mercredi 12 septembre 2012

Les Créateurs - Thomas Geha

Anecdote : À sa sortie, j'ai entendu beaucoup de bien sur ce recueil sans vraiment me décider à mettre la main dessus. Quand je l'ai vu en librairie, j'ai craqué sur la couverture (une habitude que j'ai souvent). 



Titre : Les créateurs

Auteur : Thomas Geha

Éditeur : Critic

Nombre de pages : 139

Prix : 13 €

Illustration : Laurent Guillet

Quatrième de couverture : Il était une fois rien du tout. Il était une fois six histoires où des hommes et des femmes se trouvent confrontés à des situations improbables, quoiqu'étrangement familières. Et si vous pouviez faire revivre un être disparu ? Et si votre rêve le plus fou pouvait se réaliser ? Et si votre vie était factice ? Et si l'amour n'était qu'un éternel recommencement ? Et si... Voulons-nous vraiment connaître le jardin secret des personnes que l'on aime ? Quel prix sommes-nous prêts à payer pour le découvrir ? Toutes les vies animées au coeur de ces pages e participent à la création d'univers originaux ou alternatifs, proches du nôtre ou éloignés, réalistes ou fantasmagoriques. Mais tous ces univers, tous ces personnages introduisent les mêmes questions essentielles : qui sommes- nous et d'où venons-nous ? Qui donc se cache derrière nos existences et nos destins ? Les nouvelles composant ce recueil ne tentent pas de répondre à ces questions, elles les explorent avec toujours la même ambition : découvrir qui nous sommes au travers de notre humanité.

Mon avis : J'ai découvert la plume de Thomas Geha grâce à l'anthologie Reines et Dragons de Mnémos et j'ai été conquise par sa manière de peindre les décors comme les personnages. Je me suis demandée, comme souvent lorsque j'entame la lecture d'un recueil, si l'auteur est capable de créer une ambiance différente pour chaque nouvelle, s'il peut apposer sa patte sans être répétitif, et j'ai été enchantée de découvrir que Thomas Geha n'en est pas seulement capable mais qu'en plus, il maîtrise l'exercice avec brio.

Le recueil s'ouvre avec La voix de monsieur Ambrose et nous propulse dans un Paris du XIXe siècle, dans l'univers des théâtres de la capitale, de ses acteurs, de ses gloires éphémères. Dans cette nouvelle, le mythe du pacte (diabolique ? divin ? mystique sans aucun doute) se mêle habillement à la vie de Monsieur Ambrose, acteur sur le déclin. Ce que j'ai aimé par-dessus tout c'est le décor, la voix – je m'autorise le petit jeu de mots – du narrateur, particulière, puissante, qui colle tellement au personnage et à l'époque que je me suis laissée emporter. Le Paris du XIXe est parfaitement rendu avec quelques références savoureuses. Le rythme lancinant par moment, comme le personnage, a donné à ma lecture une impression d'entêtement et je l'ai terminée comme on sort d'un rêve.

À cause de l'atmosphère particulière de la voix de monsieur Ambrose, j'ai mis un peu plus de temps à renter dans celle de Là-bas. Cependant, les descriptions de Prague ont ravivé de vieux souvenirs et j'ai pris plaisir à retrouver cette ville et à suivre les aventures parallèles d'Elena et Hélène. L'histoire est classique mais bien menée et l'écriture toujours aussi agréable m'a fait plonger dans ce texte comme d'autres plongent dans la Vltava.

Copeaux est, avec Dans les jardins, ma nouvelle préférée. Pas vraiment de fantastique ici, juste une ferme perdue dans la campagne bretonne, une petite famille, le grand-père, la grand-mère et la petite-fille et la présence lourde et oppressante de la fête de Noël.
Je crois que ce que j'ai aimé, ici, ce sont les sentiments retenus, ces non-dits qui enflent et enflent et enflent jusqu'à éclater en apothéose. Je ne sais pas comment décrire cette sensation. Je souhaiterai simplement remercier Thomas Geha d'avoir si bien rendu l'amour pudique entre un grand-père et sa petite-fille.

Comme avec Là-bas, la nouvelle qui précède Bris m'a trop touché pour que je puisse rentrer facilement dans celle-ci. D'ailleurs, l'atmosphère SF qui plane dans cette nouvelle m'a trop troublée et j'en suis ressortie avec une impression mitigée. J'ai trouvé la chute un peu trop tordue, moins sensible que celle des nouvelles précédentes et pourtant, j'ai trouvé le début un peu halluciné très prenant mais par la suite, l'hallucination s'est dissipée et les explications ne m'ont pas convaincue.

Dans les jardins est mon second coup de cœur du recueil. J'y ai trouvé la même sensibilité que dans Copeaux, les mêmes décors bretons, les mêmes histoires de p'tits vieux. Je ne saurai bien résumer cette nouvelle. C'est une histoire d'amour entre un homme et son jardin, un jardin qu'il redresse, dont il s'occupe jour après jour, qui va devenir le centre de sa vie et qui va l'aider à y reprendre goût. Ici encore, cette sensibilité dans l'écriture et les personnages, une plume légère et précise, une jolie leçon d'écriture.

Sumus Vicinae clôt ce recueil sur une note musicale. Cette nouvelle qui rend hommage au compositeur flamand Nicolas Lens, offre au lecteur un monde de musique et de poésie délectable. L'intrigue se déroule comme une partition, précise et sans fausses notes et je l'ai suivi avec d'intérêt. La chute et le message qu'elle porte m'ont beaucoup plu. Sumus Vicinae me laisse dans la tête des images de mélancolie teintée de lueurs d'étoiles, un joli travail monsieur Geha.

4 commentaires:

  1. Tout le monde n'en dit que du bien de ce recueil !
    J'aime beaucoup ce que j'ai lu de Thomas Geha jusqu'ici ("Le sabre de sang" et "La guerre des chiffonneurs" dans un genre un peu "pulp"), je suis curieux de voir sa facette plus sensible, plus intimiste.

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    1. J'ai une vision particulière en ce qui concerne les critiques, je ne lis que celles qui me correspondent et j'avoue que beaucoup de blogs que je suis en on dit du bien (du coup, je suis curieuse de lire les avis de ceux qui ont moins aimé). Je ne connais que le côté novelliste de Thomas Geha et j'aime beaucoup, mais je note les deux titres que tu as cité (merci pour les références).

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  2. Un de mes futurs achats mais, au vu de mon rythme de lecture du moment, je préfère ne pas trop acheter pour éviter de me sentir encore plus débordée ^^

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    1. Ah, bienvenue au club alors (j'ai une PAL qui s'agrandit de jours en jours et en ce moment je lis beaucoup moins -_-'). Ceci dit, si tu as la possibilité de te procurer ce recueil, j'espère qu'il te plaira aussi.

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