dimanche 3 août 2014

NdS #25 Bal à l'Ambassade

*Bal à l'Ambassade*
Francis Valéry



Ce qui est vraiment bien, avec les éditions du Bélial, c'est que je ne suis jamais déçue. Et décidée depuis peu de m'intéresser à la nouvelle vague de la SF francophone, je me suis lancée dans la nouvelle de Francis Valéry avec enthousiasme.

Pourquoi lire cette nouvelle ? 

Il se dégage de ce texte une mélancolie certaine, flaubertienne même tant ce bal à l'ambassade rappelle le bal de la Vaubyessard dans Mme. Bovary ; un mélange entre le merveilleux teinté déjà par la fatalité. L'atmosphère est aussi lourde que majestueuse, le ton est juste, et les étincelles qui dansent entre les personnages ne font que sublimer la chute.

Un personnage ?

L'indigène qui reste dans l'ombre, prêt à servir les colons qui ont envahi sa planète. Son personnage s'impose sans une parole, à mesure que l'extérieur prend de plus en plus d'importance.

Une scène clé ?

Le rêve de Valérie Strasser.

Un petit aperçu ? 
La description de l'indigène : 
Il est vêtu du costume traditionnel des ethnies du sud de la Péninsule : une longue tunique dissimule son corps, elle est brodée de motifs subtils qui ne cessent de changer de couleur, réceptifs à mille et une variations de ces riens qu'en vain vous cherchez à percevoir. Vous ne devez pas vous en étonner : ne dit-on pas que les sens des indigènes ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux des Impériaux ? 

Où trouver la nouvelle ?

Sur le site des éditions du Bélial, onglet numérique
À noter qu'une version audio de la nouvelle existe également.


mercredi 30 juillet 2014

La reprise du mercredi : Bifrost n°75

Le dernier numéro de Bifrost, consacré à Poul Anderson est l'un des rares livres papier que j'ai emportés dans ma valise cet été. Fini dans la matinée au bord de l'eau (histoire de montrer que je bosse un peu même en vacances), j'ai dévoré chacune des nouvelles et j'ai été merveilleusement charmée par la plume de Poul Anderson que je ne connaissais pas encore.

Derrière sa superbe couverture de Philipe Caza, se cachent quatre nouvelles de SF qui m'ont permis de replonger dans ce genre avec délectation.




Quatrième de couverture :

Le dernier homme sur Terre ignorait qu’il était le dernier. Et il s’en serait fichu s’il l’avait su. Il n’avait rencontré que de rares humains au cours de sa vie, aucun depuis que sa femme avait cessé de tousser pour se taire à jamais. Quand était-ce arrivé, cela aussi il l’ignorait. Il ne tenait pas le compte des années, ni de quoi que ce soit d’autre. Elle n’était plus pour lui qu’un souvenir flou, mais il en allait de même de tout ce qui datait un peu. La survie au jour le jour mobilisait toute sa ruse et toute sa force, du moins ce qu’il en restait. [...]

Le dernier homme était né dans une ville qui s’appelait jadis Atlanta. Il l’avait fuie lorsqu’une bande de cannibales s’y était établie, rôdant dans ses rues et ses couloirs en quête de viande fraîche. Ils étaient fort communs quelques générations plus tôt, mais leur gibier se faisait rare désormais. Ceux-là périrent bientôt de diverses façons...

Poul Anderson
In Memoriam


Mon avis :

Le numéro s'ouvre sur une jolie nouvelle de Poul Anderson, à l'honneur dans ce numéro. Tout voyage s'arrête nous amène à la rencontre de Norman Kane, télépathe de son état. On y découvre le quotidien de l'homme envahi par les pensées des autres. Le tout parsemé de touches de souvenirs comme autant d'éclats passés. La nouvelle a un je-ne-sais-quoi de sensible, d'émouvant, le regard que pose Norman sur le monde est à la fois lucide mais teinté d'une touche d'espoir qui m'a conquise.

Reallife 3.0 de Jean-Marc Ligny propose une vision nouvelle des réalités virtuelles. Le narrateur de la nouvelle a été sélectionné pour tester la version 3.0 du jeu Reallife et grâce à elle, son monde va alors changer. Ce qui m'a plu dans ce texte, c'est le contre pied pris par rapport aux réalités virtuelles et la manière de traiter le sujet. L'ensemble est servi avec une touche certaine de cynisme, d'humour (plus ou moins noir) et d'émotions.

Le nouvelle de Ken Liu, Faits pour être ensemble, nous plonge dans la vie de Sai, vie qui est réglée grâce à Tilly, une I.A. qui a développé diablement loin le concept d'assistant personnel (jusqu'à persuader Sai qu'il préférerait prendre un smoothie qu'un café le matin). Comme dans la nouvelle de Jean-Marc Ligny, celle de Ken Liu s'intéresse à la place de la technologie dans notre quotidien. Quelles en sont les limites ? Est-ce qu'elle nous aide réellement à vivre mieux ? Faits pour être ensemble propose une réponse légèrement douce-amère à ces questions, à la fois terriblement réaliste et terriblement fataliste.

Bifrost redonne la plume à Poul Anderson pour conclure sa rubrique *Interstyles* et je vous avoue que si j'ai beaucoup aimé le premier texte de l'auteur, le deuxième m'a tout simplement chamboulée. In memoriam commence par nous présenter le dernier homme avant de s'étendre et d'aller encore plus loin en présentant l'histoire de la Terre, de ce qui va s'y passer après la fin de l'humanité. Pas de dialogues, pas d'action à proprement parlé, juste la description d'un monde qui évolue, qui change au fil des millénaires. Mais il n'y a pas que ça. Il y a là une ode à la nature, à la beauté de la planète, de l'univers, de la vie dans ce qu'elle a de plus général. Les mots résonnent les uns avec les autres, créant des paysages gigantesques et sublimes, des images de destruction et de renaissance. Et la fin... je n'ai pas de mots pour décrire mon état à la lecture du dernier paragraphe tellement celui-ci était fort et porteur d'espoir. J'en suis ressortie les joues baignées de larmes, le sourire aux lèvres et la tête emplie de merveilles.

