vendredi 5 octobre 2012

Crépuscules - Thierry Di Rollo

Anecdote : J'ai découvert Thierry di Rollo grâce aux Trois reliques d'Orvil Fisher que j'ai acheté parce que j'ai trouvé la couverture vraiment magnifique et je n'ai jamais regretté cette impulsion. Depuis, je me noie dans l'univers sombre de cet auteur avec grand plaisir.


Titre : Crépuscules

Auteur : Thierry di Rollo

Éditeur : actusf (collection les 3 souhaits)

Nombre de pages : 108

Prix : 8 €

Illustration : Lasth

Quatrième de couverture : Thierry Di Rollo est l’une des voix les plus passionnantes de la science-fiction en France. Chacune de ses histoires possède une force peu commune avec une poésie du désespoir effroyablement belle. Si ses univers sont noirs, c’est pour mieux dénoncer la folie humaine et tous les abus de notre société.

En six nouvelles, il nous entraîne dans des futurs qui déchantent et qui interpellent. Vous visiterez les mines de la planète Loren III, découvrirez d’étranges hippopotames chercheurs d’or, assisterez à des crucifixions puis, dans un autre récit, à l’étrange résurrection de cadavres...

Des textes superbes dans lesquels la mort n’est présente que pour mieux célébrer la vie.
Né en 1959 à Lyon, Thierry Di Rollo est l’auteur de plusieurs romans, dont La Lumière des Morts, La Profondeur des tombes et Le Syndrome de l’éléphant. Après Cendres, Crépuscules est son deuxième recueil chez Actusf.

Mon avis : Ce court recueil est une petite merveille. J'y ai retrouvé tout ce que j'avais aimé chez Orvil Fisher et plus encore. Les six nouvelles qui la composent possèdent chacune leur souffle propre mais on retrouve en filigrane un sentiment de mal-être, un côté sombre qui agit comme un fil rouge sur l'ensemble du recueil. Les textes sont sans espoir, lents parfois, durs et terribles souvent, et possèdent cette force évocatrice qui permet au lecteur de sentir le texte, de l'absorber et d'avoir, une heure, un jour, un mois après la lecture, cet arrière-goût particulier sur l'esprit qui donne envie de replonger dans les univers de Thierry di Rollo.

Avec Éléphants bleus, la première nouvelle, on découvre l'auteur de SF, celui qui peint la noirceur des mondes et donne aux animaux de la savane une place prépondérante. J'avais aimé les descriptions des girafes dans Les trois reliques d'Orvil Fisher, j'ai retrouvé ici la même magie dans celles des éléphants bleus. Mais il ne faut pas s'y tromper, la nouvelle n'est pas centrée sur eux. On suit ici une enquête sur Loren III, planète minière sur laquelle des mineurs meurent de manière étrange. Les mines et les entrepôts emplis de travailleurs offrent un décor poussiéreux, une atmosphère suffocante. L'intrigue autour de la mort de mineurs et leur relation avec d'étranges oiseaux est palpitante et la fin, touchée par une légère mélancolie m'a beaucoup touchée.

On reste dans le même univers (mais sur une autre planète) avec Hippo ! qui nous fait suivre le développement d'une nouvelle IA à l'apparence d'hippopotame qui permet d'aller fouiller le fond des fleuves à la recherche de l'or enfouit dans la vase.
L'ambiance est un peu moins forte que dans la nouvelle précédente mais la nouvelle est plus rythmée. C'est tout aussi agréable à lire et l'idée d'IA en forme d'hippopotames parfaitement justifiée et gagatisante pour quelqu'un qui, comme moi, aime ces espèces de grosses bêtes.  


Seconde mort m'a laissé un goût étrange sur les lèvres. J'ai été surprise de revenir au fantastique après mon intrusion dans la SF de Thierry di Rollo aussi j'ai eu un peu de mal à entrer dans la nouvelle mais rapidement, les personnages se sont imposés à moi et je me suis laissée emporter. Seconde mort c'est une histoire d'amour et de foi (pas religieuse, non, mystérieuse plutôt, celle qui vous fait voir au-delà du mur des réalités). C'est un texte assez étrange, parfois saccadé au début mais qui prend son envole petit à petit jusqu'à cette superbe dernière phrase que j'ai lue et relue à haute voix, comme une prière pour le personnage.


Un dernier sourire est la nouvelle que j'ai préférée du recueil. Elle est courte, puissante et très évocatrice. Je ne peux en dire trop pour ne pas spoiler tellement elle condense toutes les informations en un seul poing qu'elle vous envoie à la figure par la suite. La thématique peut paraître classique mais j'ai trouvé là une vision intéressante de l'âme humaine et de la notion de monstre.

La ville où la mort n'existait pas est, pour moi, une sorte de parenthèse, comme un souffle dans le recueil, pour mieux amener la dernière nouvelle. Il est question, ici, d'une histoire à rebours qui commence le réveil dans un cercueil et la transformation, progressive, du mort en vivant. La réflexion sur les changements incontrôlables et sur les réactions qu'ils entraînement est intéressante à suivre et le texte coule, fluide, au rythme de cette évolution à contre-courant.

La dernière nouvelle clôt avec brio ce court recueil. Tournée autour de la religion et la crucifixion, Le crépuscule des dieux est un texte tout en nuances et en mystère. Je n'ai pas tout compris à la première lecture et je pense que même après deux relectures, je n'en ai pas saisi toutes les subtilités. Cela ne m'a pas empêché de profiter de la fluidité et de l'atmosphère oppressante qui règne ici. Il y a une poésie certaine qui se dégage des dialogues et des réflexions des personnages et même si je suis passée à côté du sens profond de ce texte, il n'a pas atténué mon plaisir de lectrice ni par rapport à la nouvelle, ni par rapport à l'ensemble du recueil.

I.

2 commentaires:

  1. Bonjour à vous.

    Merci pour cette jolie critique. Cela fait plaisir. Content, en tout cas, que vous appréciiez mon travail.

    Pour une possible explication du texte "Le crépuscule des dieux", je ne peux que vous renvoyer à la chronique de B. Para, sur Noosphère (http://www.noosfere.org/icarus/livres/niourf.asp?numlivre=2146578373). Je pense qu'il en a fait une bonne lecture.

    Bien à vous.

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  2. Je vous en prie, ce fut un plaisir de découvrir ce recueil (et merci pour le lien vers Noosphère, ça m'a aidé à mieux comprendre ce dernier texte. Sa profondeur et sa force donnent au recueil la fin intelligente que j'attendais).
    Maintenant, il va me falloir trouver le temps pour me pencher sur Elbrön.

    I.

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