dimanche 30 septembre 2012

NdS # 4

Oasis – Olivier Caruso.

Donner de la voix est un média particulier qui diffuse des nouvelles sous format audio que j'ai découvert grâce à ce texte d'Olivier Caruso (et ce fut une très belle découverte et du format et de l'auteur). Le lecteur réussit à donner au texte toute sa profondeur, sa lancinance aussi et j'ai laissé sa voix me porter le long de cet étrange univers par cette narratrice à la voix désespérée.

Pourquoi le lire ?

Pour la force du personnage, pour l'univers, pour la plume et la voix.

Une scène clé : la fin, puissante et désespérée.

Un personnage : La narratrice.

Un petit aperçu ? : Quand tu as relevé la tête, tu as poussé un cri de panique. Vingt sosies de ton amour perdu te clouaient du regard.

Approche-toi. Prends-moi dans tes bras.

Où trouver la nouvelle ? : Pour l'écouter, c'est par ici.

 I.

vendredi 28 septembre 2012

Fin'Amor - P&M


Titre : Fin’Amor, Piments & Muscade n°15
Auteurs : Laëtitia Genetay, Aodez S. Bora, Ophélie Bruneau, Valérie Simon, Olivier Boile
Illustrateurs : Stéphane Sabourin et Ophélie Bruneau
Éditeur : L’Armoire aux Épices
Nombre de pages : 64
Prix : 4 euros



Quatrième de couverture :
Prenez place, gentes dames et beaux sires, nos troubadours vont vous conter des récits merveilleux pour fêter la venue du printemps.

Sous vos yeux, de preux chevaliers mettront en jeu leur vie, leur nom et leur honneur pour atteindre le cœur et le corps de leurs belles. Quant aux dames, elles sauront aussi faire preuve de courage, de droiture, et d'initiative si les circonstances l'exigent. Pour tous, le plaisir est au bout des épreuves. Ils ranimeront pour vous, grâce à cette pincée de Piments & Muscade, les joutes amoureuses et les cours de Fin'Amor.


Mon avis :
Ce numéro de Piments et Muscade est de très bonne qualité, aussi bien dans les textes présentés que dans les illustrations. Un numéro en or donc, qui justifie sans doute le petit ruban de satin doré mettant en valeur le fanzine.

Mon coup de cœur dans ce volume est :
* "Blanche dans la lumière du printemps" de Valérie Simon. Alors que son mari part en campagne, un bel inconnu se propose de partager la couche de Blanche… Le vocabulaire médiévisant sert un érotisme troublant. Les habitudes de l’héroïne (tout comme les nôtres) sont un peu bousculées, pour le meilleur.

Les autres nouvelles :
* Dans "La Chimère d’argent et l’ours de sable", complots politiques se marient avec érotisme aux dépens du beau chevalier Théobald.
* "Erwan et Isobel" raconte une histoire d’amour impossible entre une reine et son assistant. Le style est fluide et la narration maîtrisée.
* "Joy" d’Ophélie Bruneau est un poème en octosyllabes de science fantasy. L’histoire d’un soldat épris de sa capitaine, la fois touchante et loufoque, a toute sa place dans le fanzine.
* "Georges et le mystificateur de dieu" est une nouvelle de fantasy burlesque mettant en scène un chevalier et son fidèle dragon. La nouvelle est originale et amusante, dommage cependant que l’érotisme n’y soit pas plus prononcé.

Le petit plus : L’illustration de couverture, très colorée, par Stéphane Sabourin. Enfin un dessinateur qui dessine des hommes, des vrais, avec des épaules et des cuisses musclées !

M.

mercredi 26 septembre 2012

Muséums - Christophe Thill


Titre : Muséums
Auteurs : Nico Bally, Emmanuelle Cart-Tanneur, Olivier Caruso, Nelly Chadour, Romain Champion, Cédric Citharel, Fabien Clavel, Julie Conseil, Robert Darvel, Romain d’Huissier, Franck Ferric, François Fierobe, Anne Goulard, Gudule, Julien Heylbroeck, Jess Kaan, A. Kowski, Léo Lallot, Loïc Lendemaine, Bernard Léonetti, Aurélie Ligier, Jean-François Lubin, Irène Maubreuil, David Miserque, Terry Montcalm, Mathias Moucha, Georges Mugand, Régine Philippe, Véronique Pingault, Pascal Sacré, Ludmila Safyane, Blanche Saint-Roch, Jean-François Seignol, Bernard Weiss.
Éditeur : Malpertuis
Nombre de pages : 406
Prix : 18 euros




Quatrième de couverture :
Palais de la science, institution culturelle, mais aussi lieu de rêverie, le muséum est un endroit riche d’une indéniable et complexe poésie. De nombreuses présences s’y côtoient : brillants chercheurs et obscurs employés, visiteurs parfois studieux et parfois beaucoup moins, à la recherche d’une information, d’un sujet de croquis, voire d’un lieu de rendez-vous discret... Sans oublier ses véritables stars, qui toisent la foule du haut de leur piédestal ou du fond de leur vitrine : qu’elles soient récentes ou antédiluviennes, animaux, végétaux ou minéraux, ou bien encore objets manufacturés.
*
A travers ces 34 nouvelles, parcourez des musées réels ou imaginaires et découvrez leurs secrets. Quels mystères tous ces cabinets et ces tiroirs de bois verni peuvent-ils bien recéler ?

Mon avis :
Avec les 34 nouvelles de son anthologie, Christophe Thill nous emmène dans les profondeurs d’un muséum tentaculaire. Ces textes sont autant de vitrines exposant le mystère des origines, des philosophies de l’art, des créatures fantastiques, des malédictions ou encore des objets dotés de vie.

Mes deux coups de cœur dans ce volume sont :
* “Le Sourire du dodo” d’Olivier Caruso. Les mots de cette nouvelle sont cousus comme pour former une tapisserie qui prend sens à la fin de son exécution. Des refrains rythment une mécanique implacable qui nous emmène jusqu’à la conclusion d’étranges expériences menées par un scientifique obsédé par ses recherches.
* “Le Musée des âmes” de Jean-François Seignol. En dépit d’un titre assez classique, cette nouvelle nous promène dans un muséum d’exobiologie, avec un langage aussi exotique que poétique.