Le petit plus du livre : Comme d'habitude, le dossier critique est toujours intéressant quand on connait les goûts des chroniqueurs de Bifrost mais ici, c'est surtout le dossier très intéressant sur Poul Anderson que je voulais mettre en avant. Moi qui ne connaissais pas l'auteur, je me suis retrouvée à la fin de ma lecture avec 3 textes de lui à mettre en haut de ma PAL. 

samedi 19 juillet 2014

Suis-je une lectrice éclectique ?

Bon, comme je suis toujours en vacances et que c'est la période des tests sur la plage, je me suis soumise à un nouveau questionnaire (piqué à Lune, qui l'a elle-même piquée à Strega, qui l'a elle-même piquée etc.).



Le principe :

30 nouvelles questions qui détermineront si vous êtes ou non un lecteur éclectique ! Attention, pour ce test, chaque réponse doit être différente ! Le même livre ne peut pas correspondre à deux questions.

Possédez-vous dans votre bibliothèque :

1) un roman de fantasy : Le Seigneur des anneaux, J.R.R. Tolkien.

2) un roman contemporain : Plonger de Christophe Ono-dit-Bio

3) un roman considéré comme un classique de la littérature française : L'Assomoire de Zola

4) un roman considéré comme un classique de la littérature britannique : Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë

5) un roman considéré comme un classique de la littérature américaine : Les Aventures de Tom Sawyer de Marc Twain.



6) une romance : La princesse de Clèves de Mme de Lafayette

7) un roman de bit-lit : Sans âme de Gail Carriger

7a) Un roman d’urban fantasy :
Neverwhere de Neil Gaiman.
7b) une romance paranormale : /

8) un roman de science fiction :
 Le cycle des robots d'Asimov

9) une dystopie : Le meilleur des mondes d'Aldous Huxley

10) une uchronie : Rêves de gloire de Roland C. Wagner

11) un roman steampunk : La Lune seule le sait de Johan Heliot

12) un roman fantastique : Hades Palace de Francis Berthelot

13) un roman de chick-lit : Le diable s'habille en Prada de Lauren Weisberger

14) un roman d’horreur : Shining de Stephen King

15) un roman young adult : Les Outrepasseurs de Cindy Van Wilder

16) un roman pour enfant : Le petit cheval bossu de Piotr Erchov


17) un conte : Zadig de Voltaire

18) de la poésie : Gaspard de la nuit d'Aloysius Bertrand

19) du théâtre : La vie d'Edouard II d'Angleterre de Brecht

20) un roman publié au XVIIIe siècle : Manon Lescaut

21) un roman publié cette année : Un éclat de givre d'Estelle Faye

22) un livre écrit pendant l’antiquité : L'Illiade d'Homère

23) un roman épistolaire : Lettres portugaises de Guilleragues 

24) un thriller ou policier : Les dix petits nègres d'Agatha Christie

25) un livre de non fiction : Regrets sur ma vieille robe de chambre de Diderot

26) une biographie ou autobiographie : Les mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand

27) une nouvelle ou un recueil de nouvelles : Forêts secrètes de Francis Berthelot



28) une BD ou un manga ou un comics : The Authority de Warren Ellis et Brian Hitch

29) un roman très populaire : La saga Harry Potter de J.K. Rowling

30) un roman quasi inconnu : L'élixir de longue vie de Balzac.

*

Ce que nous disent les résultats :
De 0 à 5 points : A la vue de votre bibliothèque, on peut facilement repérer votre genre de livres préféré. De là à dire que vous n’aimez rien d’autre ? Pas sûr !

De 6 à 15 : Vous avez de la diversité sur vos étagères, mais ne nous mentons pas, vous avez aussi vos petites préférences !

De 16 à 25 : Vous êtes un touche à tout, vous aimez varier les plaisirs niveau lecture, ce qui se reflète parfaitement dans votre bibliothèque.

de 26 à 30 : Vous êtes soit une librairie, soit une bibliothèque, soit un lecteur avec des goûts très éclectiques, prêt à tout lire ! Félicitations !

jeudi 17 juillet 2014

The Book Blogger Test

Si en ce moment, j'engloutis les recueils et anthologies, le rythme d'écriture de chroniques bat un peu de l'aile. Heureusement, Elisa est là ! Et comme elle m'a tagguée je vais pouvoir faire un peu vivre le blog en attendant le prochain avis de lecture ! (bon, je triche un peu, elle m'a tagguée avec l'autre blog mais comme je ne sais pas que je vais le reprendre je réponds aux questions sur celui-ci).


1) Le top 3 des choses qui t’exaspèrent concernant les livres ?
* La mise en page mal faite. Quand il y a un saut une ligne au milieu d'une phrase ou que la police change d'une page à l'autre ça ne me donne pas envie de continuer ma lecture.

* Lorsque la couverture/quatrième de couverture ne correspond pas au texte.

* Les préfaces qui cherchent à éclairer le texte. Autant ça ne me dérange pas d'être spoilée, autant je déteste qu'on m'explique un texte que je n'ai pas encore lu.


2) Décris l’endroit parfait pour lire
Pffiou, c'est compliqué et ça change selon les saisons. Quand il y a du soleil, j'aime aller dans un parc, à l'ombre ou non selon la température, m'allonger dans l'herbe ou dans l'un des fauteuils des parcs parisiens et ne plus en bouger pendant des heures.
En hivers ou en automne, je préfère les cocons : soit chez ma maman, dans le petit canapé, les pieds collés au radiateur, le chien sur les genoux et la fenêtre juste en face, soit dans un salon de thé à larges fauteuils, une tasse fumante sous la main.


