Titre : Contes de villes et de fusées
Auteurs : Julien Fouret, Jean Millemann, Delphine Imbert, Pierre-Alexandre Sicart, Antoine Lencou, Pierre Grévart, Nico Bally, Charlotte Bousquet, Sylvie Miller et Philippe Ward, Jean-Michel Calvez, Lionel Davoust, Sophie Dabat, Jess Kaan, Mélanie Fazi, Estelle Valls de Gomis, Léonor Lara.
Éditeur : Ad Astra
Nombre de pages : 260
Prix : 18 € 50
Illustration : Eric Scala
Quatrième de couverture :
Oyez ! Oyez !
Princesses
richissimes,
enfants abandonnés,
loups terrifiants
et fées marraines
se réincarnent
à notre époque
ou dans un avenir lointain...
Les héritiers de Perrault,
des frères Grimm
ou d'Andersen
donnent libre cours
à leur imagination
pour tordre,
transformer, et réécrire
les contes de fées.
Mon avis :
J'aime les contes (de fées ou non) et j'aime encore plus les réécritures de contes (comme j'aime les reprises de chansons). Alors, je reconnais, je suis bon public pour ce genre de textes mais pas au point d'en lire s'ils ne me plaisent pas. Je suis donc partie avec un a priori très positif en ouvrant cette anthologie et les nouvelles qui la composent n'ont fait qu'appuyer cette impression.
Tout d'abord, je souhaiterai parler du choix des nouvelles et des contes dont elles sont tirées. Pour la première fois depuis longtemps, j'ai lu une anthologie dans l'ordre, sans choisir l'ordre de lecture en fonction de la longueur des textes, de mes envies, des auteurs que je connais, etc. Ça m'a permis de découvrir l'anthologie comme un puzzle assemblé par son anthologiste et je pense que c'est grâce à (ou à cause de, je ne sais pas trop) ce choix de lecture que mes nouvelles préférées sont concentrées au début et à la fin.
Dans l'ensemble, les nouvelles (aussi bien les intrigues que la manière de les écrire) sont toutes d'un très bon niveau et j'ai apprécié le fait de faire fonctionner mes méninges pour trouver de quel conte s'est inspiré l'auteur (pas toujours évident). Malgré tout, cinq de ces nouvelles sont sorties du lot pour moi et font partie de mes coups de cœur :
J'ai été un peu surprise par l'approche SF que Delphine Imbert donne à son texte, Une histoire de désir. J'ai trouvé que ça apportait à la nouvelle (et au conte original) une dimension plus sociale que le conte dont elle est tirée. Le rôle de BriarRose Corp et sa création d'univers m'ont beaucoup plu (ça m'a permis de réfléchir est sur l'idée de désir et sur la place de la princesse dans le conte de base). Un texte à la fois dépaysant et familier que j'ai lu avec des souvenirs d'enfants plein la tête.
La Griffe et l'épine de Pierre-Alexandre Sicart est mon premier coup de cœur de l'anthologie (mais pas le dernier, loin de là). Une nouvelle cruelle servie par une plume impitoyable. L'histoire d'amour sans espoir est écrite avec beaucoup de finesse et l'intrigue m'a fait tourner les pages sans même m'en apercevoir. Une jolie découverte, je suivrai avec plus d'attention les futures publications de Monsieur Sicart.
Je ne connaissais pas le conte original qui a inspiré Sophie Dabat pour sa nouvelle, La Mort marraine mais, après la lecture de ladite nouvelle, je me suis jeté dessus. Ici, une fois encore, il s'agit d'une histoire d'amour qui ne peut pas finir bien de par la nature des protagonistes. La cruauté de la situation et celle qui emprisonne les personnages, présente dès le début, tisse doucement sa toile jusqu'à devenir insupportable (pour eux, comme pour nous). Un texte servi par une plume juste et pointue.
Le nom de Mélanie Fazi est, pour moi, un gage de qualité. Même si ses textes ne me plaisent pas toujours, sa plume, elle fait mouche à chaque fois, même sur des thématiques qui ne me parlent pas. Ici, non seulement la thématique me plaît, mais en plus elle s'inspire de mon conte préféré d'Andersen, difficile de faire la fine bouche à partir de ce moment-là. Mais il ne faut pas croire que Swan le bien nommé est une simple réécriture du conte. Comme les textes précédemment cités, l'auteur s'approprie pleinement l'histoire originale et l'imprègne de son propre univers et, dans ce cas précis, ça marche très bien.
S'il ne devait y avoir qu'un seul coup de cœur, pour moi, c'est incontestablement Sacrifices de Léonor Lara. Je salue Lucie Chenu pour avoir placé ce texte en fin d'anthologie. J'ai trouvé la nouvelle belle et poignante, le ton terriblement juste, la forme tout autant (et pourtant, j'aime rarement l'épistolaire). Il y a un vrai équilibre dans les mots, dans les situations décrites, dans la montée de l'horreur vue par la narratrice. Bref, un petit bijou ciselé avec la précision d'un orfèvre.
Le petit plus : les explications des auteurs à la fin de leurs textes (et la superbe couverture d'Eric Scala).
Pour aller plus loin, une interview de Lucie Chenu sur le blog Fées Divers.
I.
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