D’autres nouvelles que j'ai aimées :
* “Guide du muséum de Rascanges” de François Fierobe. Cette visite guidée originale et pince-sans-rire s’apparente à un exercice de style très réussi.
* “L’Affaire de l’épidémie dansante” de Nico Bally. Un texte rafraichissant qui transporte le lecteur dans un univers coloré et féérique, avec un style enlevé.
* “La Véritable Histoire du Quetzalcoatlus” de Régine Philippe. Un enfant rencontre un vieil homme qui lui apprend la taxidermie. J’ai totalement adhéré à l’ambiance sombre et oppressante de ce texte, même si la fin m’a paru un peu décevante.
* “Chroniques d’un cabinet de curiosités” de Claire Goulard. Un assistant doit répertorier la collection d’un vieil illuminé qui a rassemblé toutes sortes d’objets et de créatures. Cette histoire captivante lie le muséum au monde féérique.
* “Musée-homme” de Robert Darvel. J’ai eu un peu de mal à accrocher au début de ce texte, puis je me suis laissée séduire par son humour absurde. J’aime l’idée développée, à savoir : le musée est le monde, chaque visiteur est le monde.
* “Bicéphalite” de Julien Heylbroeck. Un récit horrifiant qui tourne autour d’un fœtus malformé. Je n’ai pas réussi à lâcher le texte jusqu’à sa conclusion.
* “Le Directeur des ressources humaines : l’autre” de Mathias Moucha. Le héros doit recruter des veilleurs de nuit pour son musée, ce qui n’est pas de tout repos. Le rythme est enlevé, l’histoire cruelle mais efficace.
* “L’Objet K” d’A. Kowsky. Dans une ambiance lovecraftienne, l’auteur se livre notamment à une réflexion intéressante sur la vanité de la vie symbolisée par les restes humains.
* “Le Secret de Canaletto” de David Miserque. Derrière une toile mystérieuse d’un artiste vénitien se cache un secret qui dépasse tout ce que peuvent imaginer les personnages… Fascinant.
* “La Lyre à trois cordes” de Julie Conseil. À travers un style fluide, l’auteur fait ressurgir les mythes de l’antiquité grecque dans un musée actuel.
* “La Machine des Incas” de Georges Mugand. Un texte contemplatif : ce sont les petits incidents de la vie qui forment la trame du récit, et le sens ne vient pas forcément de l’action.
* “Les Rouages du destin de Terry Montcalm. Un automate écrit sur son pupitre nuit après nuit. On a envie de croire qu’il peut vraiment communiquer avec les gardiens de nuit qui s’y intéressent. Une histoire très vivante.

Le petit plus : La préface passionnée de l’anthologiste Christhophe Thill. Je crois que si je n’aimais pas déjà les musées, il me les aurait fait aimer :-)

M.

dimanche 23 septembre 2012

Concours L'Après-Dieux


 Bonjour à tous !

Pour fêter l'arrivée de l'automne, les feuilles qui roussissent et les chats qui se pelotonnent sur vos genoux pour échapper au froid (parce que malgré l'automne, l'hiver arrive), un monde de Nouvelles et les Éditions Griffe d'Encre vous proposent de participer à un petit concours pour gagner la dernière parution des Editions Griffe d'Encre : L'Après-dieux, novella de Maëlig Duval.
 


Le concours sera ouvert du 23 septembre jusqu'au 1er octobre, minuit. Pour participer, rien de plus simple : il vous suffit d'envoyer par mail les réponses aux questions suivantes (mail à envoyer à nouvellessfff@gmail.com).

- Combien y a-t-il de plumes sur la couverture ?

- Qu'est-ce que l'auteur de L'Après-dieux a de grand et fort ?


- Quel événement a détruit les villages dans la novella ?

- Qui a dessiné la couverture de L'Après-dieux ?


- Qui dirige la collection Novellas chez Griffe d’Encre ?

Si vous n'arrivez pas à trouver les réponses, ne vous inquiétez pas, allez plutôt faire un tour sur le site de Griffe d'Encre et sur la page consacrée à la novella et à son auteur.


Petites formalités :

- Les gagnants seront tirés au sort parmi les participants ayant donné les bonnes réponses au questionnaire.

- Il y a 5 exemplaires de la novella à gagner.

- Les organisateurs se réservent le droit d’écourter, de prolonger ou d’annuler le jeu si les circonstances l’exigent. Leur responsabilité ne saurait être engagée de ce fait. La participation au concours implique l’acceptation entière et sans réserve du règlement et des résultats. En cas de difficultés éventuelles non prévues au présent règlement ou en ce qui concerne son interprétation ou son application, les organisateurs seront seuls compétents et leurs décisions seront souveraines et sans appel.

- Les coordonnées des participants ne seront ni transmises à des tiers ni utilisées pour tout autre usage que le présent jeu-concours.


Et maintenant, à vous de jouer !

NdS # 3

Poneys de Kij Johnson.

Toujours chez Angle Mort, je profite des anciens numéros pour faire vivre cette rubrique, une nouvelle déjantée, drôle et sombre à la fois. Une nouvelle pour tous ceux qui connaissent ces petits poneys multicolores aux odeurs de fraise.

Pourquoi le lire ? : Pour la thématique centrale et la capacité de l'auteur de mêler dans un univers barbe à papa une tension dramatique et horrifique.

Une scène clé : la fête de découpage.

Un personnage : Starblossom (ou la Plus Populaire).

Un petit aperçu ? : Elles [les fillettes] ont attrapé un poney rose et blanc au lasso. Ses yeux et sa bouche sont tout ronds, pour exprimer sa surprise. Un point d’exclamation flotte au-dessus de sa tête.

Où trouver la nouvelle ? : Par ici pour la lire en ligne, par pour acheter le numéro complet.

I.

vendredi 21 septembre 2012

Monstres ! - Jacques Fuentealba

Titre : Monstres !

Auteurs : Lewis Shiner, Bill Congreve, Jeffrey Thomas, Alan Baxter, Lavie Tidhar, Steve Rasnic Tem, Kaaron Warren, Pablo Dobrinin, Fermín Moreno, Carlos Gardini, Pedro Escudero, Marc R. Soto, Nuria C. Botey, David Pierru, Yohan Vasse, Celia Deiana, Nelly Chadour, Timothée Rey, Marija Nielsen, Leonor Lara, Marc-Olivier Aiken.

Éditeur : Céléphaïs

Nombre de pages : 308

Prix : 12 euros





Quatrième de couverture :
Des eaux troubles de l’océan aux pistes des cirques les plus étranges, de l’apparente normalité de demeures anonymes aux villes cauchemardesques ou fantasmatiques, du passé légendaire aux futurs post-apocalyptiques, voyagez aux côtés de monstres du folklore (vampires, loups-garous, fantômes, Léviathan), de phénomènes de foire comme d’abominations échappant à toute classification. Tour à tour proches de nous, miroirs déformants ou hideuse altérité, les créatures qui peuplent cette anthologie vous convieront à un tour du monde de la littérature fantastique, à travers vingt-et-une nouvelles d’auteurs d’origine américaine, australienne, israélienne, espagnole, argentine, uruguayenne ou française.

Mon avis :

J'ai un rapport particulier avec cette anthologie vu que j'ai fait partie du comité de lecture et que j'ai traduit une des nouvelles. Cependant, une grande partie du recueil m'était inconnu quand j'ai découvert ses 21 textes monstrueux, dérangeants, parfois trash. Le thème s'est aussi prêté à des exercices de style déroutants ou jubilatoires. Une anthologie de grande qualité dans son ensemble.

Mes deux coups de cœur dans ce volume sont :

* “Fantômes” de Carlos Gardini. De mystérieux animaux marins visitent un village dont les habitants tentent d'exorciser la mort de leurs proches. Un texte lancinant et fanstasmagorique qui offre une approche originale sur le thème universel de la mort.

* “Ma femme est un shoggoth” de Jeffrey Thomas. Un jeune homme invoque une créature grâce à un vieux grimoire rédigé par les Anciens. Ce récit pulp à l'humour cynique fonctionne vraiment très bien.

D’autres nouvelles que j'ai aimées :
* “Blue” de Pablo Dobrinin. Dans ce texte qui raconte la légende d'une déesse obèse, on explore les thèmes de la religion et de l'extase.

* “Tania” de Fermin Moreno. Une recrue belle comme un ange arrive dans un cirque. Un récit court et cruel, très percutant.