3) 3 confessions livresques
*J'adore les livres qui ont vécu, qu'ils soient cornés ou à la couverture flétrie. J'aime par-dessus tout les petits mots que le lecteur a laissés dedans que ce soit des appréciations sur un passage ou une liste de course.

*Je suis rarement émoustillée par les textes simplement érotiques. J'ai l'impression que les auteurs laissent trop de place à la sensualité au détriment de la sexualité.

*Je ne suis pas super rigoureuse et peux commencer cinq livres en une semaine pour n'en finir qu'un seul, parfois des mois après.


4) La dernière fois que tu as pleuré en lisant
En avril lorsque j'ai relu les Faux Monnayeurs, la fin de ce livre me fait toujours pleurer, il y a une telle cruauté et un tel désespoir qui se dessine que je n'arrive pas à retenir mes larmes.


5) Ton en-cas favori pendant que tu lis

Du thé ou du chocolat (à boire où à manger). Quand je suis plongée dans un livre, j'en sors peu (parfois mon thé infuse tellement qu'il est imbuvable lorsque je me souviens de son existence).


6) 3 livres que je recommanderais à tout le monde

Madame Bovary parce qu'on a tous ou presque des préjugés sur ce livre (généralement lu à une époque où on ne pouvait pas en saisir pleinement le sens) alors que c'est un texte magnifique sur la vanité de la vie humaine.


Rivages des Intouchables de Francis Berthelot. Après réflexion, c'est sans doute le texte qui m'a le plus bouleversé de cet auteur. Il y a un je-ne-sais-quoi dans son écriture entre onirisme et cruauté, pureté poétique et fatalité, quelque chose de définitivement puissant.


Les quinze chansons de Maurice Maeterlinck, une claque poétique. Des textes porteurs d'un imaginaire éclatant et ténébreux à la fois, et qui m'évoquent à chaque fois les contes de Grimm ou de Perrault dans ce qu'ils ont de plus lumineux et de plus horrible à la fois.


7) Une image de ton étagère préférée dans ta bibliothèque
Une photo un peu vieille puisque je suis en vacances (l'une des étagères "nouvelles" de ma bibliothèque)


8) Que signifient pour toi les livres en trois mots ?


Rêve. Lumière. Créatures.


9) Ton plus gros secret concernant la lecture ?
Il m'arrive encore, lorsque je suis dans une librairie, d'aller feuilleter les romans de la série *Grand Galop*, même d'en lire une bonne vingtaine de pages.


10) 5 bloggeuses/bloggeurs taggué·e·s en retour
Laissons faire la chance : que les 5 premiers bloggeurs qui passent par là et qui n'ont pas encore répondu à ce questionnaire se lancent !

dimanche 13 juillet 2014

NdS #24

*La plus belle qui soit*
Cindy Van Wilder




Il y a quelques jours, Cindy Van Wilder proposait aux lecteurs de son blog de découvrir une de ses nouvelles inédites. L'idée est savoureuse et le titre a fini de me convaincre alors je me suis lancée et je n'ai pas regretté. 

Pourquoi lire cette nouvelle ?

Parce qu'elle revisite le mythe de Cyrano d'une très jolie manière.

Un personnage ?
J'ai toujours trouvé Cyrano terriblement pathétique (dans le sens où j'ai énormément d'empathie pour lui). Ceci dit, ici mon empathie est allée à Christian qui devient le dindon de la farce.

Une scène clé ?

La scène du baiser. Aussi cruelle dans la nouvelle que dans la pièce.

Un petit aperçu ? 

L’envie de le provoquer me brûle le cœur, les mots plus acérés que des flèches se bousculent sur ma langue. Dégaine donc le fer, cher opposant, et dansons ensemble sous l’éclat indifférent des étoiles ! Je ne ferai qu’une bouchée de toi. 

Où trouver la nouvelle ? 

Sur le blog de l'auteur qui l'a mise à disposition gratuitement.

dimanche 6 juillet 2014

Nouvelle de la semaine #23

*Le jour où mardi fut suivi de mercredi* 
Hugues Licvetout




Parce que ce dimanche pluvieux donne diablement envie de s'installer confortablement dans son canapé, un livre dans la main, une tasse de thé à portée de doigts, une sonate de Schubert en fond sonore, je me suis attaquée au dernier numéro d'AOC et j'ai été plus que ravie de m'y plonger. Mon coup de coeur va à la première nouvelle et à son ton mi-naïf, mi-tragique qui m'a porté tout le long.

Pourquoi lire cette nouvelle ? 
Pour l'atmosphère, entre western et film noir, où les détectives privés portent perruques et faux cils et ont des noms imprononçables.
Pour l'atmosphère qui vous plonge au milieu d'un univers absurde et dramatique qui rappelle les pièces de Beckett ou Ionesco.

Un personnage ?
Le barman. J'aime l'idée qu'il véhicule, l'absurdité de son personnage.

Une scène clé ?
Le deuxième dialogue entre Wesihun et le braman qui permet de comprendre dans quelle direction veut nous emmener l'auteur.

Un petit aperçu ?
- Ça va détective ? Je te sers quelque chose ?
- Non merci Dergi.
Il se dirigea  vers la porte de sortie, s'arrêta, puis se retourna pour demander au barman :
- On est quel jour ?
- Mardi, soupira l'autre en s'asseyant de nouveau. 

