Anecdote : À sa sortie, j'ai entendu
beaucoup de bien sur ce recueil sans vraiment me décider à mettre la
main dessus. Quand je l'ai vu en librairie, j'ai craqué sur la
couverture (une habitude que j'ai souvent).
Titre : Les créateurs
Auteur : Thomas Geha
Éditeur : Critic
Nombre de pages : 139
Prix : 13 €
Illustration : Laurent Guillet
Quatrième de couverture : Il
était une fois rien du tout. Il était une fois six histoires où des
hommes et des femmes se trouvent confrontés à des situations
improbables, quoiqu'étrangement familières. Et si vous pouviez faire
revivre un être disparu ? Et si votre rêve le plus fou pouvait se
réaliser ? Et si votre vie était factice ? Et si l'amour n'était qu'un
éternel recommencement ? Et si... Voulons-nous vraiment connaître le
jardin secret des personnes que l'on aime ? Quel prix sommes-nous prêts à
payer pour le découvrir ? Toutes les vies animées au coeur de ces pages
e participent à la création d'univers originaux ou alternatifs, proches
du nôtre ou éloignés, réalistes ou fantasmagoriques. Mais tous ces
univers, tous ces personnages introduisent les mêmes questions
essentielles : qui sommes- nous et d'où venons-nous ? Qui donc se cache
derrière nos existences et nos destins ? Les nouvelles composant ce
recueil ne tentent pas de répondre à ces questions, elles les explorent
avec toujours la même ambition : découvrir qui nous sommes au travers de
notre humanité.
Mon avis : J'ai découvert la plume de Thomas Geha grâce à l'anthologie Reines et Dragons
de Mnémos et j'ai été conquise par sa manière de peindre les décors
comme les personnages. Je me suis demandée, comme souvent lorsque
j'entame la lecture d'un recueil, si l'auteur est capable de créer une
ambiance différente pour chaque nouvelle, s'il peut apposer sa patte
sans être répétitif, et j'ai été enchantée de découvrir que Thomas Geha
n'en est pas seulement capable mais qu'en plus, il maîtrise l'exercice
avec brio.
Le recueil s'ouvre avec La voix de monsieur Ambrose
et nous propulse dans un Paris du XIXe siècle, dans l'univers des
théâtres de la capitale, de ses acteurs, de ses gloires éphémères. Dans
cette nouvelle, le mythe du pacte (diabolique ? divin ? mystique sans
aucun doute) se mêle habillement à la vie de Monsieur Ambrose, acteur
sur le déclin. Ce que j'ai aimé par-dessus tout c'est le décor, la voix –
je m'autorise le petit jeu de mots – du narrateur, particulière,
puissante, qui colle tellement au personnage et à l'époque que je me
suis laissée emporter. Le Paris du XIXe est parfaitement rendu avec
quelques références savoureuses. Le rythme lancinant par moment, comme
le personnage, a donné à ma lecture une impression d'entêtement et je
l'ai terminée comme on sort d'un rêve.
À cause de l'atmosphère particulière de la voix de monsieur Ambrose, j'ai mis un peu plus de temps à renter dans celle de Là-bas.
Cependant, les descriptions de Prague ont ravivé de vieux souvenirs et
j'ai pris plaisir à retrouver cette ville et à suivre les aventures
parallèles d'Elena et Hélène. L'histoire est classique mais bien menée
et l'écriture toujours aussi agréable m'a fait plonger dans ce texte
comme d'autres plongent dans la Vltava.
Copeaux est, avec Dans les jardins,
ma nouvelle préférée. Pas vraiment de fantastique ici, juste une ferme
perdue dans la campagne bretonne, une petite famille, le grand-père, la
grand-mère et la petite-fille et la présence lourde et oppressante de la
fête de Noël.
Je crois que ce que
j'ai aimé, ici, ce sont les sentiments retenus, ces non-dits qui enflent
et enflent et enflent jusqu'à éclater en apothéose. Je ne sais pas
comment décrire cette sensation. Je souhaiterai simplement remercier
Thomas Geha d'avoir si bien rendu l'amour pudique entre un grand-père et
sa petite-fille.
Comme avec Là-bas, la nouvelle qui précède Bris m'a
trop touché pour que je puisse rentrer facilement dans celle-ci.
D'ailleurs, l'atmosphère SF qui plane dans cette nouvelle m'a trop
troublée et j'en suis ressortie avec une impression mitigée. J'ai trouvé
la chute un peu trop tordue, moins sensible que celle des nouvelles
précédentes et pourtant, j'ai trouvé le début un peu halluciné très
prenant mais par la suite, l'hallucination s'est dissipée et les
explications ne m'ont pas convaincue.
Dans les jardins est mon second coup de cœur du recueil. J'y ai trouvé la même sensibilité que dans Copeaux,
les mêmes décors bretons, les mêmes histoires de p'tits vieux. Je ne
saurai bien résumer cette nouvelle. C'est une histoire d'amour entre un
homme et son jardin, un jardin qu'il redresse, dont il s'occupe jour
après jour, qui va devenir le centre de sa vie et qui va l'aider à y
reprendre goût. Ici encore, cette sensibilité dans l'écriture et les
personnages, une plume légère et précise, une jolie leçon d'écriture.
Sumus Vicinae
clôt ce recueil sur une note musicale. Cette nouvelle qui rend hommage
au compositeur flamand Nicolas Lens, offre au lecteur un monde de
musique et de poésie délectable. L'intrigue se déroule comme une
partition, précise et sans fausses notes et je l'ai suivi avec
d'intérêt. La chute et le message qu'elle porte m'ont beaucoup plu. Sumus Vicinae me laisse dans la tête des images de mélancolie teintée de lueurs d'étoiles, un joli travail monsieur Geha.
Tout le monde n'en dit que du bien de ce recueil !
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup ce que j'ai lu de Thomas Geha jusqu'ici ("Le sabre de sang" et "La guerre des chiffonneurs" dans un genre un peu "pulp"), je suis curieux de voir sa facette plus sensible, plus intimiste.
J'ai une vision particulière en ce qui concerne les critiques, je ne lis que celles qui me correspondent et j'avoue que beaucoup de blogs que je suis en on dit du bien (du coup, je suis curieuse de lire les avis de ceux qui ont moins aimé). Je ne connais que le côté novelliste de Thomas Geha et j'aime beaucoup, mais je note les deux titres que tu as cité (merci pour les références).
SupprimerUn de mes futurs achats mais, au vu de mon rythme de lecture du moment, je préfère ne pas trop acheter pour éviter de me sentir encore plus débordée ^^
RépondreSupprimerAh, bienvenue au club alors (j'ai une PAL qui s'agrandit de jours en jours et en ce moment je lis beaucoup moins -_-'). Ceci dit, si tu as la possibilité de te procurer ce recueil, j'espère qu'il te plaira aussi.
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