* “Les meilleurs partent toujours les premiers” de Nelly Chadour. La doyenne du monde terrorise l'hôpital où elle finit ses jours. Un texte dynamique et drôle, qui a un petit goût de Misery de Stephen King.

* “À l'aube de la nuit” de Bill Congreve. Un récit policier dans lequel une adolescente est soupçonnée d'avoir commis des meurtres atroces. L'enquête est palpitante, je n'ai pas pu la lâcher avant la conclusion.

* “Altera in Alteram” de Léonor Lara. En emménageant dans son appartement, un homme s'éprend d'une curieuse créature. Les descriptions du désir sont somptueuses.

* “Liens de sang” de Lewis Shiner. Dans la ferme que viennent de reprendre les héros en bordure d'un marécage, des animaux sont découverts la gorge tranchée. L'horreur croît jusqu'au paroxysme. Les changements de points de vue fréquents sont fluides, très bien réussis.

* “Grand-Père Loup” de Steve Rasnic Tem. Une enfant découvre et apprivoise son étrange grand-père en dépit des réserves de ses parents. Une nouvelle douce-amère.

* “L'Evolution des espèces” de Nuria C. Botey. Un loup devenu homme jette un regard désabusé sur les humains du XXIème siècle. Un texte en forme de délire déjanté, jouissif.

* “Le Vieil Homme et la Mer. Et l'étranger. Et le Kraken.” de Pedro Escudero. Rien que le titre donne envie :-) L'auteur revisite la légende du Kraken du point de vue d'un vieux pêcheur. Un récit fascinant.


Le petit plus : Un extrait du “Vieil Homme et la Mer. Et l'étranger. Et le Kraken.” qui résume bien l'antho :
"- J'ai beaucoup bourlingué ma petite. J'ai vu bien des choses dans ce monde qui échappent à notre entendement. Elles ne s'apprennent pas dans les livres, du moins ceux dont la lecture est conseillée. Il existe trois types de monstres : ceux qu'il faut éradiquer, qu'importe le prix à payer ; ceux que l'on doit fuir et combattre uniquement si l'on est acculé; et ceux qu'il faut apaiser parce qu'ils sont au-delà de notre compréhension."

Alors, faites bien attention à vous ! ;-)


M.

mercredi 19 septembre 2012

Proverbes I - Magali Duez & Michaël Fontayne


Anecdote : La première fois que je suis allée au festival de Bagneux, je savais que Zariel, l'un des illustrateurs de Griffe d'Encre, allait être là. J'ai donc empoché mon Présumé coupable, impatiente à l'idée d'avoir ma dédicace. J'ignorais alors que Nicolas Trève était également présent. Un peu honteuse, je lui ai alors dit que je n'avais pas pensé à prendre mon exemplaire de Proverbes I. Ni une, ni deux, il prend une feuille blanche et me fait une magnifique dédicace tandis que je le regarde avec plein d'admiration dans les yeux. 


Titre : Proverbes I.

Anthologistes : Magali Duez & Michaël Fontayne 



Auteurs : Isabelle Guso, Frédérique Lorient, Ghislaine Maïmoun, Véronique Pingault, Laurence Rodriguez, Nathalie Salvi. 

Éditeur : Griffe d'Encre 

Nombre de pages : 104 

Prix : 9 € 

Illustration : Nicolas Trève 

Quatrième de couverture : 
Bien avant que l'humanité ne se regroupe virtuellement en grand village planétaire, les petits villages disposaient d'un moyen sûr pour transmettre le savoir et repousser les noirs corbeaux de l'inconnu : le proverbe. 

Sibyllin ou sentencieux, réconfortant ou cinglant, il a réponse à tout, même lorsqu'on l'interroge sur lui-même : ainsi, pour les Marocains, "Le proverbe est la lampe des mots" tandis qu'en Chine on affirme que "Lorsqu'on a appris le livre des proverbes, on n'a plus d'efforts à faire pour parler." 

Qu'ils les corroborent ou témoignent de leurs limites, six auteurs ont mis en scène six de ces proverbes. Car s'il y a bien manière d'éprouver leur réalité, c'est en les confrontant à la fiction. 

Mon avis : 

J'ai acheté Proverbes I sans bien connaître les éditions Griffe d'Encre. Je m'attendais à lire des textes amusants ou légers et je suis ressortie de cette lecture un brin déprimée, mais avec un goût agréable en tête. Une bien étrange anthologie. 

La nouvelle qui ouvre le recueil, "La Vengeance est un plat qui se mange froid" de Ghislaine Maïmoun, est courte (un peu plus de deux pages) et percutante. Elle part d'une scène commune : un garçon, Thibault, ne veut pas manger ses petits pois. Et la scène continue, se déroule comme se sont déroulées toutes les scènes de ce genre dans la vraie vie : la tension et la voix montent, les regards s'affrontent, les esprits s'échauffent. La nouvelle est assez banale jusqu'à la chute, qui lui donne toute sa force et qui provoque un insidieux frisson au creux du dos. 

"Pour vivre heureux, vivons cachés", nouvelle de Frédérique Lorient, m'a semblé un peu désordonnée. Je n'ai pas réussi à rentrer dans cet univers hypersurveillé duquel Victor commence sérieusement à se lasser (jusqu'à commettre des actes que la morale réprouve). L'écriture maîtrisée, mais froide m'a empêché de m'intéresser vraiment aux personnages et à l'intrigue. Victor m'a semblé à la fois trop passif et trop envahissant et ma curiosité n'a pas été assez satisfaite quant aux explications sur l'univers qui est donné à voir. 

Avec "Tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir", Laurence Rodriguez signe une nouvelle dans un monde onirique qui cache bien des choses. Danse ses rêves, une jeune fille rencontre un garçon duquel elle tombe amoureuse. S'ensuivent plusieurs discussions sur leur monde respectif, jusqu'au moment où ils décident de faire un échange. Le texte est, une fois encore, bien écrit et l'intrigue intéressante, mais j'ai trouvé qu'elle s'essoufflait un peu vers la fin, de ce fait, je n'ai pas été surprise par la chute. 

Nathalie Salvi utilise le proverbe "L'habit ne fais pas le moine", pour mettre en scène la vie d'Agathe petite fille modèle (dans les deux sens du terme), coqueluche de Modelissima. Mais, derrière les beaux habits et les sourires angéliques, l'esprit d'Agathe s'endurcit suite aux brimades de ses camarades d'école qui n'aiment pas voir leurs parents s'extasier devant sa perfection. La nouvelle, portée par un personnage très fort, est bien menée du début à la fin. L'ambiance de perfection glacée fait froid dans le dos et la rébellion d'Agathe illustre bien son mal être. Seul petit bémol, j'ai trouvé une certaine distance dans le texte qui m'a empêché d'éprouver des sentiments pour Agathe. 

"On n’est jamais si bien servi que par soi-même" est sans doute ma nouvelle préférée de l'anthologie. Elizabeth est une femme qui aime que les choses soient bien faites, à tel point qu'elle préfère effectuer bon nombre de tâches ménagères puisque personne de son entourage ne sait les faire aussi bien qu'elle. Heureusement, la société Ancilla à la solution à ses problèmes. Aussi froide et sans issue que les autres, elle a ce je-ne-sais-quoi de profond qui m'a fait frissonner. L'écriture simple et sans fioritures va droit au but et donne à l'histoire à la fois un côté touchant et terrible. Elizabeth et Jean-Pierre sont des personnages diablement bien écrits et je les ai suivis avec plaisir jusqu'à la fin (savoureuse d'ironie). 