Où trouver la nouvelle ? 

mercredi 2 juillet 2014

Focus : les 24h de la nouvelle

Pour commencer la semaine, je me suis intéressée à un projet étonnant, qui a connu sa deuxième édition le mois dernier, et qui pique ma curiosité depuis sa création : les 24h de la nouvelle. 
J’ai donc décidé de poser des questions à deux acteurs de cet événement : Jérôme, la tête pensante, qui a initié les 24h de la nouvelle et Vestrit, auteur, qui a participé aux deux sessions. Je ne sais pas vous mais à moi, leurs réponses m’ont furieusement donné envie de sauter le pas la prochaine fois !





Jérôme (organisateur de l’événement)

Un Monde de Nouvelles (uMdN) : Bonjour Jérôme et merci d’avoir bien voulu répondre à mes questions ! Il y a un peu moins d’un mois était organisée la deuxième session des 24 Heures de la Nouvelle. Peux-tu nous en dire plus sur ce projet ? D’où est venue ton inspiration ? Pourquoi les nouvelles ?


Jérôme : Merci beaucoup de me donner la parole... :-)
Les 24 Heures de la Nouvelle, c'est un concept tout simple : pendant 24 heures, des dizaines d'auteurs confirmés ou non essayent de rédiger une nouvelle d'au moins 5000 signes (1000 mots environ), tous autour de la même contrainte, tirée au sort parmi les propositions de chacun. Les textes sont ensuite publiés sur le site des 24 Heures (http://24hdelanouvelle.org) et sur le blog respectif de chaque auteur.

Tout est parti de Boulet et d'une réflexion sur le gratuit sur Internet.
Je ne connaissais pas Boulet du tout (honte sur moi, je sais...) jusqu'à ce qu'une amie poste un lien sur Facebook vers son "Ténébreux" (http://www.bouletcorp.com/blog/2012/01/30/le-tenebreux/). J'ai adoré son dessin, son humour et son humanisme, mais ce n'est que quelque temps plus tard que je me suis aperçu qu'il avait réalisé toute la BD en seulement 24 heures, au festival d'Angoulême. Ça m'a complètement soufflé.

En parallèle, je m'interrogeais sur l'intérêt pour un auteur de mettre du contenu en accès gratuit sur Internet. En (très très) gros, le débat tourne autour de deux arguments :

- D'un côté, en tant qu'écrivains, nous vivons de ce que les lecteurs sont prêts à payer pour nos œuvres.

- De l'autre, Internet est un excellent moyen de se faire connaître.

Outre-Atlantique, certains ont adopté des stratégies parfois très surprenantes : Cory Doctorow, par exemple, met ses romans en téléchargement libre sur son site. Si vous les aimez, il vous invite à le remercier en les achetant.

Boulet est un autre exemple : ses notes de blog sont accessibles à tous... mais vous pouvez également les trouver chez Delcourt.


J'ai donc l'impression qu'il existe une façon de concilier les deux arguments.

En combinant les deux réflexions, je me suis dit qu'il pourrait être intéressant d'adapter le concept des 24h de la BD à l'écrit – et en ce temps limité, le format nouvelle s'est imposé de lui-même.


uMdN : Comment s’est passée la première session ? Comment as-tu procédé pour motiver les troupes pour écrire vingt-quatre heures durant ?

Jérôme : Nous avons monté la première édition très facilement, en deux mois, en grande partie grâce à Cocyclics et au Co-Lecteur : les membres de ces deux forums ont été les premiers à s'intéresser à l'idée. Merci à tous ! Notamment à Cécile Duquenne, des Nuits d'écriture, ainsi qu'à Manon Bousquet et Tesha Garisaki, qui m'ont beaucoup aidé à tout organiser l'an dernier et cette année.

Il n'a pas vraiment été besoin de motiver quiconque : tout le monde était sur les starting-blocks (le compteur de vues du site a explosé lorsque nous avons tiré au sort la contrainte – un peu façon serveur de l'Éducation Nationale le jour des résultats du Bac). Ce sont au total 30 nouvelles qui ont franchi la ligne d'arrivée (http://24hdelanouvelle.org/les-nouvelles-2013/), pour 39 participants. Quelqu'un a même réussi à écrire 5 textes au fil de la nuit...

Je pense que plusieurs facteurs ont aidé : d'une part, la contrainte était à la fois "fun" et ouverte (il fallait placer dans le texte le titre d'au moins 5 chansons du même groupe ou artiste). D'autre part, la session ne dure "que" 24 heures, ce qui est relativement facile à caser dans son agenda.

Imaginez : le samedi à 14h, vous vous installez à votre bureau (ou dans votre salon, sur votre terrasse, dans le jardin...). Toute l'après-midi, la nuit et le matin, vous planchez avec des dizaines d'autres personnes sur la même contrainte, partageant leurs encouragements sur le chan des 24 Heures. Le lendemain, vous êtes l'heureux auteur d'un tout nouveau texte – qui n'aurait peut-être jamais vu le jour sans cela.

Pour moi c'est une nouvelle "bonus", et par conséquent ça me semble naturel de l'offrir gratuitement aux lecteurs.


uMdN : Et la deuxième session ? Peux-tu en faire un bilan ?

Jérôme : La deuxième édition a eu lieu du 31 mai au 1er juin dernier, avec cette fois pour contrainte qu'un animal devait jouer un rôle au moins mineur.

Nous étions 57, dont moitié de "vétérans" de 2013, mais aussi beaucoup de nouveaux venus d'autres horizons que Cocyclics et le Co-Lecteur : le signe, je pense, que le concept commence à tenir sur ses propres jambes. J'étais très curieux de voir ce que cela allait donner...

