dimanche 17 mars 2013

NdS #18 - "Les Maîtres de maison" - Jack Vance

Pour une fois, je suis à l'heure pour vous présenter la nouvelle du mois en téléchargement gratuit sur le site du Belial ^^

Pourquoi lire cette nouvelle ? 
Une énième exploration de planète, se dit-on en ouvrant le fichier... Mais en fait, il s'agit plus d'une redécouverte de notre planète que de celle de l'étoile BCD-1169. Le débarquement des astrographes fait penser à celui des conquistadores en Amérique dans leurs échanges méfiants avec les indigènes. Le ton de la nouvelle est grave, mais la fin inattendue et savoureuse.


Un personnage ? 
Les extraterrestres, étrangement familiers (ils sont humanoïdes et parlent anglais^^), pour certains hostiles (les Sauvages), pour certains accueillants (le Maîtres de maison), pour d'autres mystérieux et vaguement menaçants (les Serviteurs).

Une scène clé ? 

Lorsque les explorateurs se rendent compte que même s'ils parlent anglais et leur ressemblent, les Maîtres de maison se fichent comme d'une guigne de la Terre ainsi que des us et coutumes de ses habitants^^

Un petit aperçu ?
— Comme vous avez pu le voir, le commandant Emerson et son équipage ont vécu une expérience particulière.
— Particulière ? Ben Heynauld émit un sifflement. Bel euphémisme !
— Mais qu'est-ce que ça signifie ? demanda Pritchard. Ces gens qui parlent anglais !
— Et qui ignorent tout de la Terre !
— Emerson et moi avons formulé une hypothèse, reprit Caffridge de sa voix sans timbre. Nous étions mystifiés aussi. Qui sont les Maîtres de maison ? Comment peuvent-ils parler une langue terrienne et tout ignorer de notre planète ? Comment contrôlent-ils leurs serviteurs, ces épouvantables créatures qu'on ne distingue que sous la forme d'ombres et de lumières ?

Où trouver la nouvelle ? 

À télécharger ou à lire gratuitement sur le site du Belial durant tout le mois de mars 2013.
M.

mercredi 13 mars 2013

Itinéraire bis n°5 : La Ville

Difficile de suivre l'actualité des petits webzines, voilà pourquoi nous relayons leurs parutions pour vous de temps en temps^^

Récemment est sorti le webzine Itinéraire Bis n°5 sur le thème de la Ville (un thème que j'adore !) avec au sommaire :
*Petite géographie de l'Imaginaire
*Morceaux choisis - La ville dans la littérature classique (Dickens, Zola, Hugo, Baudelaire)
*Nouvelles d'Agnès Evans, Marie-Anne Cleden et Guillaume Dalaudier.
*Ustensiles de style - La ville dans la fiction : support de description ou personnage à part entière ?

Vous le trouverez à cette adresse.
Bon voyage !
M.

mardi 5 mars 2013

Fragments d'une fantasy antique.

Anecdote : Grande amatrice de mythologie, je suis entrée dans le microcosme de la littérature SFFF française à travers l'anthologie Les Héritiers d'Homère (éditions Argemmios). Lorsque j'ai appris que Mnémos allait sortir un recueil autour des mythologies gréco-romaines, je me suis armée de patience pour en attendre la sortie. 



 


Titre : Fragments d'une fantasy antique

Auteurs : Romain Aspe, Fabien Clavel, Nathalie Dau, Lionel Davoust, Jeanne A. Debats, Nicolas Delong, Sylvie Miller & Philippe Wrad, Rachel Tanner.

Anthologiste :
David K. Nouvel

Éditeur :
Mnémos

Nombre de pages : 240 pages

Prix : 17 €

Couverture :
Rainbowchaser / Dreamstime

Quatrième de couverture
: N’avez-vous jamais rêvé de… 

Devenir le plus grand architecte du monde ?
Trouver des fragments perdus d’un roman à succès ?
Vous venger des Dieux… ou bien devenir leur détective privé attitré ?
Toucher un objet et savoir tout de son histoire ?
Répondre à la célèbre énigme du Sphinx ?
Mettre un terme à la faim dans le monde ?
Ou aimer un bel Apollon au point de l’avoir dans la peau ?

Neuf auteurs français, guidés par Homère et Virgile, sont partis en expédition dans le royaume d’Hypnos cueillir pour vous ces quelques fragments de rêves, et, telle une Pénélope des temps modernes, les ont tissés pour en faire des histoires, belles et vives, sanglantes et graves, anciennes et modernes. Ils ont, lors de leur périple, parcouru les immenses domaines de Rome et d’Athènes, parlé aux Dieux, mangé à la table de Trimalchion et se sont reposés sur les bords du Vésuve endormi. De retour sur nos rivages, ils sont maintenant le souffle contemporain des Muses. Écoutez leur chant, lisez leur prose, dégustez-les.
Ils sont à vous.