J'aime l'écriture d'Isabel Guso depuis son inoubliable Présumé Coupable (toujours chez Griffe d'Encre (décidément, ils publient des trucs très chouettes)) et j'ai été heureuse de la retrouver à la fin de cette anthologie. "Là où frappe le professeur, une rose fleurit" nous parle du rôle de mère à travers la voix de la narratrice et ses problèmes avec sa fille, des problèmes qui grandissent en même temps que l'enfant. Comme dans Présumé Coupable, la thématique est forte, frappe là où ça fait mal (sans jeu de mots) et posent les questions qui fâchent. Je suis ressortie de ma lecture la tête pleine et le regard légèrement différent. Aujourd'hui encore, je ne sais pas trop, de manière concrète, ce que cette nouvelle m'a apporté, mais je sais qu'elle m'a apporté quelque chose.  


Le petit plus : De manière générale, la façon dont les auteurs s'approprient les proverbes.  

I.

mardi 18 septembre 2012

Appel à Textes

Le webzine Itinéraire-Bis lance un appel à texte sur le thème de la Ville.
Pour avoir plus d'infos, c'est par ici.






"Villes
Il existe une multitude de villes. Villes du passé, retracées laborieusement par les archéologues, aux secrets bien gardés par les siècles. Villes imaginaires, utopiques ou futuristes, où l’on projette les idéaux et les angoisses du présent. Villes mythiques, disparues sans laisser de traces. Villes actuelles, pauvres ou flamboyantes, celles que nous habitons ou visitons.
Les villes ont chacune une histoire et une personnalité. Carrefours des cultures, point de convergence des routes, lieu d’échanges, de commerce, de manifestations culturelles. Villes fortifiées, villes assiégées, capitales, lieux de l’Histoire, villes coloniales, avant-postes d’un rêve d’expansion. Lieu de débauche, de perdition, mais aussi d’étude, de création, des rassemblements politiques, des émeutes et des barricades.

Racontez-nous des histoires urbaines. Qu’elle soit de légende ou très réelle, la ville ne doit pas seulement être le décor de votre récit, mais un acteur à part entière, un personnage vivant et complexe. Voire, pourquoi pas, le personnage principal… ? À vous de laisser vagabonder votre imagination par rues et boulevards, dans les méandres des quartiers populaires ou bien le long de la symétrie pompeuse des quartiers d’affaire. Un seul mot d’ordre : étonnez-nous !

Envoyez-nous vos nouvelles (une par auteur) au format .doc ou .odt, 40000 signes maximum espaces compris, à l'adresse suivante : lescheminsdetraverse.rennes @ gmail.com  (supprimez les espaces)(attention: notre formulaire de contact ne fonctionne pas :/) avant le 15 décembre 2012 pour une parution fin janvier 2013. Tous genres acceptés. Pas d’exigences précises de présentation, essayez simplement de faire clair et aéré."

Aguas Calientes - P&M


Pourquoi P&M : pour les nouvelles érotiques, souvent de bonne, voir très bonne, qualité, pour les thématiques originales et pour les illustrations parfois superbes.

Couverture : pas xxxSo (couverture qui illustre aussi la nouvelle À fleur de peau d'Agnès Marot).

Auteurs : Laëtitia Genetay, Cléo Muceignet, Agnès Marot, Marie-Anne Cleden et Cindy Van Wilder, Cécile Delacour.

Nombre de pages : 52

Prix : 4 €

Quatrième de couverture : Bienvenue dans le centre de bien-être l'Armoire aux Épices. Niché au cœur d'un cadre naturel, vous y découvrirez un véritable havre de paix. Laissez-vous bercer par nos masseurs professionnels pour une harmonie parfaite entre le corps et l'esprit. Sublimez votre corps par les soins troglodytes : nos prêtresses des baumes vous ouvrent leurs sources souterraines pour des bains de plaisir.

À votre écoute et votre entière disposition, notre équipe vous propose des prestations haut de gamme afin de vous accompagner sur le chemin de la plénitude.

Mon avis :

En général, j'aime bien ce que fait P&M, je trouve ça distrayant et sympa mais sans plus (parce qu'en général, les histoires peintes sont à des lieues de l'idée que je me fais d'une relation ou de la sexualité en général). En découvrant Vanille Givrée, le webzine de P&M, j'ai décidé de revoir mon opinion (parce que les deux premières nouvelles sont drôles, fraîches et très justes (même si l'une d'elles parle de peluches)). Du coup, j'ai décidé de relire les P&M que j'avais sous la main avec un œil un peu moins critique et j'y ai éprouvé un vrai plaisir de lecture. Pourquoi commencer par Aguas Calentes alors ? Tout simplement parce qu'il s'agit de celui qui m'a le plus touché de manière générale (sans doute parce qu'il est un peu plus sombre que les autres).

"Pile ou face" de Laëtitia Genetay est une nouvelle de fantasy sombre avec un héros pile comme je l'aime. Choisir la grotte pour décor est une excellente idée, l'atmosphère s'emplit d'ombres et de vapeurs. Les personnages sont bien écrits, leurs réactions touchantes et la fin très juste. J'ai été très sensible au personnage d'Hector à cause de son expérience, de ses blessures, sans pathos ou exagération (alors que Maryse m'a semblé un peu trop caricaturale dans certaines de ses réactions). Une belle nouvelle pour ouvrir ce numéro.

La nouvelle de Cléo Muceignet, "Perles d'écumes", est sans doute celle que j'ai préférée. Écrite avec une plume sensuelle et pudique (si si ça existe), la relation entre les deux jeunes filles est décrite avec une justesse rare. D'habitude, les textes érotiques lesbiens écrits par des femmes me font lever les yeux au ciel parce que j'ai l'impression que l'auteur idéalise une telle relation, mais Cléo Muceignet manie trop bien ses personnages pour créer cette impression. J'ai été enchantée par cette lecture et j'espère pouvoir très vite lire d'autre texte de cet auteur.

J'ai une histoire un peu particulière avec la nouvelle d'Agnès Marot, "À fleur de peau", puisque j'en ai lu la première mouture sur le site Cocyclics et elle ne m'avait pas plus emballé que ça (Agnès sait assez bien pourquoi d'ailleurs :) ) du coup, je n'étais pas super motivée pour lire la nouvelle dans le zine, heureusement, je n'ai pas écouté mon manque de motivation ! Cette nouvelle est peut-être celle qui m'a le plus touché. L'évolution de l'héroïne, l'épreuve qu'elle a subie, sa manière de l'affronter et d'y faire face m'a profondément ému. La fin m'a même fait monter les larmes aux yeux. Agnès Marot est une incorrigible romantique et je pense que cette façon de voir la vie donne à ses textes une puissante note d'espoir.

"Au bonheur des dames" nous plonge dans une société parisienne début XXe siècle extrêmement bien décrite. La première scène, celle ou apparaissent les protagonistes, m'a fait faire un voyage dans le passé et je remercie chaleureusement Marie-Anne Cleden et Cindy Van Wilder de m'avoir fait assez confiance pour me laisser bêta-lire leur texte. La version finale, corrigé une fois encore par l'équipe de P&M est encore meilleure et, si je déplore toujours cette vision très féminine du corps féminin justement, je trouve que les personnages ont gagné en profondeur.