Les participants ont écrit 36 textes (http://24hdelanouvelle.org/les-nouvelles-2014/), allant de la littérature Blanche au Fantastique, en passant par l'Humour et le Polar. Si je peux citer quelques coups de coeur, sans ordre particulier :

• Un documentaire animalier sur une planète étrangère : http://24hdelanouvelle.org/2014/06/in-rust-we-trust/

• Un très joli exemple de mise en abyme : http://24hdelanouvelle.org/2014/06/on-y-sera-demain/

• Une version d'Alien un peu... particulière : http://24hdelanouvelle.org/2014/06/seule-dans-lespace/

• Une histoire d'amour et de sorcellerie : http://24hdelanouvelle.org/2014/06/la-biche/

• Et bien d'autres...

Quelqu'un m'a dit qu'au total, les textes représentaient plus de 200 pages sur sa liseuse. Tout ça en seulement 24 heures...


uMdN : C’est vrai que c’est impressionnant ! Et ta vision d’auteur sur ce projet ? Ça t’a semblé facile d’écrire une nouvelle si rapidement ou tu as plutôt l’habitude de prendre ton temps ?

Jérôme : J'écris plutôt aisément, mais je n'ai jamais assez de temps pour le faire. Du coup les 24h sont parfaites pour moi – il me suffit de bloquer à l'avance le jour entier.

J'avoue qu'avant la première édition, je me demandais un peu combien il y aurait de survivants si nous allions y arriver, surtout après avoir lu ce que raconte Boulet à propos de son expérience des 24h de la BD (http://www.bouletcorp.com/blog/2012/12/13/les-24h-de-la-bd-2/). C'est pour cela que nous avons fixé un minimum de taille assez faible : 5.000 sec ou plus (un peu moins de 1.000 mots). Au final, deux tiers des participants ont franchi la ligne d'arrivée.

En ce qui me concerne, c'est l'inverse : j'ai un peu de mal avec les textes courts (ma moyenne est plutôt dans les 50-60.000 sec), mais c'est bien, j'ai appris à faire plus concis.

Assez curieusement, après ces deux sessions, j'ai l'impression de savoir mieux "esquisser" : en 24 heures, on ne peut pas peindre une toile de maître, on ne peut pas non plus se dire qu'on y reviendra dans quelques jours ou quelques mois pour reprendre tel ou tel aspect. Par conséquent, il faut surveiller en même temps tous les éléments qui font une bonne histoire (l'intrigue, les personnages, les descriptions, le "Show vs. Tell", l'atmosphère, le suspense, etc.), et ne pas entrer trop dans le détail, mais y aller par petites touches quasi-impressionnistes.

Je serais d'ailleurs curieux de savoir si les autres vétérans des 24 Heures l'ont ressenti de la même façon. :)

uMdN : On verra ça un peu plus loin avec les réponses de Vestrit. Que retiens-tu de cette expérience ? (en tant qu’organisateur et en tant qu’auteur).

Jérôme : En tant qu'organisateur, je suis ravi de voir que l'idée prend. J'espère que nous serons encore plus nombreux la prochaine fois !

Je suis aussi très impressionné par le développement de certains participants. Si vous avez le temps, comparez ce que la même personne a écrit l'an dernier et cette année : beaucoup ont gagné en profondeur, en style et en maîtrise. C'est peut-être parce que nous sommes maintenant rodés ; mais c'est peut-être aussi un moyen de repérer quelques étoiles montantes, qui vont bientôt faire beaucoup parler d'elles...

En tant qu'auteur, je note que si j'avançais aussi vite que sur les 24 Heures, je pourrais boucler mon roman en quinze jours... Dommage qu'il faille dormir parfois ! ;-)




Vestrit (auteur)

uMdN : Bonjour Vestrit et merci d’avoir bien voulu répondre à mes questions ! Venons-en directement au fait : pourquoi avoir participé aux 24h de la nouvelle ? Qu’est-ce qui t’a attiré ?

Vestrit : Je connaissais déjà le principe des 24h de la BD. Suivant de nombreux blogs de dessinateurs, j’avais eu l’occasion de voir ce que ça donnait et je trouvais ça marrant comme défi.

Comment résister à son adaptation en mode nouvelle ? Une contrainte, 24h pour écrire le premier jet, il y a de quoi s’amuser, et j’aime m’amuser. Donc c’était parfait pour moi.


uMdN : Peux-tu décrire tes deux expériences ? Qu’est-ce qui t’a plu ? Quelles ont été les difficultés rencontrées ?

Vestrit : Je n’ai jamais les 24h parfaitement. L’an dernier, je travaillais, donc j’ai bossé en décalage. Cette année aussi, mais comme ça concernait le dimanche matin, j’ai tout simplement fait mes 24h en 10h.

La contrainte a été pour moi un vrai moteur. L’an dernier j’avais décidé de faire de la SF, un défi personnel. Manque de pot, mon choix d’artiste m’a guidée vers une histoire assez loufoque, un genre que j’ai baptisé le post-apo magique. Cette année, j’ai été moins motivée par la contrainte, mais comme elle correspondait à une version plus ouverte de ma propre proposition, j’ai joué avec le Capybara qui me titillait donc depuis une semaine.

Après, le plus dur je crois, c’est de maintenir la flamme de l’écriture tout du long. L’an dernier, je me bananais tellement à chaque paragraphe que ça avait coulé tout seul. Cette année, j’ai eu un petit coup de mou à mi-nouvelle, je suis partie m’aérer le neurone et je suis revenue pour terminer.


uMdN : As-tu échangé avec les autres auteurs durant ce défi ? Comment ça s’est passé ?

Vestrit : L’an dernier, je suis restée collée au chat tout du long. J’y avais trouvé une ambiance détendue et sympathique, où chacun partageait son avancée et encourageait les autres, un peu d’émulation aussi il me semble. Mes souvenirs sont flous.