Ces huit nouvelles ont été écrites dans le cadre du colloque « L’Antiquité gréco-latine aux sources de l’imaginaire contemporain » (7-9 juin 2012), organisé avec le soutien de l’École Pratique des Hautes Études et de l’Université de Rouen, afin de démontrer la vivacité de l’héritage gréco-latin dans les fictions contemporaines de Fantastique, Fantasy et Science-fiction.

Mon avis :


Dans l'ensemble, je dois reconnaître que j'ai bien fait d'attendre. Cette anthologie a été à la hauteur de mes attentes et plus encore.

Tout d'abord, avec la première nouvelle, « Sur un fragment perdu du Satyricon ». En choisissant d'écrire un des chapitres perdus du Satyricon, Fabien Clavel se met sous le patronage des grands auteurs antiques. Plutôt que de s'appuyer sur un mythe, il préfère travailler autour de la mythologie qui s'est créée autour de ce texte. L'histoire qui est racontée dans ce fragment perdu est celle d' homme qui va tomber sous le charme de Giton et tout faire pour se rapprocher au plus de l'être aimer. Au-delà de l'histoire d'amour, il y a une véritable mise ne avant de la vie Romaine. Les cultes, la vie quotidienne, la religion, tout y passe, il y a non seulement une vraie recherche sur la société mais aussi une recherche sur le style du Satiricon. Un bel exploit de la part de l'auteur et une jolie ouverture.

Le texte suivant, « Le miroir d’Electre » de Jeanne-A. Debats est étrange. Aujourd'hui encore, je ne sais si je l'ai aimé ou non. Il y a une complexité chez les personnages qui m'a perdu. L'absurdité de l'univers avait des reflets de l'Écume des jours mais je m'y suis parfois un peu trop perdue (m'accrochant au titre comme à une bouée). La manière dont Jeanne-A. Debats revisite le mythe d'Electre est intéressant et j'aurai aimé que le texte ce recentre sur le mythe plutôt que sur l'idée tentaculaire dévoilée à la fin (et qui m'a semblé trop compliqué à appréhender).

En revisitant le mythe du labyrinthe, Romain Aspe propose une nouvelle spirituelle sur les désirs des hommes. Icar est à la fois un fils aimant et un jeune homme qui brise les règles au risque de s'y brûler. Si j'ai trouvé le début intéressant mais sans trop savoir par quel bout le prendre, la réflexion sur la vraie nature du Labyrinthe m'a conquise et j'en suis sortie avec ce sentiment étrange entre l'incompréhension et l'émerveillement.

« Le Sphynx » de Rachel Tanner est une nouvelle extrêmement courte et efficace. L'angle d'approche est surprenant et j'en ai aimé l'aura de noirceur qui l'enveloppe. La figure du sphinx est magistralement mise en avant avec tout ce qu'elle a de bestial et de cruel. Savoureux !

Avec « Faisabilité et intérêt zootechniques de la métamorphose de masse », Lionel Davoust nous propose une nouvelle qui prend la forme d'un rapport tout ce qu'il y a de plus officiel. Si ce genre de lecture me rebute la plupart du temps, ici, les références mythologiques distillées petit à petit et les touches d'humour noir m'ont plusieurs fois fait sourire et j'ai trouvé dans ce mélange entre mythologie et procédure un ton parfaitement délectable.

Il y a dans « Les Dieux veulent, les Dieux prennent », une réflexion sur l'être et le changement qui m'a beaucoup plu. Comment un personnage peut-il devenir son opposé (physiquement et moralement) par la faute des dieux ? Comment la colère, la rancune, peut-elle diriger toute une vie ? Nicolas Delong répond à ses questions avec une sensibilité certaine et ses personnages se nappent d'un voile de douleur et de vengeance.

Ayant déjà eu affaire au détective de Philippe Ward et Sylvie Miller, j'ai commencé « Voir Pompéi et mourir » un peu à reculons (non seulement elle est longue mais je n'apprécie pas plus que ça les aventures de Lasser). Ce n'est clairement pas une nouvelle pour moi. Trop de pulp, de rebondissement, trop peu de réflexions sur la mythologie. J'aime une nouvelle lorsqu'elle m'emporte intellectuellement pas lorsqu'elle est simplement divertissante et je n'ai malheureusement vu que le côté divertissant dans celle-ci. Je ne dis pas qu'il s'agit d'une mauvaise nouvelle, loin de là, les personnages sont dynamiques, l'intrigue intrigante, le côté pulp très bien dosé ; je suis certaine qu'elle peut plaire à beaucoup de monde, mais je ne suis clairement pas le public visé. Dommage.

« À couteau » de Nathalie Dau, qui vient clôturer l'anthologie est une pépite. Je m'attendais à beaucoup de choses lorsque j'ai vu le nom de l'auteur sur la couverture mais je ne pensais pas être surprise à ce point. On y retrouve la plume ultra-sensible de Nathalie Dau qui peint les sentiments humains (notamment les plus sombres) avec une justesse qui m'a fait frissonner. Apollon, dieu solaire et lumineux, se fait de plus en plus obscur, de plus en plus terrible, de plus en plus divin. Le mythe est pris sous un angle nouveau et Marsyas devient l'amant et non plus le rival. Mais toutes les histoires ont une fin et Nathalie Dau fait preuve d'un équilibre entre délicatesse et cruauté admirables pour clore la sienne en beauté.

Le petit plus : la maquette intérieure, camaïeu de brun et beige claire.

dimanche 3 mars 2013

NdS #17 Le chant du cygne - Bénédicte Coudière

Le chant du cygne de Bénédicte Coudière

Pourquoi lire cette nouvelle ?
Pour la poésie et le rythme à la fois saccadé et lancinant qui parcourent le texte.

Une scène clé ? 

Lorsque Julie commence à danser. Il y a un équilibre certain entre la fatigue du corps et la détermination de l'esprit et cet équilibre est retranscrit par la plume de Bénédicte Coudière.

Un personnage ? 

Dans un texte aussi court, il est difficile de s'attacher à d'autres personnages que le principal. Julie la danseuse à la mentalité de fer qui est grignotée petit à petit par autre chose.

Un petit aperçu ?
Bras tendu vers elle en guise d'invite, il s'est figé dans son mouvement en voyant qu'elle ne se relevait pas. Depuis quelques longues minutes maintenant, il attend, un sourire crispé peint sur le visage. Puis, lentement, d'un petit entrechat, il se rapproche de Julie.

Où trouver la nouvelle ? 

Dans l'anthologie du festival Zone Franche, L'amicale des jeteurs de sorts. Disponible sur le site des éditions Malpertuis et commandable dans toutes les librairies.

I.

vendredi 1 mars 2013

Rose-thé et gris-souris de Marie-Catherine Daniel

Anecdote : Alors que le blog était au point mort, j'ai reçu un mail de Marilyn Stellini, l'éditrice des Roses Bleues, me demandant si j'étais intéressée par la lecture et la chronique du texte de Marie-Catherine Daniel. J'ai bien sur dit oui et j'en profite pour remercier les Roses Bleues d'avoir pensé à nous envoyé ce texte, je me suis régalée. 



 


Titre : Rose-thé et gris-souris.

Auteur : Marie-Catherine Daniel

Éditeur : Les Roses bleues

Prix : 16.30€

Quatrième de couverture :



"Elle, c’est Gertrude. Y a pas idée d’avoir un tel nom et ça lui pose problème depuis la maternelle. Il y a peu, elle a décidé qu’en fait, c’était pas son vrai nom. Elle a décidé que son vrai nom, c’était Cunégonde. Elle a un humour particulier, Gertrude.
[...] Lui, c'est Dégage. C’est un chien bien élevé, alors quand on l'appelle, il obéit : il va planquer sa gale dans les cartons sous l'auvent. Il y a encore l'odeur de ses colocataires. Mais à peine désormais, parce que les humains ont arrosé l'endroit avec leurs produits détergents mais aussi parce que tous les vieux cartons ont disparu avec la meute." 

Rose-thé et gris-souris est l'histoire d'une jeune femme blessée par la vie qui, grâce à l'optimisme tenace d'un chien en quête d'amour, finit par accepter de s'ouvrir à son entourage. 
Bouleversants de tendresse l'air de ne pas y toucher, les personnages singuliers et attachants de Gertrude et du chien Dégage ne laisseront personne indifférent.

Mon avis :

Gertrude est une femme tout ce qu'il y a de plus banal, avec ses désirs, ses fantômes, ses appréhensions. Dégage, lui, est un jeune chien qui cherche une meute après avoir perdu la sienne. Ils vont se rencontrer, se tourner autour, s'éviter, se chercher. Et j'ai suivi ces vies qui se croisent avec un plaisir grandissant. Marie-Catherine Daniel nous offre une fable emplie de douceur. J'ai trouvé une profondeur extrêmement touchante chez Dégage, quelque chose de terriblement humain et à la fois de terriblement animal, définitivement attachant. La plume de l'auteur est légère, teintée d'une normalité saisissante qui nous entraîne au plus près des personnages. Ceux-ci ne sont pas plus grands, tourmentés, forts, désespérés que d'autres. Ils sont, tout simplement. Ils vivent leur vie comme si de rien n'était comme s'ils n'étaient pas des personnages mais de vrais humains. Une jolie histoire sans prétention et c'est peut-être ce qui en fait la force.

I.