"L’élégante et le Pilote", de Cécile Delacour m'a un peu perturbé. J'ai aimé l'écriture et les personnages, mais j'ai l'impression de ne pas avoir tout compris. Pour moi, il manque un truc qui me fasse vraiment accrocher. Je ne retiens de ce texte qu'un sentiment de confusion très agréable, certes, mais de confusion quand même.


I.

dimanche 16 septembre 2012

NdS # 2

Glamour über alles d'Éric Holstein.

Je continue ma découverte de versant web de la SFFF avec la revue Angle-Mort. Pour une première rencontre avec elle, j'ai fait le choix de la facilité et me suis précipitée sur la nouvelle d'Éric Holstein, auteur qui ne m'a jusqu'à présent, jamais déçu.

La nouvelle en trois mots : Hollywood/identité/soap

Pourquoi le lire ? : Pour l'univers soap opera diablement bien décrit.

Une scène clé : le deuxième dialogue Jody/Trevor.

Un personnage : Fred Schneider, on le voit à peine mais quelle présence !

Un petit aperçu ? : « Allez, me congédie le Vieux, bonne chance pour cette première journée, Trevor ! »
Mon dieu ! Où sont-ils allés chercher un nom comme ça ? Qui donc s’appelle encore Trevor aujourd’hui ?

Où trouver la nouvelle ? : Elle peut se lire gratuitement sur le site d'Angle Mort (ici) ou dans le numéro 6 de la revue (où vous aurez en prime une interview de l'auteur).

I.

vendredi 14 septembre 2012

Destination Univers - J.-A Debats et J.-C. Dunyach


Titre : Destination Univers

Anthologistes : J.-A Debats et J.-C. Dunyach

Auteurs : A. Boulanger, C. Deiana, A. Fakhouri; O.Gechter, T. Geha, L. Genefort, A. Ligier et O. Paquet.

Editeur : Griffe d'Encre

Nombre de pages : 240




Quatrième de couverture : 
Qui n'a pas rêvé des étoiles ?

Franchir le seuil de la lumière, foncer dans l’hyperespace par des chemins secrets, filer au cœur des astres mourants, plonger dans la chevelure des nébuleuses et s'aveugler à la lumière des supernovae ; rêver parce que le ciel au-dessus de nous est à la fois fascinant et irrésistible.

Mais la navette Atlantis a atterri et ne repartira plus, le ciel nous est désormais fermé.

Huit auteurs ne se sont pas résignés, ils ont pris leur envol dans cette anthologie. Ils nous ont chanté les planètes lointaines et les océans spatiaux, les stations orbitales et les vaisseaux rutilants sous des étoiles inconnues. Ils ont peuplé l'univers immense de dangers incommensurables, d'aventuriers exceptionnels, d’intelligences artificielles, de civilisations oubliées et de trésors fabuleux .

Parce que, même si le ciel nous est fermé, il nous reste le rêve.

Et qu’on ne rêve jamais assez. 

L'avis du critique :
Pour le festival Zone Franche 2012, le thème de l’anthologie était résolument SF : Destination Univers. J.-A Debats et J.-C. Dunyach nous embarquent pour huit voyages interstellaires. Voici ceux qui m’ont le plus séduite.

Pour moi déjà, deux vaisseaux spatiaux se détachent de la flotte :
* “Évaporation et sublimation” d’Anthony Khellendros. Des oiseaux de lumières naissent des étoiles et affrontent le néant, au détriment des hommes. L’auteur nous emmène dans une cosmogonie de son cru : un souffle épique particulier court ainsi tout au long du texte le texte. Le destin emmène les créatures de feu et les hommes dans une danse meurtrière dont on guette l’issue avec avidité.

* “Les Dieux bruyants” de Laurent Genefort. Difficile d’être objective alors que les héros ont des tentacules et que j’adore tout récit comportant des tentacules. Dès le début du texte, l’auteur nous plonge dans un univers très riche. On navigue dans une langue néologique, riche et musicale, très évocatrice. Une histoire de chocs de cultures, vraiment réussie.

En plus de ces deux coups de cœur, j’aimerais signaler les nouvelles suivantes :
* “Le Bal des méduses” de Celia Deiana. Le ton enfantin est très réussi, ainsi que les transcriptions des pensées du héros. La fin m’a beaucoup plu, elle est très poétique et coule de source.

* “Le Marathon des Trois Lunes” d’Aurélie Ligier. Il s’agit d’un récit de course meurtrière dans la veine de “Marche ou Crève”, très sombre mais fluide et prenant.

* “Le Khan Mergen” d’Olivier Paquet. Ce texte confronte un monde encore réfractaire à la technologie à un vaisseau ultra-moderne. Les deux univers peuvent-ils se rencontrer ? Deux choses en particulier m’ont plu : les descriptions de la ville mongole et du vaisseau.

Le petit plus du livre : La griffouille (mascotte-chat) qui scrute les étoiles par son télescope au début du livre. 

M.

mercredi 12 septembre 2012

Les Créateurs - Thomas Geha

Anecdote : À sa sortie, j'ai entendu beaucoup de bien sur ce recueil sans vraiment me décider à mettre la main dessus. Quand je l'ai vu en librairie, j'ai craqué sur la couverture (une habitude que j'ai souvent). 



Titre : Les créateurs

Auteur : Thomas Geha

Éditeur : Critic

Nombre de pages : 139

Prix : 13 €

Illustration : Laurent Guillet

Quatrième de couverture : Il était une fois rien du tout. Il était une fois six histoires où des hommes et des femmes se trouvent confrontés à des situations improbables, quoiqu'étrangement familières. Et si vous pouviez faire revivre un être disparu ? Et si votre rêve le plus fou pouvait se réaliser ? Et si votre vie était factice ? Et si l'amour n'était qu'un éternel recommencement ? Et si... Voulons-nous vraiment connaître le jardin secret des personnes que l'on aime ? Quel prix sommes-nous prêts à payer pour le découvrir ? Toutes les vies animées au coeur de ces pages e participent à la création d'univers originaux ou alternatifs, proches du nôtre ou éloignés, réalistes ou fantasmagoriques. Mais tous ces univers, tous ces personnages introduisent les mêmes questions essentielles : qui sommes- nous et d'où venons-nous ? Qui donc se cache derrière nos existences et nos destins ? Les nouvelles composant ce recueil ne tentent pas de répondre à ces questions, elles les explorent avec toujours la même ambition : découvrir qui nous sommes au travers de notre humanité.

Mon avis : J'ai découvert la plume de Thomas Geha grâce à l'anthologie Reines et Dragons de Mnémos et j'ai été conquise par sa manière de peindre les décors comme les personnages. Je me suis demandée, comme souvent lorsque j'entame la lecture d'un recueil, si l'auteur est capable de créer une ambiance différente pour chaque nouvelle, s'il peut apposer sa patte sans être répétitif, et j'ai été enchantée de découvrir que Thomas Geha n'en est pas seulement capable mais qu'en plus, il maîtrise l'exercice avec brio.