Cette année, j’ai un peu boudé le chat. L’ambiance m’a moins plu, je n’ai pas trouvé de volontaire pour des word wars, alors plutôt que jouer les ronchons de service, je me suis déconnectée pour travailler dans mon coin. 





uMdN : Et les nouvelles ? Peux-tu nous en dire davantage ? Est-ce que l’idée était là avant ? Est-ce que la contrainte a été difficile a relever ?

Vestrit : Comme je le disais plus haut, j’adore les contraintes. Tout ça doit remonter à mes dissertations de collégienne je suppose. Bref, rien ne libère plus ma créativité. Et plus elle est contraignante, mieux c’est.

L’an dernier, je me suis totalement laissé porter. J’ai choisi mon artiste (Adèle) en me disant que si je traduisais ses titres mots à mots, ça donnerait des phrases cocasses et rigolotes à placer. Et c’était le cas. Je me suis tellement amusée que je n’ai pas vu les 24h filer.

Cette année, j’avais prévu de faire pareil. La contrainte (placer un animal) m’a paru trop large. Comme ma proposition personnelle (placer un Capybara) y collait et qu’elle avait semé une idée qui trainait dans ma tête depuis une semaine, je suis partie là-dessus. De l’humour, encore, j’y reviens avec une régularité sans faille.


uMdN : Et après ? Qu’en as-tu fait de ces textes ?


Vestrit : La nouvelle de l’an dernier a tenté sa chance chez Lanfeust après correction. En vain malheureusement. J’aimerais bien la placer, surtout que j’ai écrit un roman tiré de l’univers que j’ai créé, mais elle est assez originale, et n’est pas vraiment une histoire à chute, alors je ne sais pas trop quoi en faire.

Comme je suis têtue, et que le texte de cette année est aussi humoristique, il va suivre le même parcours. J’ai déjà mes retours, la nouvelle est en attente de corrections et d’envoi. 



uMdN : D’autres projets de nouvelle dans tes tiroirs ?

Vestrit : Malheureusement, oui. Muse est taquine et ne m’a jamais autant fourni d’idées à écrire qu’en ce moment où je traverse une période étendue de flemme et d’occupation intense. D’ailleurs, je ne pensais pas arriver à sortir quelque chose pour les 24h, comme quoi, le défi est même venu à bout de ça.




Je n'ai qu'une chose à dire après ça, encore merci à Jérôme et Vestrit pour leur participation et leur gentillesse et vivement les prochaines 24h !

lundi 30 juin 2014

Sorties à venir



Ces derniers temps, pas mal de nouveautés à lire pendant les vacances.




Commençons par les lectures épicées avec le nouveau numéro de l'Armoire aux épices :


Couverture Ophélie Bruneau

Présentation de l'éditeur : Tout le monde connait l'expression populaire "se faire passer la corde au cou". Pour ce numéro 21 de Piments & Muscade, nos auteurs l'ont détournée. Ils ont joué avec, nous offrant une vision épicée et pétillante des jeux du bondage.
Le tout en mélangeant joyeusement les genres, comme à notre habitude : vous trouverez donc forcément votre bonheur, entre contemporain, historique ou onirique, entre réalisme et fantastique.
Ouvrez donc ce nouveau numéro, vous vous laisserez bien attacher... promis, nous ne serrerons pas trop les nœuds.

Au sommaire :
Mémoires d’une corde, de Rosumée
Fixations, de Laëtitia Genetay
Cuir et lacets, d’Anne Rossi
Entraves et découvertes, de Luce Basseterre
Erreur de jugement, de Laëtitia Genetay
La lettre à Élise, de Véronique Sauvonnet
Entre ses mains, de Marie Angel
L’enlèvement, de Laëtitia Genetay

On continue avec le dernier recueil des éditions Malpertuis : Contes de l'entre-deux


Présentation de l'éditeur : Au cœur du fantastique, on trouve une qualité essentielle qui en anime les plus grandes œuvres : l’étrange. C’est bien ce parfum qui baigne les Contes de l’entre-deux et accompagne ses héros, qu’il s’agisse pour eux de disputer une partie d’échecs contre un chat qui parle, de rencontrer les fantômes d’une usine abandonnée, de trouver son chemin dans les compartiments d’un train lancé dans une course folle, ou encore d’affronter les conséquences du fait d’avoir toujours raison.

Si elles sont bien localisées dans le temps et l’espace — souvent en Europe centrale — c’est pourtant un vent venu d’ailleurs qui souffle sur ces énigmatiques nouvelles.

Le dernier Présence d'esprits.


Le prochain Bifrost (histoire de découvrir un peu plus Poul Anderson).


mardi 24 juin 2014

Le Mardi sur son 31 #1

Nouveau rendez-vous sur le blog, le mardi sur son 31 permet de faire un point sur les lectures en cours tout en dévoilant un extrait.


Le principe ? Le mardi, vous devez ouvrir votre lecture du moment à la page 31 et choisir une phrase de cette page. Elle peut être révélatrice du roman, vous plaire ou vous déplaire, bref, n'importe quelle phrase qui touche, vous marque peut faire l'affaire.


Aujurd'hui, je continue ma lecture de Führer prime time de Johan Heliot. 



La page 31 nous en apprend un peu plus sur ces Avatars historiques devenus stars des émissions télé :

"Le public se fout de la condition des Avatars historiques, parce qu'ils sont hautement périssables. Jetés directement après l'usage". 

Je suis impatiente de le terminer pour pouvoir connaître le fin mot de l'histoire.

En parallèle (même si ça n'a pas trop de rapport avec les nouvelles ni la SFFF) je lis Le Spleen de Paris de Baudelaire et je ne peux m'empêcher de partager avec vous cette phrase du poème "Les foules" (à la 31e page du recueil) :

"Le poète jouit de cet incomparable privilège, qu'il peut, à sa guise, être lui-même et autrui."


dimanche 22 juin 2014

Nouvelle de la semaine #22

Avec la reprise du blog, on reprend aussi les rendez-vous hebdomadaires ! Et pour ouvrir cette 22ème nouvelle de la semaine j'ai choisi Fer et talons, nouvelle de Dominique Lémuri publiée dans le numéro 17 du fanzine Piments & Muscade.

