jeudi 19 juin 2014

Ferrous Occire - Aurélie Wellenstein

Titre : Ferrous Occire. 

Auteur : Aurélie Wellenstein 

Éditeur : Présence d'Esprits

Nombre de pages : 144 

Prix : 11 € 

Couverture : Virgilles



Quatrième de couverture :

Aurélie Wellenstein aime le noir. Chez elle pas de héros, pas de beau prince charmant. Juste des personnages ordinaires confrontés à des événements qui les dépassent... et les dévorent, parfois. Dans son univers foisonnant, les sujets d’expérience se muent en bourreaux, les petits garçons sont pris au piège sur les toits d’une ville sans fin, les steppes froides des pays nordiques cachent d’anciens maléfices, les coins reculés de l’espace regorgent d’une vie pas toujours bienveillante, mais parfois aussi des licornes emmènent les enfants à l’abri...

Pour cette première « cuvée » d’Aventures Oniriques et Compagnie, ces neuf nouvelles dégagent des arômes âpres et sans concession, avec çà et là de petites touches d’humanité pure.

Mon avis :

Quand j'ai entendu parler de ce recueil, j'ai sauté de joie. J'aime énormément la plume d'Aurélie et j'avais hâte de pouvoir lire davantage de ses nouvelles. Quand j'ai vu la couverture, mon coeur à fait un nouveau bon. Non seulement j'aime sa plume mais j'aime aussi sa capacité à traiter des sujets sombres, sanglants et malsains. Autant dire que j'ai ouvert le recueil avec de l'impatience et une pointe d'appréhension : est-ce qu'il allait être à la hauteur de mes attentes ? 
Je ne vais pas faire durer le suspense, non seulement Ferrous Occire était à la hauteur de mes attentes mais il les a même dépassées. Les textes sont toujours sombres, toujours violents, troublants, malsains, mais il en émane quelque chose de plus fort encore, une étincelle d'espoir ou de folie, quelque chose de profond qui transcende la lecture et les images pour s'installer dans l'esprit et rester à la frontière de la conscience. Pour faire simple, ce sont des textes qui marquent et dont on ne sort pas indemne.
"Des Profondeurs" : la nouvelle qui ouvre le recueil est étrange, perdue dans les ombres et dans les peurs enfantines. La quête de l'identité dévoile petit à petit une horreur plus réelle, plus palpable, que celle qui hante le monde de cauchemars dans lequel le héros est enfermé et j'ai adoré ce parcours. 

"Le Catalyseur" : c'est simple, la nouvelle m'a renversée et m'a définitivement plongée dans le recueil. C'est une histoire de domination/soumission sauce fantasy (celle qui sang la boue et le sang et qui n'est pas très jolie à voir). La relation entre bourreau et victime est superbe, la dépendance qui se tisse petit à petit entre les personnages diablement maîtrisée et subtile. Mon premier coup de coeur du recueil. 

"Jade et le G." : On retrouve dans cette nouvelle un écho de la première qui s'étire dans l'espace grâce au vide et à la solitude. Ici, cette dernière est au coeur du texte et permet de mieux souligner la puissance vertigineuse du G., créature monstrueuse, cosmique, terrifiante. Perdue dans l'espace, la narratrice, Jade, se retrouve confrontée à l'immensité et au chaos et il y a un je-ne-sais-quoi de terrifiant et fascinant à la fois dans la manière dont le thème est traité.

"Sac d’os" : une nouvelle troublante, virtuose, renversante. Il y a dans les images et les symboles qu’elle véhicule une terreur primale, animale, bouleversante. Sa fin est magistrale (ça fait beaucoup, je sais mais elle m’a retourné les tripes et j’en frisonne encore en y repensant). Un autre coup de cœur.

"Vade retro Satanas ! " : après un texte comme Sac d’os, Vade Retro Satanas est une bouffée d’air frais (enfin, en quelque sorte). On suit ici les aventures de Samuel et de son fidèle Creepy (ou bien est-ce l’inverse ?) partis exorciser un manoir hanté par une créature aux mœurs très légères. L’ambiance est sombre mais les interactions entres les personnages ajoutent un éclat de folie joyeuse à l’ensemble et je n’ai regretté qu’une chose à la fin, ne pas avoir d’autres aventures du duo à me mettre sous la dent !

"Maison rouge" : après les maisons hantées par des démons, nous voilà dans les immeubles infestés de zombies et des créatures pires encore. L’atmosphère s’appesantit alors que la tension grimpe en lèche. On suit ici un groupe de rescapés qui parcourt l’immeuble à la recherche d’un abri. Malgré le mouvement, il y a comme l’ombre des murs qui se rapproche et se referme sur eux à mesure qu’ils avancent. Là encore, le rythme du récit est parfaitement juste, oscille entre lenteur et crispation pour mieux captiver le lecteur.

"Trash Vortex" nous enferme cette fois sur un bateau-prison perdu au milieu d’une mer de déchets. Un nouveau huis clos qui voit disparaître chaque nuit un personnage emporté par un mystérieux meurtrier. Le décor et l’ambiance brûlante donnent au texte une atmosphère hors du temps et du monde et permettent une réflexion intéressante sur l’évolution des mythes.

"Sur son dos" : ici encore, je n’arrive pas à trouver les mots pour parler de ce texte. Après ma première lecture, j’avais trouvé cette histoire de fin du monde et de licorne-percheron mignonne avec quelque chose de charmant malgré l’aspect apocalyptique mais depuis quelques jours, je n’arrive pas à me la sortir de la tête. Il y a un équilibre étrange entre une naïveté enfantine et un réalisme presque cynique qui donne une dimension plus complexe au texte. Ma deuxième lecture m’a laissée beaucoup plus émue et touchée que la première.

"Ferrous Occire" : la nouvelle qui donne son nom au recueil est aussi celle qui le clôt. On retrouve la fantasy propre à l’auteur dans ce texte : peuples en guerre, batailles, magie de sang, etc.  Mais, contrairement à "Sac d’Os" où au "Catalyseur", il y pointe comme une lueur d’espoir qui permet de refermer le recueil avec un étrange sourire aux lèvres et l’impression d’avoir vécu mille vies et mille sentiments. 

Le petit plus du livre : la couverture et les petites illustrations évolutives qui séparent les paragraphes et qui sont spécifiques à chaque nouvelle.


4 commentaires:

  1. Merci pour cette chronique qui fait chaud au cœur, c'est exactement ce que je pense également des textes d'Aurélie!

    Olivier

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    1. De rien, ce fut un plaisir à lire.
      Ce que j'ai particulièrement apprécié, connaissant l'écriture d'Aurélie, c'est de voir la manière dont sa plume s'est épanouie et dont son talent se cristallise dans ce recueil. Un vrai régal.

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  2. Je rejoins ton avis sur "Vade retro Satanas", j'espère qu'Aurélie décidera de faire un roman sur les aventures de Samuel et Creepy ^^

    "Ferrous Occire" m'a fait penser à Berserk, quand Guts commence à porter son armure démoniaque.

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  3. Je ne connais pas Berserk mais ça donne envie d'en savoir plus. (Pour la suite de "Vade retro" je propose de faire une pétition ^^).

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