Le recueil s'ouvre avec La voix de monsieur Ambrose et nous propulse dans un Paris du XIXe siècle, dans l'univers des théâtres de la capitale, de ses acteurs, de ses gloires éphémères. Dans cette nouvelle, le mythe du pacte (diabolique ? divin ? mystique sans aucun doute) se mêle habillement à la vie de Monsieur Ambrose, acteur sur le déclin. Ce que j'ai aimé par-dessus tout c'est le décor, la voix – je m'autorise le petit jeu de mots – du narrateur, particulière, puissante, qui colle tellement au personnage et à l'époque que je me suis laissée emporter. Le Paris du XIXe est parfaitement rendu avec quelques références savoureuses. Le rythme lancinant par moment, comme le personnage, a donné à ma lecture une impression d'entêtement et je l'ai terminée comme on sort d'un rêve.

À cause de l'atmosphère particulière de la voix de monsieur Ambrose, j'ai mis un peu plus de temps à renter dans celle de Là-bas. Cependant, les descriptions de Prague ont ravivé de vieux souvenirs et j'ai pris plaisir à retrouver cette ville et à suivre les aventures parallèles d'Elena et Hélène. L'histoire est classique mais bien menée et l'écriture toujours aussi agréable m'a fait plonger dans ce texte comme d'autres plongent dans la Vltava.

Copeaux est, avec Dans les jardins, ma nouvelle préférée. Pas vraiment de fantastique ici, juste une ferme perdue dans la campagne bretonne, une petite famille, le grand-père, la grand-mère et la petite-fille et la présence lourde et oppressante de la fête de Noël.
Je crois que ce que j'ai aimé, ici, ce sont les sentiments retenus, ces non-dits qui enflent et enflent et enflent jusqu'à éclater en apothéose. Je ne sais pas comment décrire cette sensation. Je souhaiterai simplement remercier Thomas Geha d'avoir si bien rendu l'amour pudique entre un grand-père et sa petite-fille.

Comme avec Là-bas, la nouvelle qui précède Bris m'a trop touché pour que je puisse rentrer facilement dans celle-ci. D'ailleurs, l'atmosphère SF qui plane dans cette nouvelle m'a trop troublée et j'en suis ressortie avec une impression mitigée. J'ai trouvé la chute un peu trop tordue, moins sensible que celle des nouvelles précédentes et pourtant, j'ai trouvé le début un peu halluciné très prenant mais par la suite, l'hallucination s'est dissipée et les explications ne m'ont pas convaincue.

Dans les jardins est mon second coup de cœur du recueil. J'y ai trouvé la même sensibilité que dans Copeaux, les mêmes décors bretons, les mêmes histoires de p'tits vieux. Je ne saurai bien résumer cette nouvelle. C'est une histoire d'amour entre un homme et son jardin, un jardin qu'il redresse, dont il s'occupe jour après jour, qui va devenir le centre de sa vie et qui va l'aider à y reprendre goût. Ici encore, cette sensibilité dans l'écriture et les personnages, une plume légère et précise, une jolie leçon d'écriture.

Sumus Vicinae clôt ce recueil sur une note musicale. Cette nouvelle qui rend hommage au compositeur flamand Nicolas Lens, offre au lecteur un monde de musique et de poésie délectable. L'intrigue se déroule comme une partition, précise et sans fausses notes et je l'ai suivi avec d'intérêt. La chute et le message qu'elle porte m'ont beaucoup plu. Sumus Vicinae me laisse dans la tête des images de mélancolie teintée de lueurs d'étoiles, un joli travail monsieur Geha.

mardi 11 septembre 2012

Top ten Tuesday #2

Rendez-vous a initialement été créé par The Broke and the Bookish et repris en français par Iani



Cette semaine le thème était :

Les 10 livres qui vous ont fait réfléchir, à propos du monde, des gens, de la société, de la vie, etc...

Comme je n'ai pas réussi à trouver dix recueils ou anthologies qui correspondent à ce TTT, il n'y aura que sept points aujourd'hui.

1 – La guerre, anthologie d'une belligérante – anthologie dirigée par Yael Asia et Merlin Jacquet aux éditions Hydromel. Chacune des nouvelles de l'anthologie m'a amené à réfléchir sur la guerre mais aussi sur les relations entre les hommes, sur le pouvoir et sur la place de Superman dans notre monde (si, juré, c'était une réflexion très intéressante sur la place que peuvent avoir les superhéros dans un univers comme le notre).

2 – La vieille Anglaise et le continent – novella de Jeanne-A. Debats, aux éditons Griffe d'Encre. Une novella qui s'interroge (et interroge le lecteur) sur les actes des hommes, sur les manières dont ils peuvent sauver ou détruire la planète.

3 – Présumé Coupable – novella d'Isabelle Gusso aux éditions Griffe d'Encre (encore). Le sujet même de la novella nous pousse à réfléchir sur nos a priori et sur le sens des mots.

4 – Des nouvelles de Ta-Shima – recueil d'Adriana Lorusso publié par Ad Astra. La relation entre Asix et Shiro m'a vraiment touché.

5 – Appel d'air n°1 – anthologie, parue aux éditions ActuSF, emplie de courtes nouvelles qui s'interrogent sur l'avenir et le présent après les présidentielles de 2007. Des textes engagés qui apportent de nombreuses réflexions.

6 – Les robots sont-ils vraiment nos amis – anthologie dirigée par Corinne G. chez Voy'[el]. J'aime la multiplicité des réponses à cette question.

7 – Women in chains – recueil de Thomas Day édité par ActuSF. Des nouvelles parfois dures, parfois désespérées, souvent sans concession mais qui met intelligemment en avant les violences faites aux femmes.


I.

lundi 10 septembre 2012

C'est lundi, vous lisez quoi ?


Nouveau lundi, nouveau bilan !

Le 'C'est lundi, vous lisez quoi ?' est un rdv inspirée de It's Monday, What are you reading ? by One Person’s Journey Through a World of Books. C'est Mallou qui amène le concept en France et depuis, il est repris par Galleane (voilà pour la petite histoire).

Et donc, que lisons-nous le lundi ?

Qu'avons-nous lu la semaine dernière ?

Des nouvelles de Ta-Shima d'Adriana Lorusso. 




Monstres ! anthologie dirigée par Jacques Fuentealba aux éditions Céléphaïs.



Contes du monde anthologie dirigée par Alexis Lorens aux éditions du Riez.


Que lisons-nous en ce moment ?

Contes de nuit et de sang de Laurent Mantese (parce qu'il traîne depuis trop longtemps dans ma bibliothèque (I.)).




Contes fantastiques de Maupassant



Qu'est-ce qu'on va lire après ? Utopiales 2011 et 2009 anthologise dirigées par Jérôme Vincent (histoire de commencer à me mettre dans le bain pour les futures Utopiales). 




dimanche 9 septembre 2012

Nouvelle de la Semaine # 1

Une nuit au 69, bd des Piments de N.B. Coste. 


Cet été, lors de mon périple roumain, j'ai passé une semaine sans pouvoir me connecter au net (ou presque). Ayant prévu mon coup, j'ai bourré mon disque dur d'une multitude de webzines (que je voulais lire sans trop en avoir le temps) et je suis partie à l'aventure. C'est ainsi qu'un après-midi tranquille, j'ai ouvert mon premier Vanille Givré.

La nouvelle en trois mots : drôle/original/jouissif.

