fut ardu, la suite me montra que j'ai bien fait de persévérer dans ma lecture. Toute la puissance de Fabien Clavel est de jouer sur le côté attendu de sa chute pour la sublimé prouvant que même les fins les plus attendues peuvent être grandioses. Et je salue l'anthologiste d'avoir choisi ce texte pour clore cette anthologie.

Le petit plus : la taille réduite des textes qui en fait, pour la plupart d'entre eux, un concentré de puissance évocatrice et de sensibilité.


I.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire