dimanche 28 octobre 2012

NdS # 8

Compte-rendu de certains évènements survenus à Londres – China Mieville

Le site du Belial propose chaque mois une nouvelle à télécharger gratuitement. Celle de juin 2012 était une nouvelle de China Mieville qui venait de remporter le Grand Prix de l'Imaginaire après cinq autres grands prix internationaux en 2009 et 2010 (dont le prix Hugo) pour son roman The City & the City.


Pitch : 

L'auteur internationalement connu China Mieville ( :-D ) reçoit un colis destiné à un certain Charles Melville, habitant dans une rue dont le nom ressemble à celle du mauvais destinataire. Le narrateur ouvre le paquet et découvre une pile de vieux papiers qui rapportent les agissements d'un club enquêtant sur d'improbables "rues sauvages".


Pourquoi la lire ?
Pour percer le mystère des documents mystérieux et presque incompréhensibles en même temps que le narrateur, documents qui nous entraînent inexorablement plus loin dans la lecture jusqu'à la conclusion, magnifique. Parce que China Mieville, comme à chaque fois qu'il évoque le thème de la ville dans ses textes, le traite avec une maestria et un réalisme confondant.


Une scène clé : La scène découverte du vieux paquet.


Un personnage : Le narrateur, qui partage ses pensées avec nous au fur et à mesure de sa lecture.



Un petit aperçu ? : 

"J'ai du mal à travailler, ces temps-ci. Je fais très attention aux carrefours. Je fixe du regard les pourtours de brique (ou de ciment, ou de pierre) où les autres rues croisent celles que je parcours, en m'efforçant de me rappeler si je les ai déjà remarquées. je lève brusquement la tête en passant, pour repérer toute survenance précipitée. Je ne cesse d'apercevoir des mouvements furtifs sans découvrir autre chose, en redressant soudain la tête, qu'un arbre agité par le vent ou une fenêtre ouverte. Mon angoisse - sans doute, pour être franc, devrais-je dire "mon pressentiment" - ne me quitte jamais."

Où trouver la nouvelle ?  Dans le Bifrost 53, où elle est parue originellement à commander sur le site du Belial ou à trouver d’occasion à la librairie Scylla à Paris (par exemple).

mercredi 24 octobre 2012

Origines # 1

Voici le premier billet d’une série destinée à vous faire redécouvrir les classiques de la nouvelle SFFF. La rétrospective d'aujourd'hui est consacrée à Maupassant, lequel, vous l’apprendrez sans surprise, est un de mes auteurs préférés. J’ai relu ses contes fantastiques dans une vieille édition, mais de votre côté, n’hésitez pas à les télécharger gratuitement sur ce site, par exemple. 



Dans mon recueil, un certain nombre de textes sont à la limite du genre et personnellement, je ne les y aurais pas classées. Je me suis donc focalisée sur les nouvelles les plus fantastiques. Parmi celles-ci voici ma crème de la crème, fourrée aux incontournables : 

* Aussi bien dans “Main d’Écorché” que dans “La Main”, un membre momifié se mue en arme dangereuse. Le second texte est postérieur au premier et lui est à mon avis supérieur. L’aspect enquête est plus fouillé et l’ambiance plus angoissante que dans sa prédécesseuse (si j’ose m’exprimer de la sorte). 

* Dans “La Chevelure”, un homme se prend de passion pour une tresse blonde retrouvée à l’intérieur d’un vieux meuble. On suit la progression de sa folie à travers son journal (un artifice narratif dont Maupassant est friand). 

* Je m’en voudrais de ne pas citer le célébrissime “Horla”, précédé de deux versions, l'une intitulée “Le Horla” aussi, l’autre “Lettres d’un fou”. Chaque nouvelle gagne en tension et en immersion jusqu’au paroxysme de l’horreur dans la plus longue version. Un must read. 

* “L’Auberge” est un magnifique texte où se mêlent des descriptions somptueuses des Alpes en hiver à un huis-clos angoissant à l’intérieur d’un gîte isolé. Cette nouvelle était une découverte pour moi (et pourtant, j’en ai lu du Maupassant !) et un véritable coup de cœur. 

* Enfin, je signale à votre curiosité deux nouvelles de SF légère (des années 1880, donc) : 
> "L’Endormeuse", un texte surprenant sur l’euthanasie, encore très d’actualité ; 
> "L’Homme de Mars", où l’auteur développe des problématiques auxquelles il s’intéressait déjà dans le Horla, telles que la vie sur d’autres planètes ou l’évolution de l’espèce humaine.

D'autres nouvelles fantastiques de Maupassant vous ont-elles marqué ?

M.

dimanche 21 octobre 2012

NdS # 7

Indicible ! de Jacques Fuentealba.

Les thématiques de Pénombre, fanzine du projet Transition, m'ont toujours plu même si parfois, je trouvais que les textes n'allaient pas au bout de leurs idées. Le n°3, consacré à la foule est le premier à m'avoir offert une nouvelle pile comme je les attendais, sombre, terrible et sans espoir.

Pourquoi la lire ? Pour l'ambiance de ténèbres et d'horreur et pour les monstres que les écrivains créent parfois avec trop de réalisme.

Une scène clé : La découverte de l'Homme de Sang, du Boucher de la Pluie, des Écorchés de l'Enfer (j'aurai aimé lire une nouvelle avec chacun d'entre eux).

Un personnage : L'Homme de Sang, une idée brillante.

Un petit aperçu ? : "Comment ? Pourquoi et enfin, Qui ou Quoi ? dit-elle en désignant les cartes de gauche puis celles du milieu et de droite.

— Comment ? répéta-t-elle en retournant la première carte. Le Diable. Un pacte, un rituel ou une cérémonie païenne. De la sorcellerie… (Ses yeux s'agrandirent.) Ou de la magie noire. Vous avez joué avec le feu."


Où trouver la nouvelle ? : Faites un saut sur le site du fanzine.

jeudi 18 octobre 2012

Des nouvelles de Ta-Shima


Anecdote : Lorsqu'on m'a parlé de ce recueil, pour la première fois, je me suis dit, mouais, bof. J'ai appris qu'Adriana Lorusso avait écrit deux romans, se situant dans cet univers, publiés par Bragelonne et, en général, les romans de Bragelonne me plaisent rarement. Du coup, j'ai ouvert le livre avec un a priori plutôt négatif en me disant que, de toute manière, je n'étais pas obligée de tout lire. Et, une fois encore, le dieu des lecteurs (parce qu'il y en a un, si, si, croix de bois, croix de fer…) m'a encore montré que je pouvais faire un petit tas avec mes a priori et aller le brûler dans un coin (ça c'est la version gentille, l'autre est un peu plus douloureuse).

 

 


Titre : Des nouvelles de Ta-Shima

Auteur :
Adriana Lorusso

Éditeur : Ad Astra

Nombre de pages :
224

Prix : 13 €

Illustration :
Laurent Guillet

Quatrième de couverture : Ta-Shima, planète fascinante. Suite à sa colonisation accidentelle par les humains - les premiers d'entre eux étaient des fugitifs - et à leur cohabitation forcée avec la mortelle faune locale, Ta-Shima, au fil des âges, devient le centre d'enjeux politiques, humains, où se joue le destin de deux communautés, étroitement liées : les Asix et les Shiro. Avec, en toile de fond, l'ombre de la toute-puissante Fédération interstellaire...

Mon avis :

Des nouvelles de Ta-Shima nous entraînent sur une étrange planète, loin au-delà de notre système solaire (d'ailleurs, je me demande si la capitale de la Fédération est bien liée à notre Terre ou si je me suis totalement fourvoyée (mais là n'est pas la question)). On y verra aussi bien des autochtones, des immigrés ou des nouveaux venus qui découvrent cet univers pour la première fois et c'est avec plaisir que je me suis laissé guider par l'écriture d'Adrianna Lorusso, portée par ses images.

Je ne partage pas entièrement l'avis de l'éditeur à propos de la violence et de l'âpreté des nouvelles (le côté sans concession, par contre, je l'ai bien ressenti : l'auteur ne ménage pas ses personnages et encore moins ses lecteurs). J'ai trouvé que l'ensemble des textes oscillait entre une sourde mélancolie et une note d'espoir qui souhaite éclater ; c'est une tension très forte, perceptible à chaque nouvelle, qui offre au recueil un équilibre qui m'a beaucoup touché.

Le recueil s'ouvre avec "L'homme d'au-delà du soleil". On y suit les péripéties de N'Tari capitaine d'astronef qui perd son titre et son vaisseau suite à l'explosion d'un des moteurs de l'appareil. Obligé de retrouver sa concubine Asix (l'un des peuples de Ta-Shima) sur Ta-Shima, il doit également se soumettre à la vie de clan des Asix. À travers les péripéties qu'il rencontre, le lecteur découvre à la fois la planète et sa société. N'Tari va devoir apprendre à s'intégrer au clan de sa compagne, se comporter et vivre en Asix pour être accepté parmi eux. C'est ce dernier point qui est très fort. Adriana Lorusso introduit son univers à petites touches, sans perturber le lecteur. C'est une nouvelle qui permet de découvrir Ta-Shima mais aussi de réfléchir sur les relations entre les peuples qui y vivent et les autres, qui y viennent pour le commerce. Le message de tolérance qui coule le long de cette nouvelle se mêle à une réflexion sur l'être et le paraître qui m'a tout de suite plu.

"Mutation spontanée" est une nouvelle qui nous entraîne à l'intérieur des terres de Ta-Shima. Frey et son frère, Dic, deux jeunes Asix viennent d'être mutés dans une maison de vie pour y apporter de l'aide et subir divers tests. Cette fois, la société se dévoile de l'intérieur. Lire le quotidien de deux jeunes Asix permet une immersion un peu plus profonde. On en apprend ainsi un peu plus sur la relation entre Asix et Shiro, sur leur rôle respectif et sur leur manière de vivre (ensemble puis chacun de leur côté). Ce qui m'a plu, dans ce texte, c'est le contraste entre le paysage et le ton parfois bucolique et l'intrigue. L'atmosphère a anesthésié mon côté tatillon et je n'ai pas prêté attention à la force du fond, jusqu'à la fin qui m'a heurté de plein fouet.

Avec "Miséricorde et Pénitence", on quitte Ta-Shima pour aller s'intéresser à Neudachren, capitale de la Fédération, et à la religion qui s'y est développée sous le nom du Temple. Miséricorde est un moine, orphelin, ni meilleur ni pire que la plupart d'entre eux mais sa ressemblance avec les Asix le conduit à devenir missionnaire sur Ta-Shima. Une fois arrivé, il s'aperçoit que le Temple utilise la famine qui s'étend sur la planète pour échanger des heures de cours religieux contre de la nourriture. C'est à ce moment que le personnage de Miséricorde prend toute son ampleur et je m'y suis très rapidement attaché. Sa naïveté oblige le lecteur à s'interroger sur la mission du Temple (assez classique dans son développement) mais aussi sur le caractère des Ta-Shimoda. Avec le recul, je m'aperçois que la nouvelle marque un vrai tournant dans le récit : on commence enfin à cerner les interactions entre Asix et Shiros mais aussi entre Ta-Shimoda et citoyens de la Fédération et les nouvelles qui suivent nous entraînent doucement vers la fin, inéluctable, de la dernière nouvelle.

"Les Asix font du tourisme" est une nouvelle à l'apparence plus légère que la précédente. Un groupe d'Asix travaillant sur un astronef fait escale à Neudachren puisqu'ils n'a rien d'autre à faire (j'aime la mentalité des Asix, elle est savoureuse). À partir de là, les situations s'enchaînent, rocambolesques et loufoques. Mais toute la beauté et la force de ce texte résident dans sa fin, celle où on voit les Asix redevenir eux même en rentrant sur leur planète. Et là, la cruauté sous-jacente dévoilée légèrement dans les nouvelles précédentes explose.

Avec "L'animal de compagnie", Adriana Lorusso nous entraîne, une fois encore, sur les traces d'un Asix : Yann n'a jamais été très doué à l'école mais il a un don avec les animaux. Aussi, lorsqu'il se voit affecté à un des plus grands élevages de Ta-Shima, c'est comme un rêve qui se réalise. Mais à force de rester proche des animaux, Yann s'éloigne de ses compagnons. Cette nouvelle forme une sorte de parenthèse avec l'ensemble du recueil. "Une sorte" seulement parce que l'auteur nous entraîne encore sur les traces de la psychologie Asix et de la relation qu'a ce peuple avec Ta-Shima. La relation entre Yann et son animal de compagnie peut être vue comme une métaphore de la relation Shiro/Asix et là est toute la force de la nouvelle : elle n'est qu'un reflet de ce qui va arriver dans le texte suivant.

Comme son nom l'indique, "La fin du monde" va nous montrer la fin d'un monde mais, jusqu'à la toute fin de la nouvelle je n'ai pas bien compris de quoi il était question. Parce que l'écriture d'Adriana Lorusso est subtile et elle prouve une nouvelle fois son habileté à jouer avec sa plume. Tantôt évidente tantôt pleine de mystère, cette dernière nouvelle m'a bouleversé. Nous n'assistons pas seulement à la fin d'un monde mais aussi à la fin d'une aventure. C'est ici que se termine notre chemin aux côtés des Asix et des Shiros, c'est ici aussi qu'on s'aperçoit de la méticulosité de l'auteur et de l'éditeur, de ma manière dont ils ont tissé doucement leur toile. Ce sont des adieux que nous font les personnages et chacune des nouvelles n'a servi qu'à nous mener vers ce point.

Le petit plus : cette perfection dans le déroulement des nouvelles et dans la manière de jouer avec les émotions (et des personnages et des lecteurs). Tout cela atteste que, décidément, Ad Astra est une maison d'édition à suivre assidûment !

mardi 16 octobre 2012

Le dernier dimanche de M. le chancelier Hitler.

Anecdote : Livre trouvé au détour d'un couloir de bibliothèque (alors que j'étais en mission recherche novellas désespérément). Emprunté un jeudi, terminé le vendredi, ce texte m'a tenue en haleine non pas à cause de l'intrigue mais à cause de la tension qui se crée autour des personnages (et surtout, autour de son personnage principal).
 



Titre : Le dernier dimanche de M. le chancelier Hitler.

Auteur :
Jean-Pierre Andrevon

Éditeur : Après la lune

Nombre de pages : 120

Prix :
9 €

Couverture :
Stanislas Marçais

Quatrième de couverture :

C’est un petit bonhomme grisonnant, aux mains tremblantes, vêtu d’un costume gris étriqué. Il perd ses cheveux, ses yeux faiblissent, mais il a horreur d’être vu avec des lunettes. Il est atteint de la maladie de Parkinson et on lui soupçonne un début d’Alzheimer. Il habite un petit trois-pièces dans South Brooklyn avec sa femme Éva. Autrefois Éva Braun. En cette année 1949, cela fait quatre ans que le petit bonhomme a été accueilli aux États-Unis, où il vit sous la surveillance constante du FBI. C’est que, jusqu’en mai 1945, il était chancelier du Troisième Reich. Son nom : Adolf Hitler. Son destin ? Pas brillant : bien qu’il soit loin d’en douter, il n’a plus que deux jours à vivre.

Mon avis :

1949. Hitler à bien changé depuis qu'il a fui l'Allemagne et trouvé asile aux USA. Comme le dit la quatrième de couverture, on le retrouve diminué, malade, le regard tourné vers le passé et sa gloire d'antan. Ces quelques jours que nous passons dans sa tête sont à la fois étranges et dramatiques. Beaucoup d'avis, lu ci et là, ont parlé de la force du portrait, léché, au vitriol, brutal aussi mais jamais pathétique (parce que, qui va aller compatir devant l'homme le plus haï du monde ?). Pour ma part, ce n'est pas ce portrait qui a marqué ma lecture, c'est plutôt la force d'écriture de Jean-Pierre Andrevon, sa capacité à peindre un homme déchu, un fantôme passé qui y est rattaché.

Ce n'est pas tant Hitler que j'ai lu dans cette novella, ce n'est pas le destin d'un personnage historique, de l'emblème d'une époque sombre ; c'est celui d'un homme qui se dégrade et qui ne cesse de comparer ce qu'il a été et ce qu'il est. La force de ce texte tient en cette réflexion sur cette incapacité de l'homme à combattre la maladie quand elle le ronge et diminue son corps et son esprit. Il y a une mélancolie certaine dans l'esprit de cet homme voué à ressasser ses années de gloire enfermé dans un pays hostile, dans un corps hostile, dans un esprit qui commence à l'être tout autant et c'est ce qui m'a touché dans cette novella.

Le petit plus du livre : le cynisme et la noirceur (autour de l'être comme de la maladie).


I. 

dimanche 14 octobre 2012

NdS # 6

Raven Party - Nathalie Dau


Munie depuis peu d'un ebook, je me suis aventurée dans les contrées sombres des textes numériques en me jetant en premier sur les textes proposés gratuitement par les éditeurs (je vous épargne le côté épique de mes tentatives de payement en ligne, je ne pense pas que ce soit vraiment intéressant). Donc, pour promouvoir un auteur/recueil/anthologie, certaines maisons d'édition n'hésitent pas à offrir une nouvelle pour que le lecteur se fasse une idée de l'ensemble de l'anthologie/recueil. J'ai été très agréablement surprise de voir que "Raven Party", extrait des Contes Myalgiques II de Nathalie Dau était proposé gratuitement par Griffe d'Encre. Je remercie donc Griffe d'Encre pour cette initiative et Nathalie Dau pour cette nouvelle. Vos recueils sont à présent sur le haut de ma pile à lire.

Pourquoi lire la nouvelle ?


Pour la plume de Nathalie Dau, émouvante et précise et pour ses personnages qui le sont tout autant.

Une scène clé : Lorsque Lise rencontre Erl.

Un personnage : Erl, évidemment (entouré de mystères et de ténèbres, comment ne pas succomber).

Un petit aperçu ? : Il n'y eut plus d'angoisse, et plus de larmes ni de doute. La vie devint un rêve sombre, que la lune éclairait d'un sourire.

Où trouver la nouvelle ? : Sur le site de Griffe d'Encre.

vendredi 12 octobre 2012

L'Après-dieux - Maëlig Duval

Il y a quelques semaines, nous organisions un concours pour vous faire gagner la novella de Maëlig Duval, L’Après-dieux. Aujourd’hui, voici sa chronique.

Titre : L’Après-dieux 
Auteur : Maëlig Duval 
Éditeur : Griffe d’Encre 
Nombre de pages : 134 
Prix : 9,5 euros 


Quatrième de couverture : 
Albert Vaclau est fonctionnaire au bureau de la Reconstruction. 

Il évalue de 1 à 5 les dégâts de la guerre civile dans les villages à reconstruire. 
Il classe les organisations non gouvernementales de 1 à 9, selon leur niveau de sédition. 

Mais quand il rencontre Eva et son fils, il doit se rendre à l’évidence : aucune échelle de valeurs ne peut s’appliquer à eux. 

Mon avis : 
Ce texte nous plonge d’entrée dans une ambiance surannée, grâce aux paysages ruinés d’après-guerre civile et aux prénoms désuets des protagonistes. Albert, le personnage principal, m’a séduite d’emblée avec sa dignité empreinte de sensibilité. Le style à la fois poétique et réaliste nous entraîne dans une épopée où les mythes finissent par rejoindre la réalité. Où sont passés les dieux ? La réponse n’est pas aussi évidente que ce à quoi on s’attend, et la novella se termine sur une note douce-amère. Un premier texte très bien maîtrisé, tant dans l’atmosphère que dans la structure. 

Le petit plus : La possibilité de lire le début de la novella en ligne ici.

M.

mercredi 10 octobre 2012

Contes du monde - Alexis Lorens

Titre : Contes du monde 

Auteurs : Cyril Carau, Céline Guillaume, Yves Crouzet, Vincent Milhou, Ambre Dubois, Christophe Nicolas, Nico Bally, Charlotte Bousquet, Gabriel Feraud, Maëlig Duval, Andoryss Mel, Sandrine Scardigli, Pierre Brulhet, Olivier Boile, Élisa Dalmasso.

Éditeur : Éditions du Riez

Nombre de pages : 214

Prix : 16 euros, dont 3 reversés à l’association Bibliothèques Sans Frontières.




Quatrième de couverture :

Ce recueil constitue une fresque -émaillée de maints récits, de légendes oubliées, de contes modernes- de toutes les croyances, de tous les pays, de tous les temps. Une lecture passionnante sur un sujet ancestral.

Mon avis :
Un recueil rafraîchissant dans son ensemble et très dépaysant. Les auteurs ont vraiment fait un effort pour nous transporter dans les pays qui les ont fait rêver, pour donner une couleur locale à leurs textes. Ne pas croire cependant qu’il s’agit d’un recueil de contes pour enfants ; si le ton général est jeunesse, certains textes sont plus sombres comme celui de Charlotte Bousquet, voire grinçant comme celui d’Élisa Dalmasso.

Mon coup de cœur dans ce volume est :
 * “Miroir Lune” d’Andoryss Mel. Sur les rives du Lac Baïkal, une fillette assiste à un mariage imprévu entre l’eau et les étoiles. Une belle histoire d’amour russe, poétique et émouvante.

D’autres nouvelles que j'ai aimées :
* “Viva Amor” de Céline Guillaume. Un vaudeville brésilien coloré et virevoltant.

* “L’échine du monde” d’Yves Daniel Crouzet. Un vieux sage apprend à son disciple l’histoire du monde post-apocalyptique dans lequel ils vivent.

* “La fille aux clous” d’Ambre Dubois. Une jeune fille sans âge plante des clous toute la journée. Un conte philosophique et déroutant.

* “Les cinq génies” de Gabriel Féraud. Un conte du Moyen-Orient, teinté d’islam et de légendes du désert. Le système de récits emboîtés fonctionne bien. Le texte est très immersif.

* “L’Aquarium de Jules” de Maëlig Duval. Un compagnon imaginaire apprend à un enfant comment supporter l’idée de la mort. Doux et rafraîchissant.

* “Tsigana, la ballade de Katerina” de Sandrine Scardigli. Une petite tsigane se voit offrir d’aller à l’école. Attendrissant.

Bon voyage !

M.

mardi 9 octobre 2012

L'appel de l'ombre - Anne Rossi

Depuis hier, vous pouvez télécharger gratuitement le premier épisode de la série L'appel de l'ombre d'Anne Rossi. En attendant de découvrir la suite de la série, nous avons décidé de vous parler du premier épisode.



 

 Titre : L'appel de l'ombre (épisode 1des Passeurs d'ombre).

Auteur : Anne Rossi

Éditeur : Numeriklivres

Nombre de pages : 59

Prix : Gratuit (à télécharger ici).


Quatrième de couverture :
Dans un monde sans soleil où seule la chaleur monte du sol, des hommes et des femmes courageux appelés les passeurs d’ombre sont les seuls humains capables de transiter d’une ville à l’autre pour vendre leurs marchandises et escorter les voyageurs. Les Terres Noires sont peuplées de créatures dangereuses appelées les Surnaturels. Seuls les passeurs d’ombre, même au péril de leur vie, savent comment les éviter et surtout comment les affronter.