Pourquoi le lire ? :

Pour la plume de N.B. Coste, à la fois drôle et émoustillante.

Une scène clé : les premiers émois d'Aimantine.

Un personnage : Bob Tigre-Des-Neiges (avec un nom pareil, on tombe forcément sous son charme).

Un petit aperçu ? : Il avait terriblement envie qu'elle se frotte à lui, qu'elle caresse lentement son étiquette et ses coutures […].

Où trouver la nouvelle ? : Sur le site de l'association l'Armoire aux Épices (par ici).

Petit plus : l'illustration qui accompagne la nouvelle.

I.

jeudi 6 septembre 2012

Blogueuses au travail.

Pause thé et écriture de billets au programme cet après-midi.




Pour vous donner un avant goût, deux petits extraits tirés de deux nouvelles de nos lectures respectives : 

- Car vois-tu, mon jeune ami, c'est lui [le dragon] qui fut à l'origine de toutes choses ici-bas ! Ses plumes d'émeraude  devinrent les forêt. Ses écailles de topaze les plaines. De son sang de saphir naquirent les mers et les océans. De ses larmes de nacre, mes fleuves et les rivières. Ses griffes de jaspe et ses dents d'améthyste devinrent des montagnes. Ses ailes de diamant se muèrent en nuages et son haleine de poudre d'or devint l'atmosphère. Quant à son squelette d'airain, il forma les continents.

"L'échine du monde" de Yves Crouzet dans Contes du monde aux éditions du Riez.


- Elle m'a proposé de partager sa natte ! s'exclama Valdo.
Puis il s'inclina courtoisement en direction de la femme.
- Merci bien, madame Unepute. C'est très aimable de ta part, mais nous n'avons pas beaucoup de temps.
[...]
- Il faut reconnaître que leurs femelles font preuve d'une grande cordialité ; elles nous invitent alors qu'elles ne nous connaissent même pas ! s'étonna Willa. Mais je ne comprends pas pourquoi pour partager une natte elles veulent toujours faire des voyages si chers.

"Les asix font du tourisme" d'Adriana Lorusso extrait Des nouvelles de Ta-shima chez Ad Astra.

I.

Reines et Dragons - Sylvie Miller et Lionel Davoust

Anecdote : Je me suis précipitée sur l'anthologie le jour de sa sortie pour avoir un petit bout d'Imaginales avec moi (n'ayant pas pu y aller) et c'est une carte postale du festival, que des amis grenouilles m'ont envoyée, qui m'a servi de marque-page durant la fin de ma lecture.


Titre : Reines et Dragons

Anthologie dirigée par : Sylvie Miller et Lionel Davoust (premier essai réussi pour les successeurs de Stéphanie Nicot).

Auteurs : Pierre Bordage, Charlotte Bousquet, Nathalie Dau, Anne Fakhouri, Mélanie Fazi, Mathieu Gaborit, Thomas Geha, Vincent Gessler, Chantal Robillard, Adrien Tomas, Erik Wietzel.

Éditeur : Mnémos.

Nombre de pages : 204

Prix : 18 €

Illustration : Kerem Beyit.

Quatrième de couverture : "Les ailes immenses. Le corps vaste. La tête cornue et mobile au bout du cou. Et ces plaques d'écailles d'un bleu noir. La reine Ayline aurait pu défaillir si elle n'avait connu une succession d'épreuves, si elle n'avait été ballottée d'un cauchemar à l'autre. Son cœur était celui d'une guerrière : il n'était pas invincible mais il ne cesserait de battre qu'au prix d'une défense farouche. Elle sortit son glaive du fourreau ; il lui sembla dérisoire face à la puissance du monstre qui se percha sur l'édifice, ailes toujours déployées."

[…]

D'un univers à l'autre, de l'exaltation aventureuse à la retenue intimiste, tout l'éventail de la Fantasy se déploie, porté par sa créature la plus légendaire et par sa figure la plus complexe. Drégonjon et son Elfrie, Chuchoteurs de dragons, Reines protectrices ou vengeresses, Sœurs de la Tarasque, Éveilleuse entre les mondes, Déesse aux deux visages : vivez les frissons de l'épopée et de l'émotion, assistez à la confrontation de ces Reines et Dragons !

Mon avis :

L'anthologie Victimes et Bourreaux m'ayant laissé un peu sur ma faim, j'ai commencé celle-ci avec une pincée d'appréhension : si j'aime les dragons sous leurs formes les plus diverses, les personnages féminins gagnent rarement mes faveurs aussi, le côté 'reines' m'a fait grincer des dents en le découvrant mais l'appel des dragons a été plus fort et je ne regrette pas d'y avoir succombé.

D'une manière générale, Reines et Dragons est une anthologie bien pensée. Les textes s'enchaînent de manière cohérente et, pour une fois, je n'ai fait qu'une entorse à mon habitude de lire dans le désordre : j'ai craqué pour le titre "Under a lilac tree" et je n'ai pas pu me retenir de la lire juste après celle d'Adrien Tomas. J'ai également apprécié la diversité des univers, la grandiloquence des décors et la poésie présente de mille manières dans chacun des textes réunis ici (encore bravo à Sylvie Miller et Lionel Davoust, ils ont fait un beau travail). C'est cette pluralité qui fait, à mon avis, toute la magie de cette anthologie : chaque auteur a réussi à donner à la relation Reines/Dragons, une force et une profondeur qui lui est propre c'est ce qui fait toute la saveur de cette anthologie. Je ne m'attarderai pas sur les relations entre les deux créatures de peur de déflorer l'intrigue des nouvelles mais je n'ai été déçue par aucune d'entre elles et, si j'avais peur de trouver des schémas classiques, j'ai été grandement détrompée.

Les nouvelles :

L'anthologie commence par une belle œuvre poétique de Chantal Robillard : "Le dit du Drégonjon et de son Elfrie". Dans leur préface, Sylvie Miller et Lionel Davoust conseillent au lecteur de lire ce texte à voix haute et ils ont bien raison ! Un dit est une forme de poème vouée à être lue à haute voix (si si c'est même dit dans le dit (aha aha aha)) et Chantal Robillard maîtrise ce genre avec un brio certain. Le texte est entraînant et parfait pour entrer dans l'anthologie même si j'ai mis un moment à rentrer dedans (à cause du rythme non classique des vers). Cependant, une fois ce souci passé, je me suis laissé porter par l'histoire de ces Elfries et du Drégonjon. L'univers est à peine effleuré mais on en sent toute la profondeur en quelques phrases bien placées. J'ai aimé cette écriture qui touche juste, cette violence qui n'a pas besoin de dizaines de lignes pour la justifier, l'expliquer, etc. Ajoutez à tout ça une psychologie des personnages bien maîtrisés et un retournement inattendu et vous avez une très bonne première nouvelle.

Thomas Geha offre, avec ses "Chuchoteurs du dragon" une nouvelle ancrée dans un univers riche que j'aurai aimé découvrir plus en profondeur mais, si je reste sur ma faim à ce propos, je dois reconnaître que le reste tient ses promesses. Ici, la relation entre la reine et le dragon commence à prendre forme, s'immisce dans les rêves plus que dans la réalité. Le décor que dessine Thomas Geha prend alors toute son importance. La reine Hiodes est perdue dans un palais dans lequel elle n'aurait jamais voulu se trouver, entourée d'hommes rompus aux complots de cours, dans une atmosphère qui s'obscurcit à chaque instant. L'atmosphère angoissante se resserre autour des personnages tandis que le mystère qui entoure le dragon se lève et donne toute son ampleur à l'intrigue. La chute n'a fait que renforcer mon opinion sur ce texte et sur l'auteur, une très belle découverte.