*Fer et talons* - Dominique Lémuri



J'ai toujours apprécié les nouvelles publiées par l'Armoire aux épices ; elles me mettent de bonne humeur et sont comme des petits rayons de soleil dans ma journée. D'ailleurs c'est plus ce point qui m'intéresse que l'érotisme des nouvelles puisque je suis souvent laissée sur ma faim à ce niveau. Pas toujours cependant. C'est la raison pour laquelle j'ai décidé de vous parler de la nouvelle *Fer et talons*


Pourquoi lire cette nouvelle ?

Pour cet étrange mélange de danse et de perfection de désir et de frustration. Je n'avais pas ressenti de telles émotions à la lecture depuis un bon moment.

Un personnage ?

La lionne. On ne connait pas son nom, on ne sait pas vraiment qui elle est mais elle joue parfaitement le rôle de passeur. J'ai beaucoup aimé sa subtilité, la manière dont elle évolue et son regard plus désenchanté que cynique.

Une scène clé ? 

La première apparition de la lionne (ce n'est pas du tout un personnage central mais il permet le déclenchement de l'histoire)(et mon dieu, quelle prestance !).

Un petit aperçu ?

Elle dansait comme si le studio lui appartenait, ou plutôt comme si elle cherchait à séduire le monde entier. À plusieurs reprises, son oeil croisa le mien dans la glace. Je remarquais le renflement de ses seins dans le décolleté un peu serré.

Où trouver la nouvelle ?

Dans le numéro 17 de Piments & Muscade.

jeudi 19 juin 2014

Ferrous Occire - Aurélie Wellenstein

Titre : Ferrous Occire. 

Auteur : Aurélie Wellenstein 

Éditeur : Présence d'Esprits

Nombre de pages : 144 

Prix : 11 € 

Couverture : Virgilles



Quatrième de couverture :

Aurélie Wellenstein aime le noir. Chez elle pas de héros, pas de beau prince charmant. Juste des personnages ordinaires confrontés à des événements qui les dépassent... et les dévorent, parfois. Dans son univers foisonnant, les sujets d’expérience se muent en bourreaux, les petits garçons sont pris au piège sur les toits d’une ville sans fin, les steppes froides des pays nordiques cachent d’anciens maléfices, les coins reculés de l’espace regorgent d’une vie pas toujours bienveillante, mais parfois aussi des licornes emmènent les enfants à l’abri...

Pour cette première « cuvée » d’Aventures Oniriques et Compagnie, ces neuf nouvelles dégagent des arômes âpres et sans concession, avec çà et là de petites touches d’humanité pure.

Mon avis :

Quand j'ai entendu parler de ce recueil, j'ai sauté de joie. J'aime énormément la plume d'Aurélie et j'avais hâte de pouvoir lire davantage de ses nouvelles. Quand j'ai vu la couverture, mon coeur à fait un nouveau bon. Non seulement j'aime sa plume mais j'aime aussi sa capacité à traiter des sujets sombres, sanglants et malsains. Autant dire que j'ai ouvert le recueil avec de l'impatience et une pointe d'appréhension : est-ce qu'il allait être à la hauteur de mes attentes ? 
Je ne vais pas faire durer le suspense, non seulement Ferrous Occire était à la hauteur de mes attentes mais il les a même dépassées. Les textes sont toujours sombres, toujours violents, troublants, malsains, mais il en émane quelque chose de plus fort encore, une étincelle d'espoir ou de folie, quelque chose de profond qui transcende la lecture et les images pour s'installer dans l'esprit et rester à la frontière de la conscience. Pour faire simple, ce sont des textes qui marquent et dont on ne sort pas indemne.
"Des Profondeurs" : la nouvelle qui ouvre le recueil est étrange, perdue dans les ombres et dans les peurs enfantines. La quête de l'identité dévoile petit à petit une horreur plus réelle, plus palpable, que celle qui hante le monde de cauchemars dans lequel le héros est enfermé et j'ai adoré ce parcours. 

"Le Catalyseur" : c'est simple, la nouvelle m'a renversée et m'a définitivement plongée dans le recueil. C'est une histoire de domination/soumission sauce fantasy (celle qui sang la boue et le sang et qui n'est pas très jolie à voir). La relation entre bourreau et victime est superbe, la dépendance qui se tisse petit à petit entre les personnages diablement maîtrisée et subtile. Mon premier coup de coeur du recueil. 

"Jade et le G." : On retrouve dans cette nouvelle un écho de la première qui s'étire dans l'espace grâce au vide et à la solitude. Ici, cette dernière est au coeur du texte et permet de mieux souligner la puissance vertigineuse du G., créature monstrueuse, cosmique, terrifiante. Perdue dans l'espace, la narratrice, Jade, se retrouve confrontée à l'immensité et au chaos et il y a un je-ne-sais-quoi de terrifiant et fascinant à la fois dans la manière dont le thème est traité.

"Sac d’os" : une nouvelle troublante, virtuose, renversante. Il y a dans les images et les symboles qu’elle véhicule une terreur primale, animale, bouleversante. Sa fin est magistrale (ça fait beaucoup, je sais mais elle m’a retourné les tripes et j’en frisonne encore en y repensant). Un autre coup de cœur.

"Vade retro Satanas ! " : après un texte comme Sac d’os, Vade Retro Satanas est une bouffée d’air frais (enfin, en quelque sorte). On suit ici les aventures de Samuel et de son fidèle Creepy (ou bien est-ce l’inverse ?) partis exorciser un manoir hanté par une créature aux mœurs très légères. L’ambiance est sombre mais les interactions entres les personnages ajoutent un éclat de folie joyeuse à l’ensemble et je n’ai regretté qu’une chose à la fin, ne pas avoir d’autres aventures du duo à me mettre sous la dent !