Mon avis : Je connais la plume d'Anne Rossi depuis un peu plus de trois ans maintenant. C'est elle, je crois, qui m'a donné vraiment envie de me pencher sur les nouvelles, de découvrir les petits fanzines, de me perdre dans les sentiers tortueux des webzines… En commençant la lecture de L'appel de l'ombre, je savais donc à peu près à quoi m'attendre. Enfin, c'est ce que je croyais. Ici, non seulement le dépaysement est complet mais en plus, il semble étrangement naturel, sans chichis ou trop longues descriptions. Ce premier épisode nous guide dans cet univers des Terres-Noires ou nous croisons chimères et démons. Éliane, jeune bijoutière pleine de talent, se sent à l'étroit à Mens, ville pluvieuse et sans attraits. Elle rêve de rejoindre Yspareille, persuadée que là-bas, son talent sera pleinement reconnu. Alors, une fois assez d'argent mis de côté, elle décide de tenter le voyage. Le problème ? Dans un monde dépourvu de soleil, seules les villes sont éclairées à l'aide de tours-miroirs et pour aller de l'une à l'autre, il faut traverser les Terres-Noires, éclairées par la seule lumière des étoiles. Aux côtés de deux passeurs d'Ombre, Ilan et Capricorne, Éliane découvrira des terres emplies de mystères et de dangers et en ressortira changée à jamais.


Je suis rentrée avec une facilité étonnante dans le monde des Passeurs d'ombre (moi qui suis plutôt tatillonne lorsqu'il s'agit de découvrir de nouveaux univers). Ses personnages vivants m'ont donné envie de les suivre sans me poser de question, leurs réactions, terriblement humaines sont soulignées par une plume légère et dynamique. J'ai lu le texte d'un trait, imprégnée jusqu'aux orteils dans cette histoire qui m'a tenue en haleine jusqu'à la fin.

Le petit plus :
Capricorne (qui porte terriblement bien son nom), personnage attachant, fort et émouvant. 


I.

dimanche 7 octobre 2012

NdS # 5



Chimères ! – Ugo Bellagamba

Pour cette première Nouvelle de la Semaine du mois d'octobre, proclamé par nos soins mois de la novella, voici évidemment la critique d'une petite novella.

Bifrost est une revue dont la qualité littéraire n’est plus à démontrer. À force d’en entendre parler, j’avais acheté un numéro au hasard (le n°36) dans lequel j’ai découvert Ugo Bellagamba à travers sa nouvelle “Chimères !”. Depuis, je suis fan de l’auteur, et tout ce que j’ai pu lire de lui me confirme dans cette voie.

Pitch : Sur Artémis, une planète foisonnant de monstres mortels, les habitants doivent se protéger à l’aide de gardes du corps mi-hommes, mi-animaux, les métas. On suit l’évolution de ce groupe durant trois générations d’héroïnes.

Pourquoi la lire ?
Pour sa force d’évocation, puissante, pour ses personnages justes et touchants, pour son univers dense, dont sont évoquées les dimensions quotidiennes, politiques et scientifiques, pour l’écriture douce et sensible, pour l’histoire forte, dramatique.

Une scène clé : Les scènes d’attaque des monstres d’Artémis, palpitantes.

Un personnage : Les trois héroïnes et leurs métas sont toutes très attachantes à leur manière.

Un petit aperçu ? : 
"Alors qu’elle roulait, écrasée de fatigue, de peur, de tristesse et de dégoût envers elle-même, alors que chaque feuille bruissait pour mieux lui signifier sa petitesse et lui rappeler le prix sanglant de ses certitudes, pas une fois Martha ne regarda derrière elle. Elle ne savait que trop ce qu’elle aurait vu : un sourire sauvage et cruel, celui d’Artémis qui se moquait des idéologies et des technologies d’une humanité grevée d’une arrogance à la mesure de sa fragilité."

Où trouver la nouvelle ? : Dans le Bifrost 36, à commander sur le site du Belial ou à trouver d’occasion à la librairie Scylla à Paris (par exemple).



M.

vendredi 5 octobre 2012

Crépuscules - Thierry Di Rollo

Anecdote : J'ai découvert Thierry di Rollo grâce aux Trois reliques d'Orvil Fisher que j'ai acheté parce que j'ai trouvé la couverture vraiment magnifique et je n'ai jamais regretté cette impulsion. Depuis, je me noie dans l'univers sombre de cet auteur avec grand plaisir.


Titre : Crépuscules

Auteur : Thierry di Rollo

Éditeur : actusf (collection les 3 souhaits)

Nombre de pages : 108

Prix : 8 €

Illustration : Lasth

Quatrième de couverture : Thierry Di Rollo est l’une des voix les plus passionnantes de la science-fiction en France. Chacune de ses histoires possède une force peu commune avec une poésie du désespoir effroyablement belle. Si ses univers sont noirs, c’est pour mieux dénoncer la folie humaine et tous les abus de notre société.

En six nouvelles, il nous entraîne dans des futurs qui déchantent et qui interpellent. Vous visiterez les mines de la planète Loren III, découvrirez d’étranges hippopotames chercheurs d’or, assisterez à des crucifixions puis, dans un autre récit, à l’étrange résurrection de cadavres...

Des textes superbes dans lesquels la mort n’est présente que pour mieux célébrer la vie.
Né en 1959 à Lyon, Thierry Di Rollo est l’auteur de plusieurs romans, dont La Lumière des Morts, La Profondeur des tombes et Le Syndrome de l’éléphant. Après Cendres, Crépuscules est son deuxième recueil chez Actusf.

Mon avis : Ce court recueil est une petite merveille. J'y ai retrouvé tout ce que j'avais aimé chez Orvil Fisher et plus encore. Les six nouvelles qui la composent possèdent chacune leur souffle propre mais on retrouve en filigrane un sentiment de mal-être, un côté sombre qui agit comme un fil rouge sur l'ensemble du recueil. Les textes sont sans espoir, lents parfois, durs et terribles souvent, et possèdent cette force évocatrice qui permet au lecteur de sentir le texte, de l'absorber et d'avoir, une heure, un jour, un mois après la lecture, cet arrière-goût particulier sur l'esprit qui donne envie de replonger dans les univers de Thierry di Rollo.

Avec Éléphants bleus, la première nouvelle, on découvre l'auteur de SF, celui qui peint la noirceur des mondes et donne aux animaux de la savane une place prépondérante. J'avais aimé les descriptions des girafes dans Les trois reliques d'Orvil Fisher, j'ai retrouvé ici la même magie dans celles des éléphants bleus. Mais il ne faut pas s'y tromper, la nouvelle n'est pas centrée sur eux. On suit ici une enquête sur Loren III, planète minière sur laquelle des mineurs meurent de manière étrange. Les mines et les entrepôts emplis de travailleurs offrent un décor poussiéreux, une atmosphère suffocante. L'intrigue autour de la mort de mineurs et leur relation avec d'étranges oiseaux est palpitante et la fin, touchée par une légère mélancolie m'a beaucoup touchée.

On reste dans le même univers (mais sur une autre planète) avec Hippo ! qui nous fait suivre le développement d'une nouvelle IA à l'apparence d'hippopotame qui permet d'aller fouiller le fond des fleuves à la recherche de l'or enfouit dans la vase.
L'ambiance est un peu moins forte que dans la nouvelle précédente mais la nouvelle est plus rythmée. C'est tout aussi agréable à lire et l'idée d'IA en forme d'hippopotames parfaitement justifiée et gagatisante pour quelqu'un qui, comme moi, aime ces espèces de grosses bêtes.  


Seconde mort m'a laissé un goût étrange sur les lèvres. J'ai été surprise de revenir au fantastique après mon intrusion dans la SF de Thierry di Rollo aussi j'ai eu un peu de mal à entrer dans la nouvelle mais rapidement, les personnages se sont imposés à moi et je me suis laissée emporter. Seconde mort c'est une histoire d'amour et de foi (pas religieuse, non, mystérieuse plutôt, celle qui vous fait voir au-delà du mur des réalités). C'est un texte assez étrange, parfois saccadé au début mais qui prend son envole petit à petit jusqu'à cette superbe dernière phrase que j'ai lue et relue à haute voix, comme une prière pour le personnage.


Un dernier sourire est la nouvelle que j'ai préférée du recueil. Elle est courte, puissante et très évocatrice. Je ne peux en dire trop pour ne pas spoiler tellement elle condense toutes les informations en un seul poing qu'elle vous envoie à la figure par la suite. La thématique peut paraître classique mais j'ai trouvé là une vision intéressante de l'âme humaine et de la notion de monstre.

La ville où la mort n'existait pas est, pour moi, une sorte de parenthèse, comme un souffle dans le recueil, pour mieux amener la dernière nouvelle. Il est question, ici, d'une histoire à rebours qui commence le réveil dans un cercueil et la transformation, progressive, du mort en vivant. La réflexion sur les changements incontrôlables et sur les réactions qu'ils entraînement est intéressante à suivre et le texte coule, fluide, au rythme de cette évolution à contre-courant.

La dernière nouvelle clôt avec brio ce court recueil. Tournée autour de la religion et la crucifixion, Le crépuscule des dieux est un texte tout en nuances et en mystère. Je n'ai pas tout compris à la première lecture et je pense que même après deux relectures, je n'en ai pas saisi toutes les subtilités. Cela ne m'a pas empêché de profiter de la fluidité et de l'atmosphère oppressante qui règne ici. Il y a une poésie certaine qui se dégage des dialogues et des réflexions des personnages et même si je suis passée à côté du sens profond de ce texte, il n'a pas atténué mon plaisir de lectrice ni par rapport à la nouvelle, ni par rapport à l'ensemble du recueil.