Je ne connaissais pas Adrien Tomas avant de découvrir sa nouvelle, "Ophëa", bien jolie découverte. Ophëa, reine d'un royaume qu'elle tente de diriger après la mort de son roi, se retrouve contrainte à trouver un nouvel époux pour le bien du royaume. Rusée comme Pénélope, elle décide de n'épouser que l'homme ayant assez de courage et de bravoure pour tuer le dragon qui causa la mort de son mari. C'est là que la nouvelle prend les habits de l'épopée. Mais il ne faut pas se tromper et penser ne trouver là qu'un texte classique de chevaliers et dragons, car Adrien Tomas sait où il va et, une fois terminée, la nouvelle n'en est que plus délectable.

"Au cœur du Dragon d'Anne" Fakhouri est une nouvelle au style fluide et à l'univers intéressant mais j'ai trouvé les personnages traités un peu trop rapidement pour que je puisse m'y attacher réellement. Ceci dit, j'ai aimé l'originalité du monde crée par l'auteur et sa manière de nous le faire découvrir. Malheureusement, j'ai lu sa nouvelle juste après celle de Mathieu Gaborit (l'une des meilleures nouvelles de l'antho pour moi), donc mon avis était forcément biaisé par ma lecture précédente.

Le texte de Justine Nigoret aurait pu être mon texte préféré s'il avait été un peu plus court. "Achab amoureux" ou "La grande déesse de fer de la miséricorde" (le premier titre se trouve en tête de chaque page, le second au début de la nouvelle et, comme j'aime les deux, je n'ai pas su trancher) est un texte barré, surréaliste, il y a un vrai travail sur la langue, sur sa poésie mais aussi sur la quête et sur la fantasy en général. Le décor peint est grandiose et tordu à souhait. Bref, il y a une foule de choses qui fait que j'aime cette nouvelle mais j'ai trouvé qu'elle s'essoufflait sur la fin, que l'ambition du texte étouffait le texte lui-même et c'est dommage (même si la nouvelle reste la plus courte de l'anthologie).

"Morflam" de Pierre Bordage est un récit simple dans sa forme mais, sublimé par la plume fluide et entraînante de l'auteur, se transforme en une nouvelle qui, si elle ne transcende pas le genre reste originale et extrêmement agréable à lire. Une vraie bouffé d'air frai après l'univers déjanté de Justine Nigoret. J'aime ces textes où je sens que l'auteur n'a pas cherché à en faire des tonnes, juste à offrir à son lecteur un agréable moment, et c'est réussi.

De Charlotte Bousquet, j'avoue ne connaître que le côté novelliste et j'ai été contente de la retrouver dans cette anthologie avec sa nouvelle "Azr'Khila". Ce que j'apprécie chez elle c'est sa manière de traiter la violence, avec une subtilité qui de voile rien mais qui permet de la sublimer et de la dénoncer avec doigté. J'ai également aimé le choix du décor : des étendues arides, des peuples nomades, des divinités cruelles et protectrices, des odeurs d'épices, de sang et de chèvres (j'aime les chèvres et leurs odeurs et je l'assume). La reine de l'histoire est peut-être ma préférée de toutes et j'ai aimé la manière dont Charlotte Bousquet a su la magnifier, la rendre forte, puissante et attachante.

"Où vont les Reines" est un texte dont je suis ressortie avec un goût amer aux lèvres, sensation que j'apprécie tout particulièrement. Je ne savais pas trop quoi penser de ce texte avant de lire la dernière phrase. J'aime les textes qui vous portent sans vous chambouler, ceux un peu contemplatifs, lents, centré sur un personnage, et qui viennent, en une phrase, renverser toutes vos certitudes (bon je triche un peu, le texte prend toute sa force à deux paragraphes de la fin mais la dernière porte à elle seule 95% de la tension). "Où vont les Reines" fait parti de ces textes qui me bouleversent, dont la force m'émeut encore à leur simple évocation et je suis heureuse d'avoir craqué pour l'anthologie, ne serait-ce que pour cette découverte.

"Le monstre de Westerham" d'Érik Wietzel permet de s'intéresser un peu plus au rôle du dragon non seulement envers les hommes mais aussi envers ses semblables. La nouvelle prend le contrepied à ce qu'on attend d'elle et crée un univers que j'aurai aimé explorer davantage. Servis par un style précis et direct, les enjeux humains et dragoniens (dragoniques ?) permettent à l'intrigue de prendre de l'ampleur et de gagner petit à petit en tension. La relation entre les deux personnages est bien pensée et, même si je trouve que la fin aurait pu être plus forte, elle n'en demeure pas moins juste et dans la lignée du reste du texte.

Avec "Under a lilac tree" Mathieu Gaborit prend la première place sur le podium de mes nouvelles préférées de l'anthologie. Sur fond d'urban fantasy – que je n'apprécie que rarement et modérément – il offre à Paris un voile onirique et poétique. Chaque image évoquée est à la fois forte et éthérée et elles s'enchaînent, comme des visions troubles, tout au long du texte. J'ai aimé l'atmosphère qui se couvre de givre à mesure que la Reine/Muse tente de remplir son devoir, les évocations visuelles suscitées par les descriptions, la place du rêve dans les pensées de l'artiste, toute cette réflexion sur l'imagination et la création. Je me suis laissée emporter par les mots, par la sensation de froid qui gagne en intensité à mesure qu'avance le récit, j'ai chevauché les ailes du dragon et vu, sous moi, le Paris de Mathieu Gaborit se dessiner. Je le remercie d'avoir mis un peu de magie et de fantasy dans mon quotidien, les trajets en bus ou en métro ne seront plus les mêmes désormais.

J'ai été heureuse de retrouver la plume, fine et sensible de Nathalie Dau grâce à sa nouvelle "Cet œil brillant qui la fixait". Une fois n'est pas coutume, Nathalie Dau évoque l'amour et le sacrifice et le désir de liberté qui exacerbe l'ensemble. C'est une histoire belle et triste qu'elle nous conte, pleine de dualités et de liens qui se forment, de douleur, de compassion, de compréhension. Je me suis laissée portée d'un bout à l'autre comme on se laisse porter par les contes et, une fois le voyage terminé, j'ai été emplie de ce sentiment étrange de sérénité qui marque la fin des belles histoires.

C'est à Mélanie Fazi que revient la lourde tâche de clôturer l'anthologie et c'est, une fois encore, un excellent choix de la part de Sylvie Miller et Lionel Davoust. "Les sœurs de la Tarasque" a été, pour moi, une leçon d'écriture. Les sentiments confus des personnages, le monde décrit sans en avoir l'air, la subtilité dans l'atmosphère et la tension qui monte dans le cœur de la jeune Rachel. La force des personnages de Mélanie Fazi m'a impressionnée, elle peint ces adolescentes – avec leurs luttes intérieures, leur jalousie, leurs espoirs, leurs contradictions – avec une telle justesse que j'en suis restée admirative. Une très elle manière de terminer la lecture de cette anthologie.


I.