"Maison rouge" : après les maisons hantées par des démons, nous voilà dans les immeubles infestés de zombies et des créatures pires encore. L’atmosphère s’appesantit alors que la tension grimpe en lèche. On suit ici un groupe de rescapés qui parcourt l’immeuble à la recherche d’un abri. Malgré le mouvement, il y a comme l’ombre des murs qui se rapproche et se referme sur eux à mesure qu’ils avancent. Là encore, le rythme du récit est parfaitement juste, oscille entre lenteur et crispation pour mieux captiver le lecteur.

"Trash Vortex" nous enferme cette fois sur un bateau-prison perdu au milieu d’une mer de déchets. Un nouveau huis clos qui voit disparaître chaque nuit un personnage emporté par un mystérieux meurtrier. Le décor et l’ambiance brûlante donnent au texte une atmosphère hors du temps et du monde et permettent une réflexion intéressante sur l’évolution des mythes.

"Sur son dos" : ici encore, je n’arrive pas à trouver les mots pour parler de ce texte. Après ma première lecture, j’avais trouvé cette histoire de fin du monde et de licorne-percheron mignonne avec quelque chose de charmant malgré l’aspect apocalyptique mais depuis quelques jours, je n’arrive pas à me la sortir de la tête. Il y a un équilibre étrange entre une naïveté enfantine et un réalisme presque cynique qui donne une dimension plus complexe au texte. Ma deuxième lecture m’a laissée beaucoup plus émue et touchée que la première.

"Ferrous Occire" : la nouvelle qui donne son nom au recueil est aussi celle qui le clôt. On retrouve la fantasy propre à l’auteur dans ce texte : peuples en guerre, batailles, magie de sang, etc.  Mais, contrairement à "Sac d’Os" où au "Catalyseur", il y pointe comme une lueur d’espoir qui permet de refermer le recueil avec un étrange sourire aux lèvres et l’impression d’avoir vécu mille vies et mille sentiments. 

Le petit plus du livre : la couverture et les petites illustrations évolutives qui séparent les paragraphes et qui sont spécifiques à chaque nouvelle.


mardi 17 juin 2014

Top Ten Tuesday #4


Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon le thème littéraire défini.

Ce rendez-vous a initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani.

Top ten Tuesday du jour : les dix livres à lire sur la page.

Dans la liseuse : 

1- Les nouvelles de la décade de l'imaginaire.


2- Univers 9 d'Outremonde : Incroyables créatures (les noms au sommaire sont alléchants).


3- Le numéro 3 de la revue Etherval (dont j'entends beaucoup de bien) : Mare Nostrum.



4- Quelques nouvelles du projet Bradbury de Neil Jomunsi 

En version papier : 


5- Sept secondes pour devenir un aigle de Thomas Day (parce que je l'ai depuis sa sortie et que je n'ai pas encore eu le temps de le lire). 


6- Les numéros 74 et 75 de la revue Bifrost 



7- L'anthologie Super-héros de Parchemins & Traverses.


8- À la fleure de l'épée, 20e numéro de Piments et Muscade.


9- Coeurs de loups aux éditions du Riez.


10- Malpertuis V aux éditions Malpertuis.



lundi 16 juin 2014

Reprise du blog

Et voilà !
J'ai longtemps cru qu'après des mois d'agonies, il allait s'éteindre et mourir.
Il a même failli se transformer en mort vivant tant l'envie de le reprendre me tiraillait alors que je n'avais clairement pas le temps d'écrire des articles. 
Heureusement, la flamme est restée.
Pourquoi ?
Tout simplement parce que le texte court doit être défendu et qu'une voix supplémentaire ne lui fera pas de mal et parce que les petites maisons d'édition publient souvent des pépites trop rarement mises en lumière.

Le blog reprend donc ces quartiers d'été avec un tout nouvel habit. 

Au programme que du bon, du très bon, des mots qui pétillent comme des bulles de champagne : Ferrous Occire d'Aurélie Wellenstein, l'anthologie Zombies publiée par Griffe d'Encre, la nouvelle formule de la revue Fiction, des interviews, les nouvelles de la semaine et autres nouveautés !

Je ne résiste pas à l'envie de mettre la couverture du recueil que je trouve terriblement puissante. 


Et pour fêter ce renouveau, je vous propose de parler d'un événement très chouette organisé par l'Atalante : les décades de l'imaginaire (et la bannière des décades est renversante en plus !). 



Le but de la décade ? Proposer, du 9 au 18 juin, des romans en format numérique à prix réduit mais surtout une nouvelle gratuite presque chaque jour (8 nouvelles sur 10 jours) ! Cette année, c'est l'imaginaire féminin qui est mis sur le devant de la scène avec 8 auteurs qui proposent 8 incursions dans leurs univers. 

Le programme : 

10 juin : Quand arriva la fin du monde, en fin de matinée de Anne Larue
11 juin : Le miroir d’Electre de Jeanne-A Debats
12 juin : Burgundia Remanence de Danielle Martinigol
13 juin : Homéostasie de Laurence Suhner
14 juin : Vers les airs de Camille Brissot
16 juin : Du rififi entre les oreilles de Anne Fakhouri
17 juin : Horizon de Carina Rozenfeld
18 juin : Aknaktak de Sylvie Denis
Pour aller plus loin, faites un tour par ici pour lire l'interview de Denis Detraz qui s'occupe du numérique chez L'Atalante. 


mardi 3 juin 2014

J-13

Bientôt la fin des oraux.
Bientôt les vacance.
Bientôt le retour du blog.