I.

mercredi 3 octobre 2012

Le Serpent d'Angoisse - Roland C. Wagner

Première novella chroniquée pour ce mois de la novella ! En passant, hommages à l'auteur mort dans un accident de voiture cet été... 

Titre : Le Serpent d’angoisse 
Auteur : Roland C. Wagner 
Editeur : Actu SF 
Nombre de pages : 85

 


Quatrième de couverture : 

“Grâce au semen of gods, riches et puissants peuvent désormais vivre leurs fantasmes les plus fous au sein de réalités virtuelles créées par un groupe de télépathes. Tout serait parfait dans ce paradis artificiel si un élément incontrôlable ne parvenait à s’immiscer dans les séquences mentales et à tuer les clients de la Telepathic Trips Organization, qui exploite la psychosphère. 

Au dehors, la révolte gronde. Le peuple prend les armes contre les élites avec un seul mot d’ordre : 
« Destroy The American Dream ! » 
Avec derrière lui une cinquantaine de romans, Roland C. Wagner est l’une des voix majeures de la science-fiction française. Véritable choc psychopunk, Le Serpent d’angoisse conte les prémisses de sa série la plus connue : Les Futurs Mystères de Paris. Vingt ans après sa parution et son prix Rosny aîné 1988, le voici enfin de nouveau disponible.” 

Mon avis :  

Les nombreux points de vue sont déroutants au début, mais les fils d’intrigue se rejoignent assez vite et l’histoire devient palpitante. L’alternance de scènes courtes, qui accélère le rythme, et le style très fluide m’ont poussé à dévorer l’ensemble. Le potentiel de la psychosphère, dans laquelle se retrouvent les esprits des télépathes et de ceux qu’ils y transportent, est exploré sous diverses facettes et ne m’a pas laissée sur ma faim. Enfin, j’ai beaucoup aimé la conclusion, à laquelle je ne m’attendais pas et qui est aussi philosophique que poétique. 

Un petit extrait p. 32 (une définition de la psychosphère selon un des personnages principaux) : 

“(…) j’étais moi-même demeuré bloqué dans cette « psychosphère » au sujet de laquelle les explications de Brian ne m’avaient guère éclairé. Univers parallèle ? Pure illusion ? Savant mélange des deux – comme par exemple une vacuole située sur un plan différent ? Je penchais pour une manière de monde abstrait, où la notion d’illusion elle-même se montrait illusoire – en ce sens qu’elle pouvait exister en tant que telle et devenait dès lors une para-réalité.”

Le petit plus : L’interview de l’auteur à la fin qui revient sur le parcours de sa novella, publiée originellement au Fleuve Noir en 1985. Trente ans plus tard, elle est disponible sous format numérique ! (c'est d'ailleurs sous ce format que je l'ai lue)

M.

mardi 2 octobre 2012

Les résultats du premier concours d'"Un monde de nouvelles"...

... récompensent cinq gagnantes :
* Cécile
* Anne
* Manon
* Laëtitia
* Elisabeth.
Toutes cinq ont été prévenues par mail et nous n'attendons que leurs adresses pour leur faire parvenir l'Après-Dieux (une très belle novella, chronique à venir sur ce blog à l'occasion de notre mois de la novella).



Le tirage au sort a été effectué par une main impartiale dans une boule de lessive. Merci à tous les participants, votre enthousiasme nous a donné envie de renouveler l'expérience de prochaines fois !

M.

lundi 1 octobre 2012

Mois de la novella !

Dans quelques heures, le concours l'Après-dieux sera clôturé et nous profitons de cette expérience pour lancer, sur le blog, le mois de la novella (et le joli petit dessin qui va avec).



Le principe ? 

Durant le mois d'octobre au moins un article par semaine sera consacré à la novella (billets sur une novella, top ten Tuesday, conseils de lecture, etc.).



Mais avant ça, une novella, qu'est-ce que c'est ?

'Novella' est un terme anglo-saxon désignant un texte compris entre 17 000 et 40 000 mots (soit, à peu près, entre 100 et 250k sec*). Pour faire simple, une novella ce n'est pas une nouvelle ni un roman, c'est entre les deux. Certains éditeurs français comme Griffe d'Encre ou ActuSF se sont spécialisés dans la publication de ce format.

Et, comme je ne suis pas très douée pour écrire mon amour à la novella, je laisse la parole à Menolly, directrice de la collection Novella des éditions Griffe d'Encre, pour vous en parler.



Si vous aussi, vous voulez participer au mois de la Novella, c'est facile : il vous suffit de copier le logo + le lien vers cet article et mettre un lien en commentaire vers vos billets, comme ça, ils seront recensés sur le blog dans une page rien que pour eux. Alors, qui est partant ?




*Les limites de signes varient en fonction des éditeurs et il est très courant de voir des novellas de moins de 100 000 signes être publiées